Chômage partiel : « l’effet de rattrapage » concerne plus de 10 millions de salariés
Par Philippe Guerrier | Le | Législation paie
Muriel Pénicaud, ministre du Travail, évoque « un salarié sur deux payé par l’Etat ». Des pans entiers de secteurs d’activité ont adopté le dispositif anti-crise, qui évolue par la loi.
C’est du jamais vu en France. Le nombre de salariés concernés par le dispositif de chômage partiel a dépassé la barre des 10 millions. Soit une hausse de 1,3 million en une semaine.
« C’est plus d’un salarié sur deux qui est payé par l’État et plus de six entreprises sur 10 qui sont concernées. C’est considérable : on n’a jamais fait cela dans notre pays », a déclaré Muriel Pénicaud, ministre du Travail, sur BFM Business le 22 avril, en évoquant un « effet de rattrapage. »
Le membre du gouvernement poursuit : « Des secteurs entiers sont à l’arrêt comme l’hôtellerie/restauration où neuf salariés sur 10 sont en chômage partiel, mais aussi le BTP où ce sont 93 % des salariés (plus d'1,2 million de salariés), qui sont en chômage partiel. C’est un défi auquel nous travaillons avec Bruno Le Maire |ministre de l’Economie et des Finances] et les organisations professionnelles pour la remise en route de tous ces chantiers en respectant les conditions sanitaires qui sont déterminées depuis trois semaines. »
La ministre du travail a cité trois entreprises aux profils distincts pour souligner l’hétérogénéité des situations de crise engendrées par le Covid-19 et le confinement :
• Les Cafés Malongo à Nice : plus de 100 personnes en chômage partiel ;
• Le PMU avec plus de 1200 personnes sont en chômage partiel ;
• Le Moulin Rouge à Paris avec 250 personnes, dont près de 100 danseuses et danseurs.
Au 21 avril 2020, plus d’un million de demandes d’autorisation préalable de mise en activité partielle ont été déposées par 821 000 entreprises. 57 % des salariés faisant l’objet d’une demande d’activité partielle depuis le 1er mars 2020 travaillent dans des établissements de moins de 50 salariés.
Selon le plus récent tableau de bord de la situation sur le marché du travail publié par la Dares, le recours au chômage partiel concerne par secteur d’activité :
- des établissements du commerce et de la réparation automobile (23 %) ;
- des activités de services spécialisés, scientifiques et techniques (13,9 %) ;
- de la construction (13,7 %) ;
- de l’hébergement et de la restauration (13,5 %).
Activité partielle : dispositif affiné et élargi en même temps
A la suite du Conseil des ministres qui s’est déroulé le 22 avril, les conditions du recours à l’activité partielle pour certains salariés, de façon individualisée « ou selon une répartition non uniforme des heures chômées ou travaillées au sein du même établissement, service ou atelier », sont précisées par l’article 8 de l’ordonnance adoptée qui porte sur diverses mesures prises pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
Parallèlement, dans le cadre d’un amendement (art. 3, amt. 456) inséré dans le projet de loi finances rectificative pour 2020 adopté par le Sénat le 23 avril et par l’Assemblée nationale le 17 avril, une disposition permettra à partir du 1er mai de financer l’extension du chômage partiel aux salariés vulnérables médicalement et aux parents d’enfants sans solution de garde. Jusqu’ici, ils bénéficiaient d’un système d’arrêt de travail indemnisé et sans délai de carence.
Une bascule censée sauvegarder le pouvoir d’achat des salariés concernés (2,1 millions de personnes) et alléger les coûts à la charge des entreprises dans un contexte de trésorerie tendue.
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