« Le rôle des RH évoluera vers la responsabilité sociale de l’entreprise »
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Comment la fonction RH évolue-t-elle aujourd’hui ? Et surtout, quels défis devra-t-elle relever demain ? C’est à ces questions hautement stratégiques que Jean-Christophe Sciberras, directeur des relations sociales du groupe Solvay, répondra, à l’occasion de l’événement Think RH, qui se déroulera le 29 novembre prochain à Paris. Une keynote qui promet aux décideurs RH de prendre de la hauteur sur leur métier, en pleine mutation
Comment voyez-vous évoluer la fonction RH ?
Pendant 4 ans, j’ai été le président de l’ANDRH. Ce que j’ai pu remarquer, c’est que cette fonction est questionnée dans son rôle. Je vois émerger des mouvements de fond qui pourraient laisser croire que l’entreprise peut se passer d’elle. L’un des tendances est par exemple de responsabiliser les managers sur le volet du recrutement. On les encourage aujourd’hui à participer aux entretiens d’embauche. Les salariés sont, quant à eux, invités à être « acteurs » de leur avenir professionnel. Via les outils digitaux, parfois une simple application mobile, ils peuvent par exemple gérer leurs mobilités.
La digitalisation encourage-t-elle ce mouvement ?
Les systèmes d’informations donnent de l’autonomie aux managers et aux salariés pour réaliser ces nouvelles missions. Grâce à ça, les managers gagnent en réactivité, en échangeant directement avec les salariés sans passer par les services RH. Ils deviennent plus proches de leurs collaborateurs. Mais le risque, c’est qu’ils s’éloignent de leur cœur d’activité. Les managers sont déjà très sollicités : leur sac à dos est lourd. Jusqu’ici, la fonction support qu’est la DRH pouvait les décharger de certaines tâches. La question de l’acceptabilité du manager est légitime.
Quel sera le rôle de la fonction RH demain ?
Son rôle évoluera vers la responsabilité sociale de l’entreprise. Le professionnel RH est aujourd’hui le garant du respect du développement des hommes et des femmes au sein de son entreprise. Mais dans un contexte « d’entreprise élargie », ce professionnel aura également une responsabilité envers les salariés de ses sous-traitants, ses indépendants… Sa mission sera dorénavant de s’intéresser au sort des travailleurs, et non simplement de celui des salariés. Ce travail sera certainement mené avec la direction des achats de l’entreprise, avec qui, jusqu’ici, la fonction RH échangeait peu.
Quels autres défis devra-t-elle relever ?
Elle devra maîtriser l’interculturalité propre au contexte de globalisation. Pour y parvenir, un travail de remise en question sera nécessaire. La fonction RH devra revoir ses compétences socles, notamment maîtriser l’anglais. Travailler avec des équipes interculturelles suppose d’aller sur le terrain, d’écouter les managers locaux, et pas uniquement les chefs. Il existe beaucoup de pays comme le Brésil où il faut avoir rencontré les gens pour pouvoir ensuite travailler avec eux. Une fois ce « minimum de confiance » créé, les outils digitaux, qui facilitent le travail à distance, sont d’une grande aide.
Pour découvrir le programme complet de Think RH et s’inscrire : https://rh.newstank.fr/fr/thinkRH2018/program/
Aurélie Tachot