Manpower confie la présélection de candidats à une IA
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Zara : c’est le nom du nouvel assistant des consultants de Manpower. Ce personnage virtuel représenté par un avatar - et non une interface textuelle - automatise la présélection des candidats en leur posant des questions et en analysant, via une caméra et un micro, leurs vocabulaires, leurs gestes, la tonalité de leurs voix… Dopé à l’intelligence artificielle, cet outil s’adresse en priorité aux entreprises ayant de forts volumes de candidatures à traiter
La « digital room » de ManpowerGroup a accroché plus d’un regard au dernier salon VivaTech ! Le visiteur était invité à rentrer dans une bulle en forme d’œuf. En face de lui, se trouvaient un moniteur et une caméra. Pendant une dizaine de minutes, le visiteur transformé en candidat participait à un pré-entretien d’embauche virtuel. Un avatar, baptisé Zara, lui posait une série de questions puis lui faisait passer un test QCM pour évaluer sa capacité à occuper le poste à pourvoir. Dans la vraie vie, pas de bulle. Un lien est envoyé sur le smartphone ou l’ordinateur du candidat qui le connecte à Zara. Cette « digital room » s’adresse aux entreprises qui ont des volumes d’embauche soutenus. Notamment les banques qui recrutent en masse des chargés de clientèle ou les acteurs de la grande distribution pour le métier de chef de rayon.
« Sur 1000 candidats évalués par Zara, cent ou deux postulants répondant à tous les critères seront présélectionnés pour passer un entretien, illustre Christian Boghos, directeur général communication, marketing stratégique et influence de Manpower. La solution automatise la phase de présélection, particulièrement chronophage pour les chargés de recrutement. Elle réduit aussi la durée du process de recrutement. » Un gain appréciable dans le contexte actuel de guerre des talents. Autre argument avancé par le spécialise de l’intérim : la disponibilité du dispositif. Zara est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et s’adapte donc aux candidats en poste qui ne peuvent décrocher leur téléphone chez leur employeur actuel.
Eliminer les biais du recrutement
Zara pose les questions génériques qu’aurait formulé un recruteur au téléphone lors du premier contact avec le candidat. Un script que l’employeur personnalise en fonction du profil recherché. Pour occuper, par exemple, un emploi de commercial terrain, Zara s’assure que le postulant répond à tous les critères définis : la maîtrise de l’anglais, le permis B et un lieu de résidence à 30 km maximum du siège social. Mais à la différence du téléphone, Zara « voit » le candidat. Dopé à l’intelligence artificielle, l’avatar analyse son langage - utilise-t-il les mots de la profession ? - et les expressions de son visage - le candidat est-il à l’aise avec les questions posées ? -, à l’image de ce que propose Easyrecrue pour les entretiens vidéo. Le candidat est averti de ce traitement et donne son autorisation pour que soient activés le micro et la caméra de son smartphone ou de son ordinateur. Il reçoit aussi une restitution des résultats : les points forts et les points de vigilance de sa personnalité, ses sources de motivation et de démotivation.
Pour affiner la sélection, Manpower propose de compléter le dispositif avec un autre outil : la plateforme d’assessment ASkE qui évalue les compétences techniques et comportementales du candidat. « La machine ne décide de rien, tempère Christian Boghos. Zara n’est pas une DRH virtuelle.Le recruteur reste décisionnaire. »En revanche, la solution supprime, selon lui, les biais conscients ou inconscients que pourrait avoir l’homme sur des sujets liés au sexe, à l’âge ou à la race du candidat. 100 % objective, Zara n’émet pas de jugements de valeur.
Xavier Biseul