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VivaTech 2023 : « l’IA passe par une accélération dans les formations » (Emmanuel Macron)

Par Philippe Guerrier | Le | Organisme de formation

Le président de la République a ébauché les piliers de la stratégie nationale révisée autour de l’IA. « En France, nous avons les talents et les compétences fondamentales dont on a besoin pour l’IA », a-t-il évoqué lors de son passage sur le salon technologique parisien.

VivaTech 2023 : session spéciale IA avec Emmanuel Macron, président de la République - © D.R.
VivaTech 2023 : session spéciale IA avec Emmanuel Macron, président de la République - © D.R.

Dans l’enceinte de VivaTech, le président de la République se sent comme un poisson dans l’eau avec son bain de foule traditionnel dans l’écosystème numérique.

La session d’inauguration d’Emmanuel Macron sur le salon technologique parisien s’est déroulée le mercredi 14 juin sous le signe de l’intelligence artificielle (IA).

L’intervention sur scène du président de la République, qui était entouré d’entrepreneurs de sociétés innovantes françaises*, a permis d’esquisser les grands axes de l’épisode 2 de la stratégie IA nationale, à englober :

  • dans un cadre de régulation européenne sur l’IA en cours de gestation,
  • dans une « doctrine IA » associée au Forum de Paris sur la Paix qui traite de sujets de gouvernance mondiale.

AI Act : un premier pas vers la régulation de l’IA

« • Il faut en même temps accélérer la recherche et l’innovation pour créer un écosystème puissant et participer à une régulation avec le plus large périmètre possible », a déclaré le président de la République à VivaTech.
• Alors que l’AI Act vient d’être votée le même jour par le Parlement européen. Ce texte, qui reste à faire valider par le Conseil, a vocation à favoriser l’exploitation de l’IA en respectant le droit et les valeurs en Europe et à prôner une certaine transparence des pratiques associées à ces technologies dont l’intérêt a redoublé avec le déploiement à grand échelle de « l’IA generative » (comme ChatGPT de l’Américain OpenAI).

Un cadre pour penser « aux débouchés de l’IA »

Pour la 7ème édition de VivaTech, Emmanuel Macron a démarré son intervention par l’intensification de l’effort de formation en lien avec l’essor de l’IA.

« La régulation est nécessaire. La question est de savoir comment se re-synchroniser », évoque le président en faisant allusion à la compétition technologique mondiale autour de l’IA avec les Etats-Unis, La Chine voire le Royaume-Uni en avance par rapport à l’Europe continentale.

« Nous devons aller beaucoup plus loin et plus fort dans les investissements, élaborer un cadre qui permet de penser aux débouchés de l’IA avec ces conséquences sociétales, sociales et économiques et créer un cadre de régulation intelligent. Ce sont les 3 piliers de la deuxième génération du plan IA que l’on veut réaliser », indique le président de la République.

Le volet originel de la stratégie nationale sur l’IA avait été présenté en 2018 sur fond de publication d’un rapport sur l’IA rédigé par le mathématicien (et à l’époque député) Cédric Villani.

IA : nombre de formations « à doubler »

« Comment créer plus de champions technologiques, comment innover davantage et comment faire mieux ? Je souhaite que cette stratégie nationale soit déclinée ensuite au niveau européen », indique le président de la République.

  • « Il faut d’abord accélérer dans les formations. En France, nous avons les talents et les compétences fondamentales dont on a besoin pour l’IA. Nous avons des bons organismes de recherche et des bonnes universités.
  • Il faut que l’on se donne comme objectif de doubler le nombre de formations et de faire émerger 5 à 10 clusters IA à hauteur de 500 millions d’euros pour en dégager 2 à 3 références mondiales », indique Emmanuel Macron.

Le président de la République évoque ensuite le nécessaire renforcement des capacités de calcul informatique avec les supercalculateurs (comme le plus puissant d’entre eux en France baptisé Jean Zay) avec des « coûts énergétiques compétitifs et décarbonés » et le « développement de modèles IA génératives propres via l’open source et la transparence et de modèles LLM européens ».

  • « Nous allons amorcer avec 40 millions d’euros d’argent public et des acteurs du secteur privé qui seraient prêts à s’engager beaucoup plus. Et ce, afin de lancer un grand challenge sur l’IA d’usage général pour attirer les meilleurs projets en France.
  • L’idée, c’est d’avoir un effet d’entraînement avec cet investissement, de créer ce grand challenge, d’utiliser l’écosystème des entrepreneurs, des grands groupes et des académies pour être en mesure de mettre des gros tickets [d’investissement] sur ces sujets à travers des partenariats public-privé », évoque Emmanuel Macron.

Une mission IA pour mesurer les impacts

Autre piste esquissée : « Nous allons créer un fonds d’amorçage pour les acteurs les plus émergents de 50 millions d’euros, opéré par Bpifrance ».

Dernière initiative annoncée sur la scène principale de VivaTech :

  • « Le lancement d’une mission aboutira à la fin de l’année pour regarder les impacts économiques et sociaux de l’IA ;
  • Il faudra expliquer que, si l’IA bouscule certains emplois existants, cela pourrait préserver sur le sol national des emplois qui iraient à l’autre bout du monde. »

Le président de la République a également souhaité que l’Etat, les collectivités et les services publics s’emparent du potentiel IA. « On doit s’approprier du côté de l’action publique ces nouveaux usages pour être beaucoup plus efficaces, faire des économies et avoir un meilleur service », précise-t-il.

Légende photo : sur la scène autour d’Emmanuel Macron, 4 entrepreneurs : Arthur Mensch (CEO, cofondateur Mistral.AI), Laurence Grand-Clément (CTO EnHywhere), Tatania Jama (Manager Partner, Sista Fund), Gilles Meyer (CEO d’Actronika)

Financement de l’innovation en France : initiative Tibi 2 activée

• Sur le volet du financement de l’innovation en France, le président de la République Emmanuel Macron et le gouvernement ont annoncé le lancement de la phase 2 de l’initiative Tibi. Elle vise à « accroître la capacité de financement des entreprises technologiques en mobilisant l’épargne des investisseurs institutionnels, au premier rang desquels les assureurs ».
• Cette nouvelle phase porte pour le moment sur 7 milliards d’euros de fonds privés pour le développement des entreprises technologiques. « Elle donnera la priorité à la décarbonation de l’économie, en lien avec le plan Industrie verte, et aux projets de haute technologie », précise le ministère.
• Le nom Tibi fait référence à Philippe Tibi, président du comité exécutif et des comités techniques du projet « Financement Scale-UP » au sein du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, qui a lancé ce dispositif de soutien financier à l’innovation en 2019.
• Dans le cadre de la phase 1 de l’initiative Tibi, 23 investisseurs institutionnels français s’étaient engagés à investir 6 milliards d’euros dans la période 2020-2022 dans des fonds de capital-investissement et dans des fonds d’actions cotées établis en France qui soutiennent l’écosystème d’innovation dont la French Tech pour le segment du numérique.