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Randstad s’empare de Monster

Le | Intérim

Randstad poursuit sa stratégie d’acquisition. Le géant de l’intérim a annoncé, le 9 août dernier, avoir signé un accord définitif en vue du rachat du jobboard américain Monster. Une opération d’un montant de 429 millions de dollars qui devrait permettre au spécialiste du travail temporaire d’étoffer son offre de services à destination des recruteurs mais aussi de mettre en pied aux Etats-Unis, un marché stratégique qu’il convoite depuis plusieurs années

Randstad s’empare de Monster - © D.R.
Randstad s’empare de Monster - © D.R.

Pas de répit sur le front des acquisitions ! Après s’être emparé du japonais Careo Group, de l’allemand Twago et du français Ausy, Randstad a annoncé, en plein mois d’août, avoir mis la main sur le site d’offres d’emploi Monster, qui a généré 666,9 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2015. Montant de l’opération : 429 millions de dollars (environ 386 millions d’euros). Soit 0,6 fois le chiffre d’affaires du jobboard. Un montant relativement bas. Et pour cause : en janvier 2006, sa valorisation avait atteint plus de 5 milliards de dollars. Monster, dont le chiffre d’affaires continue de reculer, n’aura finalement pas résisté à l’émergence de nouveaux acteurs comme LinkedIn (racheté 26,2 milliards de dollars par Microsoft, soit l’équivalent de 13 fois son chiffre d’affaires) ou Indeed, qui semblent davantage avoir les faveurs des financiers. « Le montant du rachat n’est pas très élevé au regard du chiffre d’affaires de Monster. Ces dernières années, le groupe, qui est une grosse machine, a probablement manqué d’agilité : il a sous-performé le marché », estime Jérôme Armbruster, directeur général de RegionsJob.

Main basse sur les technologies de Monster !

Sans être une surprise - Monster cherchait un repreneur depuis mars 2012 - cette acquisition démontre non seulement que Randstad est en bonne santé financière, mais aussi qu’il fait tout son possible pour digitaliser ses services. Ce sont les technologies du pure-player aux 6000 salariés, notamment ses outils Social Jobs Ads et JobR, qui ont convaincu l’acteur de l’intérim d’envisager un tel rapprochement. « Avec sa plateforme technologique à la pointe de l’industrie et ses solutions numériques, sociales et mobiles faciles à utiliser, Monster vient naturellement compléter notre offre », a commenté Jacques Van Den Broek, directeur général de Randstad. En tirant profit des technologies de Monster, le néerlandais espère « construire le portfolio le plus complet au monde en matière de services de ressources humaines. » Au-delà d’une technologie, le géant de l’intérim met également la main sur 150 millions de CV. De quoi enrichir massivement son vivier de talents et exploiter un grand volume de datas ! Avec ce rachat, Randstad, qui a généré 19,2 milliards d’euros de revenus en 2015, a également une autre idée derrière la tête. Il y a un an, le groupe amorçait un virage outre-Atlantique en déboursant 100 millions de dollars pour s’emparer de l’américain RiseSmart. L’acquisition de Monster confirme ainsi la volonté du groupe d’accélérer son développement aux Etats-Unis.

Un marché régi par des industriels ?

Pour Jérôme Armbruster, cette acquisition, qui devrait être finalisée d’ici la fin de l’année, revêt un caractère hautement symbolique. « Après le rachat d’Indeed par Recruit et celui de LinkedIn par Microsoft, Monster était l’un des derniers acteurs indépendants à ne pas être sous la coupe d’un industriel. Cela laisse penser qu’il n’y aura plus de rachat ces prochaines années, mais uniquement des alliances de groupes industriels. Le marché des services RH arrive donc à maturité », décrypte-t-il. D’une manière plus générale, ce rachat, qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir des jobboards, constitue une belle opportunité pour Randstad. « Les datas de Monster vont non seulement permettre au groupe d’intérim d’accélérer sa digitalisation mais aussi de mieux comprendre les besoins des entreprises en avance de phase. A condition, toutefois, que les deux acteurs alignent leur culture d’entreprise. Car, jusqu’ici, Monster avait des volumes faibles et des marges fortes : soit l’exact contraire de Randstad », conclut Jérôme Armbruster.

Aurélie Tachot