Paie

Bulletin de paie : un exercice de décryptage délicat pour les Français (étude Ipsos/Payfit)

Par Philippe Guerrier | Le | Rémunération

La compréhension de la feuille de paie n’est pas évidente pour les Français, selon une étude commandée à Ipsos par Payfit (logiciel de paie en ligne) qui permet de percevoir d’autres tendances sur la digitalisation.

Étude Ipsos/Payfit : la paie et sa digitalisation vue par les Français (mai 2023) - © D.R.
Étude Ipsos/Payfit : la paie et sa digitalisation vue par les Français (mai 2023) - © D.R.

Les Français demeurent fâchés avec les bulletins de paie, selon une récente étude Payfit réalisée avec Ipsos Digital.

La fiche de paie également est un justificatif que l’employeur doit remettre obligatoirement à son salarié. La loi en fixe les éléments intégrés et le cadre d’exploitation.

Mais sa réelle compréhension demeure souvent une gageure, malgré l’obligation légale pour les entreprises de procéder à une simplification du bulletin depuis 2018.

Digitalisation de la paie : un effort à concentrer sur les TPE-PME

C’est un sujet structurel pour ses activités : Payfit perçoit un retard dans le segment des TPE-PME sur les enjeux de la digitalisation, incluant la distribution des bulletins de paie.

Si 62 % des actifs interrogés déclarent recevoir leur bulletin de paie en mode dématérialisé, il s’agit principalement des salariés des grandes entreprises.

Voici la part des répondants en fonction des tailles d’entreprise :
• 70 % pour les entreprises de plus de 500 salariés ont basculé dans la paie digitalisé,
• 62 % pour les entreprises entre 50 et 499 salariés,
• 50 % pour les entités de 10-49 salariés,
• 48 % pour les entreprises de 1 à 9 salariés.

Lecture de la feuille de salaire : un exercice compliqué 

Parmi les principaux éléments :

20 % affirment que tout est clair sur leur fiche de paie,

  • 61 % des actifs déclarent ne pas savoir totalement la déchiffrer,
  • 54 % disent la comprendre partiellement,
  • 49 % considèrent que la compréhension de la fiche de paie est entravée par des éléments techniques difficiles à interpréter (comme les acronymes de type CSG pour contribution sociale généralisée),
  • 7 % ne la comprennent pas du tout.

Par réflexe, 81 % des Français cherchent à consulter en priorité la ligne du montant du salaire net inscrit sur son bulletin.

« La feuille de paie correspond à un travail de décryptage pour les Français », déclare Amaury Lelong, directeur général de Payfit qui développe une solution de gestion de la paie et des RH pour les TPE - PME. « Il serait temps de nettoyer ou au moins de simplifier tout cela. » 

En septembre 2022, PayFit a lancé une initiative dans ce sens : une version allégée du bulletin de paie avec un design plus clair et plus compréhensible, qui récapitule les principales informations de paie.

« Nous avons contourné la difficulté en créant un 2ème papier systématiquement adjoint à la feuille de paie standardisée avec les informations qui paraissent essentielles avec les montants brut et net, des éléments tiers de rémunération comme les contributions de l’employeur pour les transports en commun, les titres-restaurants, les congés pays et le niveau de mutuelle », indique le directeur général de PayFit.

Le degré de compréhension risque de devenir un brin plus complexe avec la prochaine intégration d’une nouvelle ligne censée apparaître à partir du 1er juillet 2023 sur les bulletins de paie : le « montant net social ». Il correspond au revenu net après les déductions des prélèvements sociaux obligatoires.

Transparence des salaires 

A la question « Voudriez-vous que votre entreprise ait une politique de transparence sur les salaires ? » (c’est-à-dire de rendre public les écarts de rémunération), 68 % des répondants souhaitent que les entreprises évoluent vers un niveau de transparence plus accentué pour la politique sur les salaires :

  • 44 % attendent une transparence totale (avec visibilité sur politique salariale et grilles de salaires). C’est l’option retenu en interne chez PayFit ;
  • 20 % une transparence partielle (seulement les grilles avec les minimum et maximum pour chaque poste).

« Cela renvoie à une aspiration partagée par les employés : une forme d’engagement sociétal porté par les employeurs avec des enjeux d’équité femmes-hommes, notamment en matière de rémunération. L’une des premières manières de faire bouger les lignes, c’est la transparence sur les salaires », évoque Amaury Lelong.

« Bouquet salarial » : un concept flou

La vision du « bouquet salarial » varie considérablement en fonction des répondants.

Ainsi, parmi les salariés recevant des avantages salariaux (72 % des salariés interrogés), il ressort de la définition du bouquet salarial une double entrée d’interprétation qui alimente un certain flou :

  • 48 % d’entre eux incluent le salaire et les avantages salariaux (mutuelle, tickets restaurant, prime, télétravail, etc.),
  • 52 % les dissocient.

Fonctions émergentes associées à la paie

Dons sur salaire

25 % des actifs français accepteraient l’idée de faire des dons sur salaire à des associations directement versés par leur employeur au moment de la paie. La tranche d’âge 18-34 ans se montre le plus enthousiaste à cette perspective (41 %).

« La digitalisation de la paie facilite ce type d’engagement sociétal. Cette fonctionnalité de don sur salaire est mise à disposition de manière native sur notre plateforme », indique Amaury Lelong.

C’est le catalogue de Sossialy qui est intégré : chaque client peut faire une sélection s’il veut pousser certaines associations à ses employés ou laisser ouvert l’ensemble du catalogue.

Recours aux crypto-monnaies

Dans la dimension geek du paiement électronique, on perçoit une ouverture à des versements de salaire en crypto-monnaies comme le bitcoin mais l’intérêt de ce type de déclinaison demeure faible : 

  • 76 % des actifs français ne souhaitent pas franchir le pas,
  • 19 % se disent intéressés. « Il y a un effet de curiosité et de notoriété mais cela reste confidentiel avec un sujet peu maîtrisé », évoque Amaury Lelong. 

Avance sur salaire 

L’offre de service de versement fractionné de salaire est disponible sur le marché avec des start-ups comme Rosaly ou Stairwage. Payfit s’y est mis également via une fonction intégrée sur sa plateforme.

La demande reste secondaire :

  • 77 % des actifs français de l’enquête n’ont jamais demandé d’avance sur leur salaire. Néanmoins, on sent un « certain frémissement » selon Amaury Lelong avec la jeune génération qui se montrerait plus sensible à cet avantage : 36 % en ciblant la catégorie 18-34 ans.
  • 61 % des actifs disent ne pas être intéressés pour recevoir leur salaire en plusieurs versements ;
  • En cas de marque d’intérêt, 21 % évoquent l’avantage d’une meilleure gestion des finances, notamment chez les 18-34 ans (34 %).

Méthodes

• Étude réalisée en ligne du 5 au 9 mai 2023 ;
• 686 personnes actives interrogées ;
• Panel représentatif selon la méthode des quotas ;
• Sondage Ipsos Flash spécial à détacher à propos du salaire fractionné avec 1000 répondants.