Les salariés très critiques vis-à-vis de la fonction RH
Le | Externalisation de la paie
Malgré les efforts des entreprises pour optimiser la gestion du capital humain et recréer du lien social, un malaise perdure entre les collaborateurs, les managers et les fonctions RH, d’après l’étude « Disconnect » menée auprès de 509 salariés par ADP Research Institute
Zoom sur les trois principaux enseignements.
Un niveau d’engagement très bas
Les initiatives portées par les entreprises en faveur de l’engagement portent-elles leurs fruits ? Pas encore, d’après l’étude d’ADP. Selon elle, moins de la moitié des salariés interrogés se déclarent extrêmement ou très satisfaits de leur entreprise. Pire : « seuls 14 % la recommanderaient à leurs proches », commente Sophie Galoo, directrice de l’écosystème d’ADP en France. Les leviers sur lesquels s’appuient les entreprises montrent leurs limites : seuls 27 % des salariés sont extrêmement ou très satisfaits des opportunités proposées. Même constat sur la culture managériale et opérationnelle, qui ne remporte les faveurs que de 26 % des sondés. Prévoir de véritables processus d’intégration et créer des collectifs de travail où les collaborateurs trouveraient des axes d’amélioration pour optimiser leur poste sont des pistes sur lesquelles les entreprises peuvent notamment travailler.
La qualité de la DRH remise en question
76 % des salariés ne portent pas une appréciation positive sur la fonction RH de leur entreprise. A la question « Qu’est-ce que la DRH fait de bien ? », 31 % des salariés sondés citent la paie et 26 % les processus. Plus inquiétant : seuls 6 % répondent l’écoute et 5 % le recrutement. Les fonctions RH ne sont donc pas encore considérées comme stratégiques : les tâches majoritairement mises en avant relevant essentiellement de la gestion administrative de l’entreprise. Une mission sur laquelle les salariés sont d’ailleurs très dubitatifs. Seuls 15 % font totalement confiance ou très confiance dans la justesse de leur paie. « Les nouvelles technologies ont ouvert une nouvelle ère pour la DRH, qui a une carte à jouer. Il est urgent qu’elle se mette au marketing RH, qu’elle fluidifie sa communication interne et qu’elle redéfinisse son rôle vers davantage d’accompagnement individuel », décrypte Sophie Galoo.
Les managers peu crédibles dans l’évaluation de la performance
L’étude d’ADP révèle une forte ambiguïté des managers sur l’évaluation de leurs équipes. Les encadrants sont 82 % à déclarer s’intéresser à l’évolution de leurs collaborateurs. Pour autant, ils ne sont que 33 % à estimer les évaluer de manière très efficace et pertinente. « A mesure que les environnements de travail deviennent collaboratifs, les managers se sentent de moins en moins légitimes dans cette mission. Les entreprises doivent donc se questionner sur leur rôle. Doivent-elles mieux former les encadrants ? L’engagement doit-il passer par la ligne managériale ? », s’interroge Sophie Galoo. Quoiqu’il en soit, il y a urgence : l’écart entre la perception des managers et des salariés sur l’évaluation de la performance se creuse. 81 % des managers considèrent faire des retours constructifs à leurs équipes. Un sentiment uniquement partagé par la moitié des salariés.
Aurélie Tachot