Paie

Rosaly facilite l’acompte sur salaire en France : vers des fins de mois plus sereines ?

Par Philippe Guerrier | Le | Législation paie

C’est un droit acquis mais méconnu en France : l’avance sur salaire. La startup Rosaly propose une solution digitale qui s’adresse à la fois au travailleur et à l’employeur.

Arbia Smiti, CEO et fondatrice de Rosaly : comment développer la pratique d’avance sur salaire ? - © D.R.
Arbia Smiti, CEO et fondatrice de Rosaly : comment développer la pratique d’avance sur salaire ? - © D.R.

Le saviez-vous ? L’acompte sur salaire est un droit en France mais il n’est pas automatique. Et Rosaly veut assurer vulgariser ce dispositif en mode digital.

« Cela marche bien aux Etats-Unis avec des services comme Earnin ou Dailypay, en Angleterre, en Amérique du Sud et cela commence en Asie. En France, c’est méconnu et mal appliqué avec des processus manuels dans les services RH en entreprise », évoque Arbia Smiti, qui a fondé fin 2019 cette start-up française à mi-chemin entre la RH Tech et la Fin Tech. Auparavant, cette entrepreneure avait créé une place de marché pour créateurs de mode (revendue depuis).

Entre la complexité administrative et les sorties de trésorerie à flexibiliser côté entreprise, Rosaly estime qu’il existe un potentiel de marché en proposant une solution de paie instantanée et d’acompte sur salaire.

« Conformément à l’article L3242-1 du Code du travail, votre employeur doit accepter votre demande d’acompte sur salaire s’il s’agit de votre 1ère demande ce mois-ci », précise une fiche pratique sur le site Internet du ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance.

Un levier utile pour fluidifier son niveau de vie voire éviter les risques d’endettement alors que 51 % des Français estiment éprouver des fins de mois difficiles.

Rosaly : une solution « indolore » pour la trésorerie d’entreprise

Sur son site Internet, Rosaly explicite sa démarche de « startup à impact social qui aide les entreprises à améliorer le bien-être de leurs salariés » en proposant une solution digitale pour centraliser les demandes d’avance sur salaire. Elle est compatible avec les principaux logiciels de paie et de gestion de temps comme ADP en vue d’une synchronisation du solde en fin de mois.

« Cette solution gagnante-gagnante se présente sous la forme d’une application côté salarié en CDD ou CDI et sous la forme de l’accès à une plateforme SaaS côté employeur. C’est indolore pour la trésorerie d’entreprise et les transferts d’argent sont réalisés de manière instantanée sur les comptes bancaires des salariés concernés », assure Arbia Smiti.

Car le point d’entrée du service est bien l’entreprise, qui doit accepter au préalable d’exploiter ce dispositif d’acompte. Rosaly explique que cette flexibilité sur le versement des salaires n’a pas d’impact sur la trésorerie des entreprises car c’est la startup qui prête de l’argent à l’entreprise qui verse les acomptes en prenant à sa charge les taux d’intérêt.

Pour y parvenir, Rosaly s’appuie sur une autre startup FinTech qui s’appelle Swan et qui dispose d’une solution de paiement adéquate agréée par l’ACPR et l’AMF (organes de supervision français de la banque, de l’assurance et des marchés financiers). « C’est juste une couche technique qui permet de créer des compte pour transférer de l’argent en instantané. Pour sa part, Rosaly opère à la place de l’entreprise sans toucher au besoin de fond de roulement (BFR) de l’entreprise », résume Arbia Smiti.

Le modèle économique repose sur un abonnement fixe de trois euros par salarié et par mois, plus 2 euros à partir du deuxième acompte réalisé dans le mois.

Le développement commercial de Rosaly est amorcé 

« Après une phase en bêta privé, nous venons d’ouvrir notre technologie et nous commençons à travailler sous forme de pilote avec quelques entreprises dans les domaines du retail, de l’alimentation, le service à la personne, et dans la santé. Nous en avons identifié six considérés comme importants pour notre développement prioritaire en France. Ensuite, le produit sera scalable au niveau européen », poursuit Arbia Smiti.

La fondatrice de Rosaly compte aussi attirer l’attention des entreprises de travail intérimaire, à commencer par les leaders du marché (ManPower, Adecco, Randstad) qui exploitent souvent leurs propres dispositifs d’acompte, mais aussi des acteurs de l’intérim digital comme Iziwork. « Il existe beaucoup plus de variables de données et donc de paie avec ce profil de société d’intérim. C’est une difficulté de plus sur laquelle nous sommes en train de travailler », précise notre interlocutrice.

Rosaly demeure une startup à effectif limité (cinq personnes) mais 20 postes sont ouverts (finance, marketing, vente et technologies). « Nous nous développons en fonds propre avec l’appui d’entrepreneurs au profil de super angels internationaux. Nous avons refusé l’entrée de fonds d’investissement pour l’instant », explique Arbia Smiti.