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La santé mentale : cet enjeu majeur et complexe pour les entreprises

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« Nous entrons dans une nouvelle ère du care en entreprise où prendre soin de soi et des autres s’impose comme un facteur de performance », déclare Christel Schmück, Responsable du Pôle Conseil RH et Prévention chez VerbaTeam.

Christel Schmück, Responsable du Pôle Conseil RH et Prévention chez VerbaTeam - © Studio Cabrelli Portraits
Christel Schmück, Responsable du Pôle Conseil RH et Prévention chez VerbaTeam - © Studio Cabrelli Portraits

A votre avis, pourquoi la santé mentale est-elle devenue un sujet majeur pour les entreprises ?

La crise de la COVID-19 a accru des fragilités pré-existantes en matière de santé mentale.

Par ailleurs, le télétravail déployé au moment de la crise sanitaire s’est pérennisé en un mode de travail hybride. Si cette nouvelle forme de collaboration a apporté plus de souplesse aux salariés, elle peut perturber leur santé mentale en accentuant le risque d’isolement et en brouillant les frontières entre vie personnelle et professionnelle.

Le travail hybride a également contribué à l’émergence de nouveaux phénomènes comme l’hyperconnexion et l’addiction aux écrans. Ce sont des sources d’altération de la santé mentale qui entraînent notamment une perturbation de la concentration, du sommeil et de l’efficacité au travail.

Tous ces éléments favorisent le désengagement et l’absentéisme qui pénalisent la productivité d’une entreprise. 25 % des arrêts de travail de longue durée sont causés par les troubles psychologiques, en faisant la 1ère cause d’arrêt en 2023 (1).

Quels sont les autres facteurs expliquant cette dégradation de la santé mentale des Français ?

Le monde s’est installé durablement dans un état de polycrise : instabilité géopolitique, crise économique inflationniste, dérèglement climatique, mais aussi crise démocratique, sociale…

Dans une société hyperconnectée et branchée sur l’info continue, les raisons de s’inquiéter pour soi, ses proches et l’avenir se multiplient, pesant sur la santé mentale de chacun.

On sait, par ailleurs, que certaines évolutions démographiques, telles que le vieillissement de la population et l’augmentation des foyers monoparentaux qui représentent 25 % des familles (2) sont sources de fragilisation, notamment pour les femmes.

En effet, elles sont surreprésentées dans les familles monoparentales et parmi les aidants familiaux de parents âgés et/ou malades. Autant de sources de stress et de charge mentale lourde à porter, seule, au quotidien.

Les troubles psychologiques sont notamment la cause principale des arrêts de longue durée chez les femmes, enregistrant une hausse de 10 points entre 2019 et 2023, pour atteindre plus de 31 % (1).

La jeune génération n’est, quant à elle, pas épargnée, avec des troubles psychologiques chez les jeunes progressant de près de 10 points, passant de 16,1 % en 2019 à 25,6 % en 2023.

Comment a évolué le regard porté sur la question de la santé mentale au travail ?

La question a commencé à s’imposer au tournant des années 2000 à travers le prisme de la notion de harcèlement moral, sur laquelle la loi de 2002 a posé un cadre de protection des victimes et de sanction des harceleurs, sans finalement creuser plus loin le terrain de la prévention.

Puis, à la suite de la vague de suicides chez France Télécom, on a assisté à l’émergence d’une gestion réactive de la crise, avec la mise en place d’actions qualifiées d’adaptatives : formation à la gestion du stress, cellules de soutien psychologique ponctuelles, numéros d’urgence… Mais toujours pas d’action sur les causes racine du stress.

La prévention des risques en santé mentale en entreprise est apparue avec l’évolution de la législation sur les risques psychosociaux. Elle a imposé aux employeurs d’évaluer ces facteurs de risque et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des salariés.

Enfin, les accords relatifs à la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) vont un cran plus loin pour créer un environnement et des conditions de travail propices à l’épanouissement des salariés et au bien-être au travail.

La santé mentale est, au même titre que la santé physique, un élément fondamental de la QVCT.

Récemment, de grands progrès ont été réalisés en matière de santé mentale par les autorités de santé, avec une libération de la parole et des mesures concrètes mises en place au lendemain des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie de 2021.

Je pense notamment :

  • aux formations aux Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) dont ont déjà bénéficié plus de 100 000 secouristes en 2024,
  • au dispositif MonSoutienPsy qui propose jusqu’à 12 séances avec un psychologue conventionné, avec une prise en charge par l’Assurance Maladie.

Aujourd’hui, comment aborder cette question sensible en entreprise ?

La santé mentale doit faire pleinement partie des programmes de prévention santé au même titre que la santé physique.

Il n’y a pas de bonne santé des collaborateurs sans santé mentale. Mais les entreprises doivent dépasser leur vision traditionnelle des programmes de prévention pour entrer dans une nouvelle ère, celle du “care”. Celle-ci permet de créer un environnement de travail qui favorise le bien-être des collaborateurs et qui reconnaît l’importance de prendre soin de chacun pour servir le collectif.

Aujourd’hui encore, trop de personnes en souffrance ont honte d’admettre une fragilité psychologique en général, et, a fortiori, dans le cadre professionnel, par crainte d’être mal vu, moqué, placardisé et de mettre en péril sa carrière.

Quels que soient sa taille et les moyens mis à sa disposition, il revient à l’entreprise de créer une culture de confiance pour établir un dialogue sans jugement entre collaborateurs et managers sur les questions de la santé mentale.

Pour cela, les entreprises ont besoin de lever les tabous sur la question et faire la pédagogie du sujet.

C’est pourquoi nous avons conçu notre programme l’Odyssée de la Santé Mentale qui a pour ambition d’accompagner la libération de la parole et de donner au plus grand nombre les clefs de compréhension des enjeux de la santé mentale. Comme savoir distinguer l’anxiété de la dépression, par exemple, mais aussi identifier les signes de souffrance et d’alerte avant un burn-out.

Pour atteindre cet objectif, il faut embarquer 100 % des collaborateurs et non pas une minorité de personnes dans l’entreprise. C’est notre conviction. Car nous sommes tous, de près ou de loin, concernés à un moment ou à un autre de notre vie.

(1) Datascope AXA Observatoire de la vie en entreprise 2024
(2) INSEE