Adecco évalue l’intelligence émotionnelle des candidats

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L’intelligence émotionnelle est une compétence de plus en plus scrutée par les experts RH. A l’heure où les environnements de travail sont en perpétuelle transformation, les entreprises ont besoin de s’appuyer sur des équipes encadrantes solides, sur le plan technique comme émotionnel. « Face aux nouvelles pathologies professionnelles qui apparaissent, il nous a semblé intéressant d’évaluer le quotient émotionnel d’un candidat et ainsi d’anticiper la manière dont il pourra gérer les changements de rythme », explique Laurent Da Silva, directeur général de Badenoch & Clark France et Spring. Après deux années de recherche scientifique, la filiale du groupe Adecco et l’EM Lyon ont ainsi imaginé QE Pro, un test d’évaluation permettant de mesurer cette forme d’intelligence. Construit autour de 35 questions et mises en situations, l’outil promet d’aider les managers et les dirigeants sur deux leviers : le diagnostic de leur propre état émotionnel et de celui des autres ainsi que « la mise en place du bon comportement pour favoriser l’épanouissement de son équipe », précise-t-il. En d’autres termes, QE Pro permet de mesurer la capacité d’un individu à résoudre des problèmes émotionnels - un accès de colère, une situation de stress - en prenant les bonnes décisions. La particularité c’est que l’évalué ne peut pas tricher ! A la différence des tests qui ont émergé dans les années 90, QE Pro ne leur permet pas de deviner le sens des questions et donc d’orienter leurs réponses.

Les RH, les psychologues de demain ?

Contrairement au quotient intellectuel, le quotient émotionnel évolue au fil d’une carrière. Le compte-rendu d’évaluation de  QE Pro, qui classe les candidats selon cinq catégories, est donc en mesure d’encourager les managers à consolider ou acquérir certaines compétences émotionnelles. De là à indiquer ces dernières sur un CV, il n’y a qu’un pas que certains candidats franchiront certainement. Pour Laurent Da Silva, cette démarche est forcément gratifiante : « les candidats valorisant cet aspect de leur personnalité démontrent qu’ils sont conscients de leurs forces et de leurs faiblesses : c’est un bon point », commente-t-il. En faisant entrer le champ des émotions dans le processus de recrutement, qui était jusqu’ici focalisé sur les connaissances techniques et les soft skills, Adecco s’attend-t-il à ce que les recruteurs deviennent, à terme, des apprentis psychologues ? Non, assure Mathilde Héliès, directrice exécutive chez Badenoch & Clark. « Avec cet outil étalonné sur une population de managers, qui est dans les mains de nos consultants habilités et non des recruteurs, nous espérons plutôt faire évoluer la culture managériale, qui a impact direct sur le bien-être des collaborateurs », corrige-t-elle. En affinant le processus d’embauche des managers, les entreprises peuvent également saisir l’opportunité d’améliorer les relations entre les opérationnels et les encadrants, souvent tumultueuses.

Aurélie Tachot