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Randstad confie la préqualification de candidats à un chatbot

Le | Intérim

Début 2018, Randstad a procédé au recrutement d’un assistant RH un peu spécial : Randy. Ce chatbot dédié au recrutement a été testé pendant un an dans 12 départements français. Le groupe d’intérim le trouve désormais suffisamment abouti pour être déployé dans ses 650 agences de France. Sa mission : préqualifier des candidats pour le compte des consultants du groupe

Randstad confie la préqualification de candidats à un chatbot
Randstad confie la préqualification de candidats à un chatbot

« Tout a débuté par une réflexion autour de l’expérience candidat  », explique d’emblée Christophe Montagnon, directeur SI & Innovation de Randstad. Challengé par une poignée d’étudiants de l’école CentraleSupélec, avec laquelle il a créé une chaire sur l’intelligence artificielle et le recrutement, le groupe a réalisé que l’expérience délivrée aux futurs intérimaires manquait d’échanges et que le mode conversationnel pouvait pallier ce manque. Début 2018, il a donc développé un chatbot de recrutement, avec la société Illuin Technology, spécialisée dans l’IT et la start-up Pymétrics, spécialisée dans les neurosciences appliquées à l’évaluation. Disponible sur Facebook Messenger et sur le site web de Randstad, Randy est chargé de pré-qualifier les candidats avant de les diriger vers les consultants en agence. L’une de ses particularités, c’est qu’il ne se contente pas de répondre à leurs questions.  « Via notre plateforme de Big Data, qui scanne toutes les offres d’emploi et pas uniquement celles de Randstad, nous disposons d’informations sur le nombre de postes ouverts en CDD, en CDI, en intérim… sur un bassin d’emploi. Puisque le candidat partage sa recherche avec nous, nous partageons, à notre tour, un état des lieux de son marché de l’emploi  », explique-t-il. 

Des jeux cognitifs pour évaluer les soft skills

Au cours de l’échange, Randy pose des questions ciblées aux candidats. « Ces questions sont issues des tests métiers que nous possédons en interne. Nous posons les questions les plus critiques, à même d’écarter des incertitudes, par exemple sur un schéma de câblage ou sur les principes de sécurité s’il s’agit d’un électricien », illustre-t-il.L’étape suivante - optionnelle - est certainement la plus originale : via des jeux cognitifs et des QCM, Randstad s’enquiert du profil émotionnel et des compétences comportementales de ses candidats. « Ces jeux sont uniquement soumis aux candidats visant des postes où l’interaction est importante. Ils nous permettent de donner des éléments d’enrichissement aux candidats et à nos consultants », précise-t-il. Car la mission de Randy est d’envoyer une sélection de profils aux professionnels en agence. « Chaque profil se voit attribué un score de 1 à 3. Le score 1 correspond aux bons profils convoitant un poste disposant d’un besoin élevé. Le score 2 correspond aux candidats inférieurs et/ou dont le marché de l’emploi est moins porteur. Le score 3 correspond à ceux qui n’ont pas les connaissances métiers requises pour le poste », explique-t-il. Quel que soit le score obtenu par le candidat, une liste d’offres d’emploi correspondant à sa recherche est envoyée.

20 000 contacts initiés en mars 2019

Outre l’amélioration de l’expérience candidats, ce chatbot offre, à Randstad, un gain de temps dans l’étape de préqualification ainsi qu’un élargissement de son vivier de recrutement. « Avoir déployé Randy sur Facebook Messenger nous a permis de toucher une cible que nous n’avions pas l’habitude de toucher en agence », confirme Christophe Montagnon. En mars 2019, Randy a initié une conversation avec 20 000 candidats. Sur ces 20 000, 10 000 ont accepté d’interagir avec le chatbot, c’est-à-dire de lui indiquer son métier et de consulter les offres d’emploi envoyées. Toujours en mars, 2000 candidats ont été scorés, dont 802 avec le score 1. Des chiffres qui devraient grandir au vu des futures évolutions du chatbot. Le groupe d’intérim souhaite en effet apprendre à Randy de nouveaux métiers.  Aujourd’hui, il en connaît 28 (dont 5 dans la santé), sur lesquels le groupe formule d’importants besoins de main d’œuvre. L’objectif est d’atteindre une quarantaine de métiers d’ici fin 2019. Le chatbot devrait également évoluer pour permettre aux consultants de poursuivre le dialogue avec leurs candidats, lors de la collecte des pièces liées à la signature d’un contrat d’intérim, lors de la mise à jour de leur disponibilité… Randy devrait enfin être déployé à l’échelle internationale.

Aurélie Tachot