Alexandre Viros, The Adecco Group : « Intérim digital : nous sommes en avance pour ce rendez-vous »

Comment Adecco a pris position dans l’intérim digital ? 

Le digital, au-delà d’une transformation comme les autres, une vraie révolution.

Quand je suis arrivé à la tête de The Adecco Group en France, avec mon équipe, nous avons souhaité accélérer la stratégie digitale pour répondre aux nouveaux besoins et usages de nos clients comme de nos candidats.

C’est un prérequis dans un monde des ressources humaines en plein chamboulement, mais c’est aussi une conviction forte. Le digital n’est pas une transformation comme les autres : c’est une vraie révolution, comme cela a été le cas dans d’autres industries que je connais bien, comme le retail ou la musique.  

Concrètement, notre ambition s’est traduite ces dernières années à plusieurs niveaux : 

•  Au niveau de notre positionnement marché, sur le secteur de l’intérim, avec l’acquisition d’une pépite du French Tech 120, en septembre 2021. QAPA est une plateforme digitale de matching, qui affiche aujourd’hui de très belles performances. 
• Au niveau de nos innovations, avec par exemple notre dernier-né, le « CV Maker », présenté à Vivatech en juin dernier.
  • Ce logiciel utilise la reconnaissance vocale et l’IA pour créer des CV professionnels simplement et rapidement.
  • Grâce à lui, nous facilitons l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. Depuis sa mise en ligne en août, près de 9000 CV ont déjà été édités. 

Pour être clair, notre ambition est tout simplement de devenir le leader de l’intérim digital et plus largement de la HR Tech. Je crois profondément à la complémentarité de notre maillage territorial et de l’agilité des plateformes digitales. 

L’intérim digital est un rendez-vous à ne pas manquer, et nous sommes en avance ! 

Quelles sont les nouvelles ambitions avec l’acquisition de QAPA en 2021 ? 

Dans un contexte de forte pénurie de candidats, l’adossement d’une entreprise entièrement tournée vers le digital à un acteur de l’intérim facilite la rencontre entre l’offre et la demande.

La base de plusieurs millions de candidats de QAPA permet aux intérimaires de travailler de façon flexible, tout en bénéficiant d’une meilleure couverture sociale grâce à la protection d’un contrat de travail en intérim. 

QAPA permet aussi de sortir des œillères du diplôme. En un an, plus de 15 000 jeunes ont trouvé un emploi via la plateforme.

On peut dire que c’est un franc succès ! Dans un marché en pleine expansion, nous poursuivons notre trajectoire digitale pour l’avenir et sommes à l’écoute du marché.

Notre position de leader peut nous permettre d’accueillir d’autres start-ups de la HR tech, afin de solidifier nos actifs. Nous sommes dans une phase de construction de l’avenir.

Comment se passe la cohabitation entre le réseau physique d’agences Adecco et la solution QAPA d’intérim digital ?

L’acquisition de QAPA illustre notre volonté d’aller vers une gestion multicanale de nos candidats et de nos clients.

Nous utilisons les outils digitaux en complément de notre maillage territorial. QAPA permet à nos collaborateurs en agence de gagner du temps pour se concentrer sur des actions à forte valeur ajoutée, comme l’accompagnement des candidats et la relation de proximité avec nos clients. 

Mais notre modèle reste avant tout centré sur l’humain. Dans le cadre d’un processus de recrutement, le digital et l’intelligence artificielle sont des outils d’aide à la décision et d’accélération des processus.

Comment comptez-vous vous distinguer à travers votre stratégie d’intérim face à la concurrence ?

Nos derniers résultats l’ont prouvé, nous restons leader du marché devant nos concurrents. C’est avant tout le succès de nos collaborateurs, qui génèrent la fidélité de nos clients et de nos candidats. 

Nous voulons davantage mettre en avant ce qui fait notre singularité : une conviction profondément ancrée dans l’histoire du groupe que le travail et l’emploi sont de puissants vecteurs d’insertion et d’intégration.

Du point de vue de nos candidats, nous devons aussi nous adapter à leurs usages, en se détachant du CV et de la sacro-sainte culture du diplôme.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui fait un bon recrutement ? Les capacités techniques bien sûr, l’expérience acquise évidemment, mais aussi les compétences socio-comportementales, les fameuses soft skills.

Quand nous mettons 500 000 personnes sur le marché du travail chaque année, c’est donc une approche globale et dynamique du candidat qu’il faut développer.

J’insiste sur le terme « dynamique ». On ne doit pas figer les candidats dans ce qu’ils savent faire, mais les projeter dans ce qu’ils pourraient apprendre à faire. C’est pour cela que nous avons complété notre offre historique sur l’intérim avec un organisme de formation (Adecco Training), qui déploie des parcours en digital comme en présentiel. Cela permet ainsi à nos agences d’accompagner aussi les reconversions professionnelles, à tous les âges de la vie. 

Notre rôle est enfin de former aux métiers de demain. Je pense par exemple à la filière de l’hydrogène, dont le développement pourrait générer plus de 100 000 emplois en France. Former aujourd’hui, c’est la garantie du succès de demain.

Quelle est la place de l’IA dans la mutation du marché de l’intérim ?

L’IA est une source intarissable d’opportunités. Le CV Maker en est le parfait exemple : on lève les freins d’accès pour permettre à tous d’accéder au marché de l’emploi. Mais c’est aussi un excellent outil pour devancer les besoins de nos clients et nous permettre d’y répondre plus agilement.

Dans le même temps, il faut comprendre et anticiper les limites de l’intelligence artificielle, pour garantir une utilisation éthique et responsable. Cela passe notamment par la formation en interne de nos collaborateurs. 

• Pour en savoir plus : The Adecco Group

Photo d’illustration The Adecco Group : Alexandre Viros, Président France (droite), et Pierre Matuchet, Directeur général Transformation, Digital et Candidats (gauche).