Emmanuelle Larroque, Social Builder : « Dépasser les stéréotypes dans le secteur du numérique »
Par Philippe Guerrier | Le | Organisme de formation
A l’occasion d’un récent financement, la présidente et fondatrice de Social Builder aborde l’implication de son association dans l’accompagnement et la formation des femmes dans les métiers du numérique.
Cela fait plus de 10 ans que Social Builder accompagne et forme les femmes dans les métiers du numérique.
Début 2023, cette « entreprise sociale engagée pour un monde économique et numérique plus inclusif » a officialisé un financement de 1,3 million d’euros auprès de :
- La Banque des Territoires,
- MAIF Impact, fonds d’investissement pour l’innovation sociale et sociétale du groupe d’assurance éponyme,
- France Active, un réseau associatif pour favoriser l’entrepreneuriat.
Emmanuelle Larroque, présidente et fondatrice de Social Builder, précise l’implication de l’organisation dans la sensibilisation, l’orientation et la formation des femmes dans le secteur du numérique. Ce qui n’est pas évident.
« Les femmes ont parfois une représentation un peu faussée de professions jugées sexistes, avec l’image du geek dans le numérique. En fait, la réalité est plurielle. Les entreprises demandent de plus en plus de mixité », déclare-t-elle.
La signature de la convention de financement de Social Builder, survenue le 2 décembre 2022, a réuni de gauche à droite sur la photo :
- Christophe Genter, Directeur Investissements à Impact au sein du Groupe Caisse des Dépôts,
- Emmanuelle Larroque, fondatrice de Social Builder,
- Judith-Laure Mamou-Mani, Responsable du fonds au sein de MAIF IMPACT,
- Juliette Picquenard, Chargée d’investissement solidaire au sein de France Active.
Comment se traduit ce financement de 1,3 M€ obtenu en janvier 2023 auprès de la Banque des Territoires, de MAIF Impact et de France Active ?
Il s’agit d’un financement obligataire sous forme d’emprunt, avec un taux défini à l’avance sur 7 ans et un remboursement obligatoire à cette échéance.
C’est un circuit particulier d’investissement. En raison de notre statut d’association loi 1901, nous ne pouvons pas procéder à une ouverture de capital classique comme dans le cas d’une start-up.
Quel positionnement avez-vous pris sous l’angle : « entreprise sociale engagée pour un monde économique et numérique plus inclusif » ?
Nous sommes l’acteur de référence pour l’accompagnement et la formation des femmes dans les métiers du numérique et des femmes entrepreneurs qui ont besoin de compétences digitales. Nous avons développé des programmes gratuits pour les femmes demandeuses d’emploi de tous les âges et de tous horizons.
Nous sommes vraiment dans l’impact social avec des femmes aux parcours différents :
- elles disposent de peu de qualifications,
- elles ont rencontré des ruptures professionnelles dans la vie,
- elles ont dû s’occuper de personnes dépendantes et ont eu du mal à revenir sur le marché du travail,
- elles exercent des métiers en voie de disparition, dans les SAV avec l’automatisation des tâches par exemple.
Notre objectif est de les accompagner sur des métiers en tension : sécurité, informatique dont le numérique, traitement des données, chefferie projet… Mais le secteur du numérique est encore trop marqué par des stéréotypes. De fait, l’orientation vers ces métiers n’est pas forcément évidente.
Combien de programmes animez-vous ?
