Réforme de la formation : où en sont les entreprises ?
Le | Droit de la formation
Cinq mois après l’entrée en vigueur de la réforme de la formation professionnelle, les entreprises se plient en quatre pour respecter leurs nouvelles obligations. Pour Demos, c’est l’heure du premier bilan. Au cours d’un webinaire, l’organisme de formation a fait le point sur les mesures déjà adoptées et celles qui cristallisent encore les critiques
L’entretien professionnel est en bonne voie
« C’est le sujet sur lequel les entreprises ont le plus avancé », explique Jean-Pierre Willems, expert en droit social et RH au sein de Demos. Pour l’heure, elles ont majoritairement choisi de combiner l’entretien professionnel à l’entretien annuel d’évaluation, en s’assurant que les deux rencontres successives soient scindées en deux parties distinctes. Même si ce nouvel entretien a un contenu axé sur les perspectives d’évolution professionnelle, c’est aux managers qu’incombe cette responsabilité. « Une décision plutôt cohérente, dans la mesure où peu d’entreprises ont des équipes RH suffisamment grandes pour traiter un tel volume d’entretiens », indique-t-il.
Une gestion des parcours simplifiée
Les entreprises apportent aux expressions « évolution professionnelle » et « évolution salariale », inscrites dans les textes de loi, des définitions non contraignantes. Pour elles, l’évolution professionnelle est liée aux mobilités recensées en interne ainsi qu’au contenu du poste dès lors que les activités permettent de développer de nouvelles compétences. Quant à l’évolution salariale, elle revêt tous les mouvements de rémunération liés au déroulement de carrière, à l’exception des évolutions liées à la performance des salariés. Autant de premières définitions « qu’il faudra affiner lors d’un bilan avec les ERP », selon Jean-Pierre Willems.
Le CPF se heurte à plusieurs obstacles
Cette mesure continue de susciter de vives réactions de la part des entreprises. Puisqu’il ne concerne que les formations certifiantes inscrites sur des listes, notamment celle du RNCP, « le Compte personnel de formation est jugé trop restrictif et inadapté aux besoins des entreprises », constate Jean-Pierre Willems. L’expert de Demos entrevoit plusieurs freins : l’inventaire des certifications qui a du mal à voir le jour, les OPCA qui ne s’impliquent pas tous de la même manière et qui créent ainsi de nombreuses disparités entre les entreprises, ainsi que les systèmes de gestion des droits et de financement des demandes qui ne sont pas encore corrélés.
Un budget formation reconduit en 2015
Statut quo sur les budgets ! En attendant que tous les décrets soient votés, les entreprises, qui n’ont plus d’obligation légale concernant le montant du budget dédié au titre du plan de formation, reconduisent, en 2015, le budget qu’elles ont alloué en 2014. « Elles considèrent 2015 comme une année de transition et reportent donc leurs choix à 2016, qui constituera l’année de la véritable entrée en vigueur de la loi », indique Jean-Pierre Willems. A noter que pour amorcer l’année en cours, « un nombre significatif de sociétés s’est également engagé à effectuer un versement volontaire au titre de 2015 », conclut-il.
Aurélie Tachot