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La réforme de la formation professionnelle vue par les entreprises

Le | Droit de la formation

La réforme de la formation professionnelle continue d’interroger les entreprises. Une étude menée par l’éditeur ADP dévoile que l’évolution du financement de la formation, l’arrivée du Compte personnel de formation (CPF) et l’institutionnalisation de l’entretien professionnel devraient notamment avoir d’importantes répercussions sur leur ligne managériale et RH

La réforme de la formation professionnelle vue par les entreprises
La réforme de la formation professionnelle vue par les entreprises

Il ne se passe pas un jour sans que la réforme de la formation professionnelle fasse l’objet d’une prise de parole dans la presse. Si beaucoup d’experts ont décrypté ses mesures phares, peu se sont vraiment intéressés aux incidences qu’elle engendrera dans les entreprises. L’éditeur ADP, spécialisé dans la gestion des RH, de la paie et du temps, a décidé de remédier à ce constat en sondant, d’avril à juin, 221 responsables d’entreprises (professionnels RH, membres de la direction générale, fonctions finance…) Avec une idée derrière la tête, celle de « mieux comprendre les attentes des entreprises afin d’adapter nos offres », explique Laëtitia Rupert, responsable marketing.

Pas de véritable choc de simplification

C’est en premier lieu pour simplifier la gestion de la formation et la rendre plus lisible de la part des salariés que la réforme a été initiée. Un argument auquel les entreprises n’adhérent pas, selon l’étude d’ADP, qui souligne que 57 % des sondés ne sont pas convaincus par la promesse formulée par le gouvernement. Car si la part administrative et fiscale sera allégée, les besoins des collaborateurs devraient s’accroître. « Même s’il est majoritairement perçu comme un atout au sein des entreprises, l’entretien professionnel, qui est rendu obligatoire par la réforme, va également ajouter des échéances supplémentaires à suivre pour les entreprises », illustre Laëtitia Rupert.

Peu d’incidence sur les budgets formation

L’étude confirme que la formation professionnelle est devenue un enjeu stratégique pour les entreprises. Aujourd’hui, 80 % déclarent la financer au-delà de la contrainte légale, actuellement de 1,6 % de la masse salariale. Un seuil également dépassé par 53 % des entreprises de moins de 50 salariés. Résultat surprenant de l’enquête : malgré la pression budgétaire, 60 % des sondés ont expliqué que leur investissement dans la formation ne changera pas et pourrait même s’accroître. Seuls 21 % prévoient une diminution de leur budget formation. Preuve en est que la baisse du taux d’obligation légale n’aura pas de véritable répercussion sur le terrain, aux yeux des répondants.

Salariés et entreprises, coresponsables

L’instauration du Compte personnel de formation (CPF) devrait favoriser l’émergence de la coresponsabilité entre les salariés et leur entreprise. D’après l’étude d’ADP, seuls 23 % des sondés déclarent vouloir laisser leurs collaborateurs autonomes dans la gestion de leur CPF. Pour 28 %, cette mesure est plutôt l’occasion de favoriser l’accès à certaines formations certifiantes liées à la stratégie de l’entreprise. Car c’est bien là que se situe l’enjeu, selon Laëtitia Rupert : « les professionnels RH vont devoir concilier les attentes des salariés en matière de formations et la stratégie globale de leur entreprise », estime-t-elle.

Le tandem managers-RH s’affirme

D’après l’enquête, 52 % des entreprises pensent que l’entretien professionnel sera conduit par les managers et 13 % par les professionnels RH. Ces deux cas de figure offrent leur lot d’avantages et d’inconvénients. « Si les managers font de la gestion de proximité, ils connaissent peu la vision globale des métiers de leur entreprise, contrairement aux RH », explique la responsable marketing. Ce débat, qui fait rage en entreprise, devrait toutefois rapprocher les deux fonctions. « Pour aider les managers à mener ces entretiens et à connaître les perspectives d’évolution qu’offre leur entreprise, les RH devront les outiller », précise Laëtitia Rupert.

Aurélie Tachot