Déploiement HCM : « On touche le cœur de métier du DRH »
Par Philippe Guerrier | Le | Core rh
Managing Partner de la branche HCM Consulting chez DXC Technology en France, Xavier de Noblet expose les principales recommandations pour bien démarrer un projet HCM.
Le déploiement d’une solution HCM demande un pilotage rigoureux.
DXC Technology, une ESN d’origine américaine qui accompagne les entreprises dans la gestion de leurs systèmes critiques et de leurs opérations en modernisant leurs infrastructures IT, dispose d’une practice dédiée (assistance à maîtrise d’ouvrage, conseil et intégration).
Elle intervient dans des projets de transformation digitale des services RH pour le compte de différents secteurs d’activité : banque, industrie, énergie…
Xavier de Noblet, Managing Partner pour la branche HCM Consulting chez DXC Technology en France, aborde différentes problématiques à prendre en compte pour bien aborder un projet d’implémentation de suite HCM.
Quelles recommandations préconisez-vous aux entreprises qui veulent s’engager dans une démarche de déploiement HCM ?
Ce type de déploiement HCM s’inscrit dans une démarche SIRH plus large. Rappelons la base : la très grande majorité des entreprises demandent désormais un déploiement en SaaS.
Voici les principales recommandations :
- Avoir une vision claire sur les objectifs recherchés :
- l’entreprise souhaite-t-elle centraliser les politiques RH, harmoniser les processus, contrôler les données ou simplement les faire remonter, donner la main aux managers/collaborateurs, avoir une gestion allégée en matière de déploiement ou de maintenance ou être dans la finesse et l’expertise de certains processus ?
- Autant de questions qui orienteront votre cible technologique. Et il y a plusieurs orientations technologiques possibles comme, par exemple, les suites SIRH complètes, les best-of-breed en abordant la notion de plateforme, les flux de données. Cela demande donc de la réflexion au préalable et des objectifs clairs à fixer en amont, quitte à faire évoluer le projet initial à la marge si nécessaire.
- Définir le périmètre de déploiement. Vaut-il mieux favoriser un déploiement par zone géographique ou par ligne métier pour s’assurer du respect des pratiques locales plutôt qu’un « big bang » pour imposer une rupture ?
Bien sûr, on ne peut pas aborder le déploiement d’un SIRH uniquement d’un point de vue technologique.
Il faut aussi l’implication de la fonction RH dans le processus de transformation et d’acculturation dès le départ. Je regrette le manque d’implication des éléments organisationnels après le lancement du projet. Celui-ci change de main pour le développement de la plateforme et les paramétrages (recours au off-shore, etc.).
Le changement d’outils doit justement permettre de se poser les bonnes questions sur les organisations et pratiques en cours et ainsi travailler sur une politique HCM plus en phase avec les objectifs de l’entreprise.
À l’heure du SaaS et du télétravail, les équipes de paramétrage des solutions travaillent en distanciel oubliant que la proximité est justement un gage de mieux former les équipes locales et de les projeter dans leur future organisation.
Je regrette ainsi que l’on ne parvienne pas à mieux coordonner dans la durée les équipes outils, les experts métiers et l’organisation. Certes, les coûts montent mais la transformation - effectuée ensemble - en sera plus bénéfique.
Le déploiement d’un projet HCM est-il suivi par les comex d’entreprise ?
De mon point de vue, les comex n’accompagnent pas suffisamment ce type de déploiement davantage perçu comme la simple installation d’un outil alors qu’il constitue un vecteur de changement d’organisation RH. La différence sur l’efficacité est flagrante en fonction de l’implication.
Je me souviens des paroles d’un DG d’une multinationale d’origine française qui s’était engagée à réaliser la première évaluation RH sur le nouveau SIRH. Un haut degré d’exigence dans le projet est requis d’emblée.
A contrario, j’ai suivi le retour d’expérience d’une PME qui a implémenté ce type d’outil en négligeant la dimension de transformation et d’acculturation. En ayant d’emblée oublié la dimension de conduite du changement, il a fallu reprendre l’ensemble du projet de transformation. La PME a déclaré avoir perdu un an avec ce faux départ.
Le DRH s’implique-t-il dans le comité de pilotage pour déployer ce type de solution ?
Je demande toujours la participation du DRH dans le comité de pilotage. S’il est absent, ce n’est pas bon signe. Cela arrive encore trop souvent.
Le projet risque de capoter au bout du compte, faute d’approche opérationnelle, fonctionnelle et métier.
Les responsables SIRH (côté RH et côté métier) sont évidemment présents.
Le DRH doit vraiment s’impliquer car on touche son cœur de métier sur fond de digitalisation des process. Il ne voit pas forcément les dimensions de conduite de changement et les enjeux de marque employeur associés à ce projet.
On peut le voir en amont lors des discussions pour l’attribution du budget mais plus rarement en aval sur l’aide à la décision pour choisir la solution technologique à déployer.
Néanmoins, la perception des DRH vis-à-vis de l’adoption des outils numériques change depuis la période Covid-19 qui a laissé des traces avec le développement du télétravail notamment.
Une fois le déploiement de la solution HCM réalisé, comment alimenter la dynamique enclenchée ?
Les feuilles de route technologiques des éditeurs de solutions évoluent sans cesse, notamment en matière d’IA. Les entreprises doivent s’en imprégner pour le « run ».
Les retours d’expérience des managers et des collaborateurs et les partages des bonnes pratiques en fonction des zones géographiques de l’organisation sont importants pour faire vivre et faire évoluer le HCM.
Comment intégrer la dimension de l’expérience utilisateur ?
Il y a encore beaucoup de progrès à réaliser en la matière. Trop peu de place est accordée à ce grand sujet. Pourtant, l’adoption de la plateforme HCM par les utilisateurs est au cœur du projet.
En 2023, DXC a présenté des solutions d’adoption numérique pour guider les utilisateurs dans l’usage de leurs solutions. Mais l’approche devrait être native dans les solutions avec, par exemple, la diffusion d’information personnalisée en fonction des profils des utilisateurs.