Slack vise une entrée en bourse le 20 juin 2019
Le | Gestion des temps
Depuis sa création en 2013, la plateforme Slack entend faciliter le travail collaboratif. Tandis que l’entreprise américaine est sur le point d’entrer en bourse, sa messagerie instantanée est plébiscitée aussi bien dans les TPE que dans les grands groupes, où elle fait même les yeux doux aux RH. Talonnée par Microsoft Teams, Slack encourage la culture de la collaboration et de la transparence. Et montre quelques limites
Avec 10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 50 % hors USA, Slack est devenue en quelques années une des applications star en entreprise. Valorisée 10 milliards de dollars avant son introduction imminente à la bourse de New York, la licorne revendique un chiffre d’affaires de 400 millions de dollars. En mars 2017, après avoir échoué à racheter Slack, Microsoft lançait l’application Teams, qui s’impose désormais comme sa seule vraie concurrente. Slack, qui vient d’ouvrir un bureau à Paris si l’on en croit les offres repérées sur LinkedIn, reste toutefois massivement adoptée, y compris en France, où les derniers chiffres officiels de 2017 font état de 250 000 utilisateurs, 6000 entreprises, dont 32 % issues du CAC 40.
Remplacer les emails ?
Florence travaille pour une grande entreprise nord-américaine fortement décentralisée. Slack tient une place particulière dans son quotidien puisque tous les échanges internes passent par cette plateforme. « On ne s’envoie jamais d’emails. J’ai des dizaines de chaînes et sous-chaînes. Une grande partie de mon temps de travail consiste à traiter des notifications Slack », explique-t-elle. Cette plateforme collaborative se présente comme une messagerie instantanée, qui permet d’organiser des fils d’échanges privés ou publics par thème, par projet ou par équipe. Au premier coup d’œil, cette fonctionnalité de « chat » n’a rien de disruptive : Skype for Business, Google Hangouts ou même le Workplace chat de Facebook permettent, eux-aussi, de converser en temps réel avec ses collègues. Pourquoi Slack tire-t-elle son épingle du jeu ? D’abord, son interface plaît. Créée pour un usage BtoB, elle a été initialement développée dans l’univers du jeu vidéo.
Un interfaçage avec des applications tierces
Mais le principal avantage de Slack tient au fait qu’elle centralise une grande partie des flux d’informations, non seulement grâce à des fonctionnalités d’archivage et de recherche mais surtout grâce à la possibilité d’y connecter près de 1500 applications. Autrement dit, la plateforme joue le rôle d’un guichet unique vers tout l’environnement de travail du collaborateur. Les utilisateurs peuvent ainsi s’envoyer des fichiers Drive ou Office, lancer un appel Skype ou partager leur listes Trello ou leurs emails Outlook… mais également y brancher leurs logiciels métiers. La start-up Mixdata a troqué Hangouts pour Slack il y a deux ans. « Je suis en lien avec mes équipes toute la journée. Nous avons des chaînes pour chaque projet, pour partager de la veille … Le principal avantage, c’est de pouvoir accéder à notre CRM et à nos outils de gestion de projet et de chat externe », explique Cécile Chetrit, associée en charge du développement. Ainsi, quand un internaute pose une question sur le chatbot du site de Mixdata, elle peut y répondre directement sur Slack, et toute l’équipe concernée est au courant.
Ami ou ennemi des RH ?
Slack promet aussi de fluidifier le processus de recrutement et d’optimiser l’expérience des employés. Un RH peut ainsi connecter son ATS avec Slack pour assurer le suivi des candidats, créer une chaîne pour diffuser de l’information à des groupes thématiques de collaborateurs (comme des nouveaux arrivants, dans le cadre de l’onboarding) et répondre aux demandes spécifiques, en lien ou non avec le SIRH. Reste que l’usage tous azimuts de Slack est parfois mal vécu par les collaborateurs : trop d’informations et une injonction tacite à la réactivité. Sur Slack, on peut savoir si l’utilisateur est actif ou non… et de quand date sa dernière connexion. Bref, c’est un outil capable de transformer une culture managériale, pour le meilleur ou pour le pire. « Slack nous a permis de gagner en efficacité, mais il faut prendre le temps de paramétrer son compte pour ne pas être bombardé de notifications… et continuer à organiser des vrais temps de dialogue, sans quoi ça peut devenir un piège », reconnaît Cécile Chetrit.
Gaëlle Fillion