« J’ai constitué un »Y Comex« composé de jeunes volontaires »
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Matelot, amiral puis DRH de la Marine Nationale, Olivier Lajous est, depuis juin 2018, le président du Directoire de BPI Group. Quels changements cet homme d’action, qui a été élu DRH de l’année en 2012, y a d’ores et déjà impulsés ? Quel regard porte-il sur la transformation digitale ? Rencontre
Comment accompagnez-vous les entreprises dans leur transformation digitale ?
Nous accompagnons les entreprises dans la transformation des métiers, des compétences et de leur organisation. Lorsque l’on remplace des caissières par des automates ou des guichetiers de banques par des logiciels, tout est à réinventer. En laissant aux machines des gestes répétitifs, d’autres métiers plus créatifs, basés sur le relationnel ou l’analyse de données émergent. La révolution digitale est donc une opportunité : elle repositionne l’homme au cœur de l’entreprise. Lorsque nous intervenons auprès des sociétés, nous réalisons un diagnostic de la situation et sondons l’ensemble des collaborateurs. L’idée est d’avancer collectivement pour identifier les leviers de motivation de chacun et le chemin de la performance. Aussi, nous co-construisons, au cas par cas avec chaque client, un plan de transformation. Nos volets d’action vont de la déclinaison d’une stratégie RH au développement de compétences, en passant par de la restructuration voire au changement culturel de management.
En reprenant les rênes de BPI Group, quels changements avez-vous insufflé ?
Puisque BPI Group a longtemps été identifié comme un cabinet d’accompagnement dédié à la restructuration via des PSE, j’ai souhaité valoriser l’ensemble de ses activités. J’ai donc renouvelé l’équipe dirigeante en instaurant trois corps de métiers. « Territoires et emploi » vise l’accompagnement dans le cadre de restructuration. « Talents et compétences » est basé sur l’assessment, le coaching, la définition de parcours de formations. « Organisations » pointe l’accompagnement des entreprises dans leur politique RH (RSE, GPEC…). Grâce à cette approche, nous couvrons désormais 17 villes dont Nantes, Montpellier, Tours, Marseille… Sur chacun de ces territoires, une quinzaine de consultants et de commerciaux partent à la rencontre des PME et des ETI. Enfin, parallèlement à notre Comex, j’ai constitué un « Y Comex » composé de 7 jeunes volontaires de moins de 35 ans qui représentent l’ensemble de nos métiers. Ces forces vives impliquées dans notre stratégie sont amenées à témoigner auprès de nos clients afin de les inciter à mettre en place ce type d’initiative.
Quel regard portez-vous sur la transformation digitale ?
Si le numérique implique de profondes mutations sur les organisations, il influe également sur les comportements humains. Demain, à l’instar des « slasheurs », les gens combineront plusieurs activités professionnelles. Comment faudra-t-il les manager ? Cela concerne tous les métiers. Prenons l’exemple d’un tourneur-fraiseur, une denrée rare sur le marché. Certains d’entre eux, rattachés via des groupements d’employeurs, travaillent parallèlement dans 3 ou 4 entreprises différentes, tout en ayant signé un CDI unique. Dans les années à venir, ces modalités de travail devront être consolidées juridiquement pour que cela soit plus fluide. Par ailleurs, je constate que les jeunes générations ont moins d’attrait pour les entreprises aux modes d’organisations vieillissants. L’heure est à l’économie circulaire, voire solidaire. La qualité de vie au travail est essentielle pour s’attirer leur faveur, tout comme la marque employeur des entreprises.
Gérald Dudouet