Le travail temporaire pris dans la tourmente de la crise sanitaire
Le | Intérim
Prism’emploi, l’organisation professionnelle de référence du travail temporaire, a ressenti un impact fort courant mars avec l’impact économique lié à la crise Covid-19
Le marché du travail temporaire est déjà sévèrement affecté par la crise Covid-19. Prism’emploi, l’organisation professionnelle qui regroupe plus de 600 entreprises de travail temporaire et leurs agences d’emploi, estime que l’activité pour la période du 16 au 31 mars 2020, correspondant à l’accélération en cours des mesures prises de confinement, va chuter de 75 %.
L’arrêt est brutal : rapportée en nombre d’équivalents temps plein (ETP), la perte d’emplois imputable à la crise sanitaire s’élèverait à 557 500 ETP entre la première et la seconde moitié du mois de mars. Les secteurs les plus impactés sont l’industrie et le BTP qui emploient près de 60 % des salariés intérimaires.
Dans l’attente d’une relance vigoureuse
« Les chiffres sont catastrophiques », évoque Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi, interrogée par News Tank. « Cette crise est tellement particulière et, pour la première fois, nous avons été impactés en même temps que les autres. »
« Nous souhaitons que la reprise, grâce aux mesures d’accompagnement du gouvernement qui sont sans précédent dans leur ampleur et leur nature, puisse rassurer rapidement tous les acteurs économiques et produire une relance vigoureuse », souhaite-t-elle.
Prism’emploi se déclare « pleinement mobilisé et en dialogue constant avec les autorités publiques pour accompagner ses adhérents et les aider à maintenir la continuité de leurs services et une partie de l’emploi intérimaire ». L’organisation les accompagne pour appliquer les mesures économiques et financières mises en œuvre par les pouvoirs publics pour soutenir les entreprises, en particulier le report des échéances sociales et fiscales et le recours au dispositif de chômage partiel dans les conditions prévues par les textes.
« Nous avons une attente forte en ce qui concerne la possibilité réelle, pour nos salariés intérimaires, de rejoindre leur lieu de mission. Les attestations demandées par le ministère de l’Intérieur sont sous format papier, or nos salariés intérimaires fonctionnent sous un mode digitalisé. Ils ont leur smartphone mais ne disposent pas tous d’une imprimante domestique leur permettant de produire ces justificatifs en papier. En toute rigueur, il faudrait qu’ils produisent un justificatif papier pour chaque adresse correspondant à chaque lieu de mission », évoque Isabelle Eynaud-Chevalier.
Dispositif d’activité partiel enclenché
Les entreprises de travail temporaire peuvent bénéficier du dispositif d’activité partielle pour leurs salariés intérimaires, dès lors que leurs clients arrêtent les contrats de mise à disposition. « Nos organisations syndicales de branche et nous-mêmes souhaitons que les salariés intérimaires bénéficient des mesures de protection qui sont mobilisées pour les salariés permanents et pour les entreprises utilisatrices. Il est important de rappeler dans cette période que les entreprises utilisatrices se souviennent qu’elles sont responsables des conditions de travail sur les lieux d’exécution des mission. C’est dans le Code du Travail », précise Isabelle Eynaud-Chevalier.
L’organisation intrinsèque Prism’emploi s’est adaptée à un « mode de gestion de crise ». « Nous avons des relations multi-quotidiennes avec nos adhérents. Nous leur diffusons de l’information en continu via notre site Internet pour répondre à leurs inquiétudes. Nous avons aussi une hotline avec une réponse soit téléphonique et écrite. Notre CA se tient depuis le 17/03 de manière quotidienne pour pouvoir prendre toutes les décisions stratégiques qui s’imposent dans un contexte aussi grave qu’inhabituel », évoque Isabelle Eynaud-Chevalier. Les prochains mois vont probablement s’avérer difficiles.