Le potentiel au delà du QI par Patrick Leguide
Le | Solutions d'évaluation
Si le QI est aujourd’hui la référence en matière d’intelligence, d’autres facteurs, souvent négligés, sont aussi essentiels à notre succès. Que ce soit dans le langage commun, chez les experts en psychologie ou dans les médias, le QI est devenu la référence absolue de l’intelligence. Mais quels sont les atouts et les limites du QI ? Quel est son impact relatif sur la réussite professionnelle
?
Qu’est-ce que le QI ?
Un moyen commun de mesurer l’intelligence est d’utiliser le QI. Les premiers tests de QI ont été développés par le psychologue français Alfred Binet en 1904 afin d’identifier les enfants qui peuvent présenter des risques de difficulté scolaire. Cette méthodologie a été reprise quelques années plus tard par des chercheurs américains (H.H. Goddard, Lewis M. Terman) dans le but de généraliser l’évaluation de l’intelligence, en positionnant un individu par rapport à sa population de référence. Ainsi, les échelles d’intelligence de Standord-Binet et de Wechsler deviendront les standards des tests de QI pendant des décennies et donneront naissance à une véritable industrie de l’évaluation des aptitudes intellectuelles.
QI et performance
Encore aujourd’hui, la plupart des gens estiment que le QI est le seul référent en matière d’intelligence et de capacités. Cependant, c’est loin d’être le cas ! Des recherches scientifiques récentes montrent que si le QI est corrélé avec la performance au travail ou dans les études, cette corrélation n’est pas linéaire. La performance augmente avec le QI jusqu’à un certain niveau mais cette performance corrèle ensuite davantage avec d’autres facteurs tels que la personnalité, les motivations ou l’intelligence émotionnelle.
Les autres facultés, au-delà du QI
Il existe de nombreux modèles prétendant représenter l’ensemble des facultés intellectuelles. Il est certain que nous avons hérité de nombreuses aptitudes, utiles à nos réalisations, autres que notre raisonnement logique. Soulignons d’ailleurs que les tests de QI font appel à notre raisonnement dans un environnement structuré, en l’occurrence via des problématiques données où il existe une seule bonne réponse. Par conséquent, le QI ne prend pas en compte notre comportement dans un environnement non structuré, qui correspondrait mieux à la réalité vécue.
Voici quelques facteurs pertinents au regard de la performance professionnelle :
- L’intelligence émotionnelle : Ce concept d’origine anglo-saxonne définit la capacité à identifier et à gérer les émotions. Il peut se mesurer, sur la même base que le QI, via le « Quotient Emotionnel » (ou QE) qui est le dénominateur commun des facultés émotionnelles. Moins connue et pourtant tout aussi importante, l’intelligence émotionnelle commence à faire sa place dans les processus RH.
- La créativité : C’est savoir sortir des sentiers battus, trouver des voies différentes, non conventionnelles. Mais ce n’est pas seulement trouver des idées originales. Avant qu’Archimède puisse crier Eurêka, il a déjà fallu qu’il se pose la bonne question. En d’autres termes, pour trouver des solutions innovantes, il faut être capable de se fixer un but et de s’interroger en envisageant les choses sous un angle différent, inédit.
- Le langage : Le langage regroupe des facultés complexes telles que la compréhension, la rédaction ou encore l’art de l’improvisation et du discours. Le facteur « intelligence verbale » tel que mesuré dans les tests d’intelligence ne mesure qu’une infime partie de nos capacités de communication.
- La réflexion méthodologique : Cette capacité consiste à s’interroger sur la meilleure façon de procéder dans la résolution d’un problème. Elle peut être évaluée par des mises en situation. Par exemple, on demande à un ingénieur de développer un programme simple pour calculer une addition et une moyenne à partir d’une liste de nombres. L’ingénieur « méthodique » va développer un programme générique et utilisera la fonction « addition » ou « moyenne » comme variable. L’ingénieur « non méthodique » va dupliquer le programme pour l’addition et la moyenne, ce qui implique une gestion plus contraignante du programme par la suite.
- La pensée critique : La pensée critique est liée au QI mais le dépasse. Il s’agit d’avoir un jugement sur ce qu’il faut croire ou faire en réponse à une situation, à des observations ou à des arguments complexes.
- L’intuition : L’intuition est encore peu étudiée, mais il est certain que notre cerveau est doté de capacités encore insoupçonnées. Notre inconscient enregistre des informations de notre environnement et peut agir subitement sur notre conscient en donnant une alerte sur un danger particulier. L’intuition est indispensable dans bien des métiers, que ce soit chez un commercial ou un journaliste, par exemple, qui va jauger la crédibilité d’une information avant de la vérifier.
- Vision globale : C’est la capacité à apprécier une situation dans son ensemble, avec le recul suffisant. Par exemple, un manager doté d’une bonne vision globale garde en tête les objectifs et la stratégie. Il sait intégrer différentes approches et point de vue (financier, technique, commercial…) pour en faire une synthèse et faciliter sa prise de décision.
Les outils édités par Central Test permettent d’évaluer certaines de ces capacités comme l’intelligence émotionnelle et la pensée critique. D’autres capacités comme la créativité ou la vision globale sont analysées au travers de tests de personnalité. Malgré la panoplie d’outils existants, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir avant de bien connaître et de savoir évaluer, de façon scientifique, des aptitudes telles que la créativité, l’intuition, l’organisation, le langage et même certains aspects de l’intelligence émotionnelle. C’est un véritable challenge !
Par Patrick Leguide, fondateur et PDG de Central Test,
éditeur de tests psychométriques en ligne, www.centraltest.fr