Formation

Impact IA & emploi : incursion dans Matrice avec le ministère du Travail et l’INRIA

Par Philippe Guerrier | Le | Organisme de formation

Une convention a été signée autour du programme LaborIA. Objectif : étudier l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Visite en photos de Matrice lors de l’officialisation de ce partenariat entre études et tests.

IA : signature d’une convention entre le ministère du Travail, l’INRIA et Matrice - © D.R.
IA : signature d’une convention entre le ministère du Travail, l’INRIA et Matrice - © D.R.

Comment associer l’intelligence artificielle aux domaines de l’emploi, de la formation, des compétences et du dialogue social ?

Dans le cadre du lancement du programme LaborIA,  le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, l’INRIA et Matrice (institut parisien d’innovation technologique et sociale) ont signé le 19 novembre une convention officielle.

Celle-ci porte sur plusieurs points : 

  • élaboration d’un baromètre sur l’IA au travail,
  • réalisation de projets IA avec les entreprises,
  • lancement entre septembre et décembre 2022 d’expérimentations avec les entreprises d’une durée de six mois,
  • création du Living Lab, un lab dédié à l’IA et ses effets sur le travail (travail, emploi, compétences, formations, dialogue social). 

« Nous allons traiter des enjeux de synthèse d’organisation du travail, de synthèse productive homme-machine, de changement sur le management et des nouvelles compétences autour de l’IA », indique François-Xavier Petit, Directeur général de Matrice, à l’occasion de la signature de la convention dans les locaux de l’institut au triple profil - centre de formation, incubateur et laboratoire - qui va fédérer les ressources pour ce programme LaborIA.

Depuis la création de la structure en 2016 (une excroissance de l’Ecole 42), 1200 personnes ont été formées ou sont passées par Matrice pour développer ses connaissances numériques ou acquérir des bases pour devenir développeur, a-t-on appris lors de la visite organisée dans ses locaux avant la signature de la convention. Ces formations s’inscrivent souvent dans le cadre d’un parcours d’un demandeur d’emploi inscrit à Pôle emploi.

La Matrice : visite du centre de formation - © D.R.
La Matrice : visite du centre de formation - © D.R.

IA et monde du travail : « Baliser le chemin »

« L’INRIA joue un rôle dans la stratégie nationale d’IA et dans le partenariat mondial sur l’Intelligence Artificielle (PMIA) en association avec une quinzaine de pays qui ont suivi cette initiative multipartite. Nous étudions l’impact de l’IA dans cinq grands champs, dont le travail », déclare Bruno Sportisse, Président de l’INRIA.

« LaborIA est le premier Living Lab français dans le cadre d’une plateforme d’observation qui va réunir plusieurs pays. L’IA tient beaucoup de promesses en termes de créativité mais elle peut aussi porter des interrogations, des craintes voire des fantasmes dans le monde du travail. Il faut savoir sur quelles valeurs les algorithmes ont été conçus en termes de management et de dialogue social »

« L’IA pose des tas de questions dans les domaines du travail, de l’emploi et des compétences. Ce que nous allons faire collectivement, c’est d’essayer de baliser le chemin, d’identifier les sujets importants a priori et d’intégrer les éléments avant d’en subir les conséquences. C’est assez vertigineux au regard de tous les défis lancés. Au-delà du volet de la formation académique, ce sujet m’intéresse compte tenu de la formation professionnelle qui fait partie de mes domaines de prédilection en tant que ministre », indique la ministre du Travail, Élisabeth Borne.

La Matrice : rencontre avec les jeunes entrepreneurs de l’incubateur - © D.R.
La Matrice : rencontre avec les jeunes entrepreneurs de l’incubateur - © D.R.

IA : l’impact des chatbots qui entrent dans le monde du travail

Le programme LaborIA comporte deux grandes orientations :

  • Approfondissement de la réflexion sur le rapport des entreprises et des acteurs publics à l’IA (débats, échanges…),
  • Déploiement d’expérimentations concrètes en situation de travail, sur des thèmes comme les conditions de travail, le recrutement, l’évolution des compétences et le dialogue social technologique.

Les phases d’expérimentation auront pour objectif :

  • de mettre une réelle collaboration humain-IA,
  • de contribuer à la réflexion autour des transformations managériales,
  • d’organiser un dialogue social sur la technologie et ses impacts,
  • de souligner l’analyse scientifique et la « mise en visibilité de cas d’usage clairs pour nourrir les politiques publiques et les stratégies des entreprises ».

« Par exemple, la question des conversations entre les personnes et des chatbots qui commencent à venir dans le monde du travail. La semaine dernière, le Comité national pilote d’éthique du numérique a remis au Premier ministre un rapport sur les chatbots conversationnels en adressant une quinzaine de recommandations. L’une de ses pistes est d’éviter que les concepteurs d’algorithmes brouillent les pistes entre l’humain et le non-humain. Cela nécessite des choix technologiques », selon Bruno Sportisse.

D’après l’OCDE, 32 % des emplois seront profondément transformés par l’automatisation au cours des vingt prochaines années.

 Matrice : table ronde avec des experts IA - © D.R.
Matrice : table ronde avec des experts IA - © D.R.