Social Builder développe 4 grands programmes :
- Women in Digital : un programme de retour à l’emploi dans le digital dédié aux femmes sur 400 heures ;
- Horizon Numérique : une immersion en une semaine en distanciel pour présenter de grandes familles de métiers en vue d’une reconversion professionnelle. Il est développé avec Pôle emploi ;
- Exploration Numérique : un parcours de 3 semaines pour que des personnes très éloignées de l’emploi musclent leur projet professionnel pour accéder à une formation professionnelle ;
- SUNS : un parcours sur 80 heures en sessions digitales sur 3 mois qui combine des ateliers, du mentorat individuel, et des ateliers collectifs. Il s’adresse aux créatrices d’entreprise afin d’apprendre à faire du business avec des compétences digitales : création d’un site Internet, marketing digital, automatisation des tâches…
Nous avons aussi lancé d’autres initiatives :
- des formations certifiantes, sous forme de parcours de 3 à 18 mois en alternance, sur des métiers en tension qui répondent aux besoins de recrutement des entreprises. Nous travaillons avec beaucoup d’entre elles dans le secteur des services numériques pour l’accès à l’emploi ;
- l’école Business Apps avec Microsoft et WebForce 3 : accessible à partir d’un niveau bac+2, c’est une formation sur 15 mois pour former des femmes demandeuses d’emploi de longue durée avec des entreprises partenaires qui recrutent nos apprenantes. Celles-ci peuvent décrocher le titre professionnel de conceptrice ou de développeuse d’applications ;
- un chatbot d’orientation professionnelle (Adabot) qui présente les métiers du numérique (40 fiches métiers) et qui permet d’être mis en relation avec des professionnels parlant de leurs métiers. L’objectif fin 2023 est de recenser 30 000 utilisatrices d’ici fin 2023 ;
- des journées de sensibilisation « Forum Femmes & Numérique : Osez la Tech » qui donnent l’opportunité à des femmes de découvrir les métiers lors d’ateliers et de rencontrer des femmes qui viennent témoigner de leurs parcours. Le prochain forum se déroulera en mars 2023.
Ouverture d’une académie digitale en 2023
• En complément, en 2023, nous ouvrirons une académie digitale pour proposer nos formations en distanciel.
• L’objectif est d’élargir l’accès de nos formations sur des territoires que nous ne couvrons pas et de mettre nos contenus à disposition d’autres acteurs associatifs.
• Le premier programme de Social Builder concerné par cette académie digitale sera Horizon Numérique.
Sur quels partenariats vous appuyez-vous pour réaliser votre mission ?
Nous travaillons avec 300 entreprises sur des parcours de reconversion professionnelle.
Nous avons une grande proximité avec les acteurs de l’emploi comme :
- Pôle emploi,
- l’APEC,
- les missions locales,
- d’autres réseaux de proximité comme la Fédération nationale des CIDFF (FNCIDFF, réseau pour l’accès aux droits des femmes en France).
Nous travaillons aussi avec 300 entreprises dans le cadre de parcours de reconversion professionnelle pour mener nos apprenantes jusqu’à l’emploi : mentorat, ateliers de dynamisation professionnelle…
Avec des organisations professionnelles comme Numeum ou des OPCO comme Atlas, nous montons des projets communs pour former les salariés. Par exemple, nous proposons un nouveau MOOC gratuit dédié sur les bonnes pratiques professionnelles pour attirer les femmes dans le secteur du numérique (« Recruter les femmes dans le numérique ») .
Avec l’appui du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, nous publierons au printemps 2023 un baromètre avec Numeum et Kantar sur la place de la reconversion professionnelle des femmes dans les entreprises du numérique (IT et innovation technologique).
Femmes dans le numérique : deux opérations de sensibilisation et de communication
• Le 30/01/2023, une campagne nationale de sensibilisation sur les stéréotypes dans les métiers du numérique avec le slogan #FéminisonsLaTech a démarré en partenariat avec Mediatransports [ndlr : régie française des transports en commun du groupe Publicis]. « Nous interpellerons le grand public sur le sujet avec une campagne qui doit susciter l’attention de tous pour faire changer la perception genrée des métiers », déclare Emmanuelle Larroque.
• Le 16/02/2023 [et non le 17/02 comme indiqué auparavant], des Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques, initiées avec l’association Femmes@Numérique (dont Social Builder est partenaire), seront organisées au ministère de l’Économie et des Finances. Elles aborderont les dimensions d’orientation, d’éducation et de recherche notamment.
Adaptation d’une interview sur News Tank RH publiée le 01/02/2023. Pour accéder à l’intégralité des contenus, accédez à l’offre Découverte.