La réforme de la formation ne tient pas (encore) ses promesses
Le | Droit de la formation
La Réforme de la formation professionnelle, dont le serment était de simplifier la gestion de la formation, n’a finalement pas d’incidences sur le quotidien des professionnels RH et des salariés, d’après l’étude « La formation professionnelle en France : regards croisés », menée par la société Cimes, spécialiste de l’externalisation de la formation
Le constat peut sembler amer… Après plusieurs mois de mise en œuvre - parfois chaotique - la réforme de la formation semble faire chou blanc en entreprise. La 3e édition de l’étude « La formation professionnelle en France : regards croisés », réalisée en mai dernier par Cimes auprès de 962 répondants (responsables formation, responsables RH, managers et collaborateurs), dévoile que la perception des changements liés à la réforme est très limitée. « Pour près de 60 % des sondés, celle-ci n’a absolument rien changé en entreprise », a souligné Bertrand Milas, directeur commercial de Cimes, à l’occasion de la restitution des résultats de l’étude. Le plus surprenant, c’est que ce sont les responsables formation qui formulent le constat le plus sévère : ils sont 70 % à constater ni dégradation ni amélioration dans leur quotidien. Un pourcentage qui atteint même 72 % dans les secteurs du transport, de l’industrie, de l’énergie et du BTP.
Des salariés moins préoccupés par leur employabilité ?
Si la situation de la formation reste un sujet clivant au sein des entreprises, elle s’améliore peu à peu. Dans son étude, la société Cimes lui attribue une note de 11,67 sur 20 (contre 11,50 en 2014). Cette moyenne, qui recoupe plusieurs critères (l’importance accordée à la formation, le niveau d’information, l’adéquation avec la stratégie de l’entreprise et la bonne gestion), cache toutefois différentes réalités. Sur le sujet de l’adéquation par exemple, les responsables formation octroient une note de 14,92/20. C’est 3,5 points de plus que les collaborateurs. Comme lors de la précédente mesure en 2014, c’est la perspective d’acquérir davantage de responsabilités au sein d’un poste (61 %) qui encourage les salariés à suivre une formation. Elle est suivie par l’amélioration de l’employabilité sur le marché du travail (55 %), un sujet-clé qui est pourtant en recul de 8 points par rapport à 2014. « Tous les items relatifs à la mobilité externe reculent, a décrypté, ce mardi, Bertrand Milas. Le marché du travail restant figé, les salariés souhaitent acquérir de nouvelles compétences pour progresser dans leur poste, au sein de leur périmètre, et non dans un autre. »
Statut quo du côté des budgets formation
Sur la question du budget alloué à la formation, le constat est le même : 55 % des sondés estime qu’il n’a pas changé depuis 2014, d’après l’étude. Les responsables formation dressent le bilan le plus alarmant : un tiers d’entre eux estiment en effet que ces moyens sont en baisse ces deux dernières années. Et ils ne sont guère plus optimistes lorsqu’on leur demande de se tourner vers l’avenir : 51 % anticipent aucun changement dans leur budget à moyen terme. Pire : 23 % prévoient une diminution. Le manque de budget est d’ailleurs l’une des principales entraves à la bonne application de la politique formation de l’entreprise, à leurs yeux. Cet item est en effet cité en seconde position (31 %), après le manque de temps pour réaliser qualitativement les missions relatives à la formation (41 %). Mais l’étude révèle aussi une tendance forte à la digitalisation de la formation et à l’émergence des besoins en dispositifs post-formation. Sûrement les fruits que la réforme récoltera demain ?
Aurélie Tachot