Formation

Cegos : « Nous avons accéléré sur notre offre de formation à distance »

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Sur fond de résultats 2019 mitigés, Cegos, spécialisé dans la formation professionnelle, essaie de capter les tendances post-confinement en adaptant son catalogue.

Benoit Felix, membre du directoire Cegos - © MICHEL LABELLE
Benoit Felix, membre du directoire Cegos - © MICHEL LABELLE

C’est mieux quand c’est dit : « 2020 sera clairement une mauvaise année ». En commentant les résultats financiers de Cegos en 2019 publié le 1er juillet (voir encadré), José Montes, président du groupe spécialisé dans la formation professionnelle, admet que la crise Covid-19 se révèle « d’une ampleur et d’une complexité inédite ». Mais il prend déjà position sur le rebond.

« Cette crise agit comme un révélateur du rôle absolument crucial de la formation. Et bien entendu, comme il l’a fait au cours de l’histoire depuis près d’un siècle, le groupe Cegos sera au rendez-vous pour faire du développement des compétences un levier de compétitivité et d’employabilité. »

Avec la pandémie Covid-19, Cegos a adapté son offre en poussant ses solutions distancielles composées d’une gamme de 50 formations « full digital ».

Avec la période post-confinement, les perspectives de reprise d’activité se précisent avec un redéploiement global des dispositifs (présentiels, à distance ou parcours mixtes). En France, les formations dans les lieux physiques sont de nouveau assurées depuis le 25 mai 2020 dans le respect des protocoles de sécurité sanitaire.

Parallèlement, Cegos garde un œil sur l’essor du CPF, qui remodèle le paysage de l’offres en formations. Le groupe a mis en place « l’offre la plus large du marché » de certification éligible avec 200 titres.

Benoit Felix, membre du Directoire du groupe Cegos, revient sur cette période tumultueuse dans un entretien accordé à notre partenaire News Tank RH (extrait).

Comment Cegos a-t-il adapté son offre de formation avec le confinement ?

Le volume de formations distancielles va progresser.

Nous avons accéléré sur notre offre à distance avec le développement de l’offre 100 % digitale « Up » : cette offre donne la possibilité, sous un nouveau format de quelques semaines, d’alterner l’acquisition de compétences en ligne et des mises en œuvre pratiques dans son environnement de travail.

Nous avons aussi lancé 700 formations sous un format de « classes à distance » via des outils de travail type Zoom ou Microsoft Teams. Ces formats 100 % distanciels ont connu un véritable engouement sur les mois d’avril, mai et juin.

Nous aurons, et c’était déjà la tendance, un volume de formations distancielles qui va progresser. Mais l’équilibre entre le 100 % distanciel et la formation mixte (alliant présentiel + distanciel) est difficile à anticiper pour l’instant.

Nous croyons à l’interaction humaine. Même si la satisfaction des apprenants est forte sur les formats distanciels, l’ancrage des savoirs se fait mieux avec le formateur et avec les autres participants, que ce soit en salle ou en classe virtuelle.

Nous anticipons un taux de formation 100 % à distance beaucoup moins important sur le dernier trimestre 2020, par rapport au 2e trimestre. C’est comme pour le télétravail : il a été adopté de manière massive pendant le confinement, mais les salariés vont devoir revenir dans les entreprises, au moins à temps partiel.

Quelle est la part des formations 100 % à distance dans votre catalogue ?

50 % de notre catalogue de formations est accessible à distance. En revanche […], nous n’anticipons pas pour les années à venir un niveau de consommation de formation à distance équivalent à ces 50 %. Nous proposons depuis longtemps ce type d’offres 100 % distancielles, qui étaient jusqu’à présent peu consommées.

Quelles formations sont particulièrement demandées ?

Avec la montée en puissance du télétravail, les formations de management à distance fonctionnent bien.

Les formations qui concernent le management à distance fonctionnent très bien depuis quelques mois. Cet engouement correspond évidemment au développement massif du télétravail et à la nécessité pour certains managers de s’adapter à ce mode de travail, qui existait déjà mais s’est généralisé.

Les formations autour de la gestion de projet ont également le vent en poupe. C’est un mode de travail qui, il y a quelques années, était surtout l’apanage de l’industrie.

Mais aujourd’hui les compétences liées à la gestion de projet sont demandées dans de nombreux secteurs d’activité, je pense notamment à la grande distribution, à l’assurance ou au marketing.

Comment accueillez-vous les annonces du gouvernement d’un investissement de 1,5 milliard d’euros dans la formation et de l’ouverture de 200 000 places supplémentaires sur des formations certifiantes ?

La formation et la montée en compétences des salariés sont des sujets qui font l’unanimité. Les responsables politiques ont bien compris le besoin de montée en compétences, qui est un véritable enjeu, notamment pour les personnes sans emploi dans le contexte actuel.

L’autre sujet est celui de l’employabilité des personnes en activité, dans un contexte où les besoins des entreprises évoluent.

C’est un sujet qui ne concerne pas que la France : d’autres pays font face à ce manque de compétences disponibles et ont compris l’impérieuse nécessité de mettre en place des dispositifs qui responsabilisent entreprises et individus quant à la formation tout au long de la vie.

Une année 2019 en demi-teinte

En 2019, le chiffre d’affaires de Cegos se situe à 200 millions d’euros, dont 137 millions réalisés en France en 2019 (+ 1 % par rapport à 2018).

• Dans l’Hexagone, les indicateurs des branches Cegos SA (formation clés en main et sur mesure) et IB (filiale formation du Groupe Cegos dédiée aux technologies et métiers de l’informatique) sont stables. Le CA de Cimes (filiale spécialisée dans la gestion externalisée de la formation) progresse de 6 %.

• A l’international, la situation est à nuancer en fonction des performances par pays : +10 % en Italie, +15 % au Portugal, +6 % en Suisse mais -10 % en Chine, -5 % en Espagne, et -3 % en Allemagne. Au global, le chiffre d’affaires réalisé hors France du groupe Cegos atteint 63 millions d’euros en 2019, est en baisse de 3 %.

• L’activité Distributeurs du Groupe (regroupant les partenariats de diffusion des solutions digital learning de Cegos) progresse de +14 % en 2019.

La fin de l’année 2019 aurait plombé la performance globale de Cegos, sur fond de conflits sociaux et de grèves en France liés à la politique sociale du gouvernement (en particulier avec le débat sur la réforme du système de retraite).

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