Formation

« Combler les lacunes de compétences » : les 12 pistes du rapport Draghi

Par Philippe Guerrier | Le | Droit de la formation

Formation professionnelle, certification, attractivité RH…Voici les 12 pistes sur le développement des compétences intégrées dans le rapport de Mario Draghi remis le 9 septembre à la Commission européenne.

Mario Draghi et Ursula von der Leyen présentent l’étude sur le futur de la compétitivité en Europe - © Commission européenne
Mario Draghi et Ursula von der Leyen présentent l’étude sur le futur de la compétitivité en Europe - © Commission européenne

« Nous devons intensifier l’investissement dans les compétences et amener davantage de personnes sur le marché du travail, dotées des compétences nécessaires aux transitions écologique et numérique », selon Ursula von der Leyen.

Le 9 septembre 2024, la présidente de la Commission européenne, récemment réélue, s’est vue remettre le rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne élaboré par Mario Draghi, ex-Président du Conseil italien et ex-Président de la Banque centrale européenne (BCE).

Formation professionnelle, certification des compétences, attractivité RH, gestion des talents…Voici les 12 pistes recensées dans ce rapport sur le thème : « combler les lacunes en matière de compétences ».

Gestion des compétences de l’UE

  • Conception ;
  • financement ;
  • déploiement ;
  • évaluation.

Le rapport Draghi incite à remettre à plat les politiques de gestion des compétences de l’UE, en particulier le Fonds social européen+ (FSE+), principal instrument de l’UE pour investir dans le capital humain, « en vue d’un impact plus significatif » et d’en faire un outil plus efficace, orienté vers des secteurs stratégiques comme les énergies propres, le numérique, l’automobile et les technologies avancées.

Collecte des données pertinentes

Il est important de disposer de « données fiables, granulaires et comparables » relatives aux compétences au sein des 27 pays membres de l’UE, afin d’aboutir à une « gestion intelligente » (« skills intelligence ») afin :

  • d’évaluer les viviers de compétences ;
  • de les orienter pour mieux répondre aux besoins sectoriels ;
  • de disposer d’une vue prospective.

Ces données en masse, collectées en mode multi-sources, doivent alimenter une initiative commune réunissant tous les États membres de l’UE et toutes les parties prenantes.

Révision des programmes d’études

Les programmes d’études doivent être adaptés pour mieux répondre aux besoins en compétences exprimés sur le marché du travail dans l’UE. Notamment :

  • en approfondissant dans les domaines suivants :
    • les STEM ;
    • le numérique ;
    • la transition écologique.

  • en développant les soft skills (communications, travail d’équipe, créativité, adaptabilité…).

Les établissements d’enseignement supérieur devront fournir des réponses flexibles plus proches de la réalité du marché du travail et adapter leurs cours en impliquant des partenaires sociaux dans les process d’apprentissage des connaissances.

Des modèles de financement doivent être ajustés pour accélérer les approches innovantes et transdisciplinaires.

Harmonisation des processus de certification des compétences

Selon le rapport Draghi, il devient essentiel que les formations et les processus de certification des compétences professionnelles soient compréhensibles de la part de tout recruteur potentiel au sein de l’UE afin de favoriser le matching.

Cette reconnaissance des compétences doit se faire à travers divers parcours d’apprentissage, comme la formation professionnelle ou la formation sur le lieu de travail.

Le recours à des micro-certifications ou des badges numériques de reconnaissance de compétences devrait « être pris en compte et promu ».

Investissement dans la formation des adultes

La formation des adultes est un « levier clé pour relever les défis économiques de l’UE », selon le rapport Draghi.

La politique actuelle menée à ce sujet par l’UE manque de compréhension, d’approche de performance et de coordination à cause d’une dispersion excessive des moyens et des investissements consentis.

Il faut créer « une approche à plusieurs volets » de programmes de formation à travers un financement public-privé entre les États membres et les entreprises.

Réforme des systèmes de formation professionnelle

Les différences entre les systèmes d’enseignement, de formation professionnelle (Vocational Education and Training ou VET en anglais) et d’apprentissage des pays membres de l’UE sont jugées trop importantes, selon le rapport Draghi. Il en résulte une faible coordination interétatique.

Les pays membres de l’UE doivent trouver les leviers nécessaires pour stimuler la formation professionnelle et mettre dans la boucle les centres de formation, les groupements industriels, les syndicats et les apprentis.

Attractivité

L’UE devrait lancer un nouveau programme d’acquisition de compétences technologiques pour attirer les talents localisés hors du marché européen, notamment un programme d’attribution de visas plus attractif pour les étudiants en licence, en master, les doctorants et les chercheurs, en particulier dans les STEM.

Orientation des futurs talents

L’UE doit limiter l’affectation initiale inappropriée des potentiels talents, en particulier dans les STEM. Les orienter d’emblée vers les meilleurs canaux de formation permettra d’améliorer la qualité et la quantité des compétences dont l’économie de l’UE a besoin.

Quitte à accompagner les étudiants financièrement lors de leurs parcours d’apprentissage.

Gestion des pénuries dans les chaînes de valeur critiques

Il est impératif pour l’UE de développer les chaînes d’approvisionnement d’industries stratégiques comme les énergies, les technologies avancées, et de favoriser des partenariat stratégiques pour éviter des goulots d’étranglement de compétences.

Diffusion de la culture du management dans les PME

Il faut inciter la propagation de la culture du management, afin de fluidifier la gestion du capital humain dans les organisations, qui inclut la capacité d’identifier, de récompenser et de retenir les talents.

Amélioration des conditions de travail des enseignants

Les États membres doivent favoriser la formation continue des enseignants pour s’adapter aux changements technologiques comme l’IA et s’approprier les meilleures pratiques professionnelles réactualisées.

Meilleure implication des femmes sur le marché du travail

Des efforts restent encore à fournir pour faciliter l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle des femmes. Notamment en :

  • investissant davantage dans des infrastructures qui soulagent ses tâches au quotidien, comme des garderies et autres espaces d’accueil des enfants en bas âge ;
  • finançant une partie de leurs parcours de formation ;
  • facilitant leur intégration sur le marché du travail.

• Pour consulter le rapport intégral « The future of European competitiveness » de Mario Draghi