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Salaires dans la tech : au-delà des écarts, la sous-représentation des femmes à des hauts postes

Par Philippe Guerrier | Le | Rémunération

Un guide Figures - 50inTech sur les écarts de salaires entre hommes et femmes dresse un état des lieux dans le secteur tech sur 4 pays européens. La France est plutôt bien placée mais peut mieux faire, selon Virgile Raingeard, CEO de Figures.

Un guide Figures - 50inTech : comment réduire l’écart de rémunération hommes - femmes ? - © D.R.
Un guide Figures - 50inTech : comment réduire l’écart de rémunération hommes - femmes ? - © D.R.

Les acteurs du secteur technologique en Europe doivent encore fournir des efforts pour réduire l’écart de salaires entre les hommes et les femmes.

Une étude conjointe entre Figures, la start-up qui développe une application d’évaluation des salaires pratiqués dans la tech et la finance, et 50inTech, une plateforme de recrutement inclusif, a permis de souligner les déséquilibres qui subsistent entre divers pays européens : le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, et les Pays-Bas essentiellement. 

Les deux partenaires ont émis un guide pour en tirer des enseignements sous forme de baromètre. L’enquête n’a pas vocation à être représentative mais elle permet de distinguer des tendances.  

Ecart salarial dans le secteur tech : des différences de traitement

  • Avec l’écart salarial non-ajusté entre les sexes (c’est-à-dire prenant en compte l’écart de rémunération quelle que soit la localisation géographique ou la fonction métier prise), la moyenne se situe à 19 % en Europe, la France est mieux placée que le Royaume-Uni et l’Allemagne : 15 % contre 26 % au Royaume-Uni et 22 % en Allemagne.
  • Avec l’écart salarial ajusté entre les sexes (c’est-à-dire en comparant les salaires des hommes et des femmes qui occupent les mêmes fonctions dans un pays donné), les différences sont plus fines en raison notamment des mesures prises par la loi pour éviter les discriminations salariales en Europe et au Royaume-Uni : on parle d’une moyenne de 1,6 % dans le secteur tech en Europe. Sous cet angle, les Pays-Bas se démarquent (0,7 %) devant la France (1,6 %) et l’Angleterre fait figure de mauvais élève (2,2 %). 

« En fait, le problème de fond dépasse le prisme des écarts de salaires : il s’agit surtout d’une sous-représentation féminine dans les métiers les plus rémunérateurs, souvent associés à des postes de direction », analyse Virgile Raingeard, cofondateur et PDG de Figures.

Représentativité féminine : le déséquilibre

Au niveau des postes à responsabilité

  • Les postes de comité de direction (« C-Level ») ne sont représentés qu’à 17 % par des femmes. « C’est un vrai plafond de verre. Plus on monte dans la hiérarchie, moins il y a de femmes », indique Virgile Raingeard.
    Tout en reconnaissant un certain impact des lois Copé-Zimmermann (2011) et Rixain (2021) qui visent à favoriser un rééquilibrage entre les managers masculins et féminins dans les instances de gouvernance et de direction opérationnelle. « Cela va dans le bon sens et devrait ruisseler sur l’ensemble des organisations. »
  • Il y a seulement 11 % de femmes dans les équipes de développement, contre 82 % parmi les fonctions support.

Au niveau des salaires

  • 74 % des Françaises interrogées se sentent « sous-payées » ;
  • Les femmes entrepreneures se paient en moyenne 25 % de moins que leurs homologues masculins ; 
  • 7 % des femmes ne postuleront pas si le salaire n’est pas mentionné sur l’offre d’emploi ;
  • 83 % d’entre elles estiment que l’indication du salaire sur les offres d’emploi devrait être « une priorité ».

*Données issues de l’enquête 50inTech réalisée auprès de 472 personnes (91 % de femmes et 7,5 % d’hommes dont 1,5 % n’ont pas cité leur sexe) et principalement en Europe.

4 propositions pour réduire l’écart de rémunération entre les sexes

• Mesurer l’écart de rémunération entre les salariés hommes et femmes de manière constante,
• Agir pour accroître la transparence des salaires (politique de rémunération, grille des salaires…),
• Améliorer les méthodes de recrutement dans le sens d’une meilleure prise en compte de la parité femmes-hommes,
• Etendre les options de flexibilité. 

« Il faut plus d’informations lors du recrutement pour permettre aux femmes de comprendre leur valeur et de disposer d’atouts pour négocier. Les entreprises tech doivent s’engager aussi à une véritable transparence et à fournir un soutien et une formation pour que les femmes puissent évoluer dans leurs structures », selon Hélène Lucien, Chief Product Officer de 50inTech qui a supervisé cette étude avec Figures. 

La contribution blog datée du 9 mars 2023 pour accéder au téléchargement du guide Figures - 50inTech (en anglais)