L’Oréal limoge son robot DRH !
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Il y a quelques semaines, L’Oréal a mené une expérimentation originale : confier à une intelligence artificielle la présélection de candidats et le passage d’entretiens de recrutement. Une session pilote initiée par les équipes russes du groupe, qui n’a toutefois pas trouvé un bon écho en interne. La DRH virtuelle, appelée Véra, s’est finalement auto-licenciée…
Engagé dans une stratégie de transformation de sa fonction RH, L’Oréal mène régulièrement plusieurs expérimentations. Si la majorité d’entre elles sont concluantes et permettent au groupe d’accélérer la digitalisation de son service RH, d’autres semblent plus contestées. Récemment, les équipes russes du groupe se sont tournées vers la start-up Stafori, qui édite une intelligence artificielle promettant aux RH de pourvoir leurs postes vacants. Cette DRH virtuelle appelée « Véra », plébiscitée par plusieurs groupes dont Pepsi et Ikéa, est chargée de présélectionner les profils susceptibles de correspondre aux besoins de l’entreprise et de leur faire passer un premier entretien téléphonique, grâce aux systèmes de reconnaissance vocaux. ʺL’innovation est au cœur de notre stratégie de recrutement. Pour recruter, partout, les meilleurs talents mais aussi les plus divers, nous ouvrons nos horizons à différentes initiatives et laissons nos filiales initier des pilotes qui pourront devenir des bonnes pratiques à l’échelle du groupe. Notre filiale russe a été approchée par Stafori, avec laquelle il y a eu une expérimentation locale, dans un esprit « test and learn », qui n’a pas été concluanteʺ, raconte Natalia Noguera, responsable de la transformation digitale chez L’Oréal. L’approche de la start-up russe ne coïncidait pas avec la vision du groupe, qui dénombre 1200 professionnels RH à l’échelle mondiale, dont 150 recruteurs. ʺNous voyons le digital comme un outil qui va amplifier les capacités humaines de nos RH, surtout pas les remplacer. C’est un sujet qui nécessite beaucoup de précautionʺ, précise-t-elle.
Un chatbot pour la phase de présélection
Toujours dans cette logique d’expérimentation, L’Oréal, qui reçoit 2 millions de candidatures par an, implémente régulièrement des outils pour améliorer son efficacité RH. Récemment, elle a enrichi son site carrière britannique et américain d’un chatbot - Mya - permettant de faire une pré-sélection de candidats. Il s’assure notamment que ces derniers disposent des pré-requis nécessaires pour postuler aux offres. Cette intelligence artificielle, qui devrait bientôt être disponible en France, a déjà interagi avec 7000 candidats. ʺCe chatbot pose des questions préliminaires sans interpréter. Il permet, du côté candidat, d’offrir une meilleure expérience utilisateur et, du côté RH, d’automatiser des tâches à moindre valeur ajoutée pour recentrer le recruteur sur le cœur de sa mission : la détection du talentʺ, explique Natalia Noguera. L’Oréal prévoit d’ailleurs de greffer, à ce chatbot, un outil tiers spécialisé dans l’organisation des entretiens de recrutement. Sur la partie assessment, l’entreprise cherche également des leviers d’efficacité. En 2015, le groupe a lancé un pilote avec la start-up chinoise Seedlink, afin de mieux traiter le volume de candidatures reçues pour ses offres de stages. Disponible dans cinq pays et bientôt en France, ʺcette solution aide à prédire le « cultural fit », qui a un impact sur l’engagement et la performance des futurs stagiairesʺ, indique-t-elle. Avec un certain succès : ʺdepuis le début de l’année, en Angleterre, 40 % des stagiaires recrutés proviennent d’écoles que nous n’avions pas identifiées comme prioritaires. L’intelligence artificielle nous permet ainsi de réduire les biais humains inconscients et de favoriser la diversité dans notre recrutementʺ, conclut-elle.
Aurélie Tachot