Start-up RH : Crafty facilite le prêt de salariés IT
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Le postulat de base de Crafty est souvent partagé par les RH : « les meilleurs talents “tech” sont déjà en poste ». En surfant sur la Loi Cherpion relative au prêt de main d’œuvre, cette plateforme permet à un grand groupe « d’emprunter » ponctuellement un développeur à une start-up, ou vice-versa ! Les explications de Pierre-Antoine Roy, qui a co-fondé Crafty avec Emmanuel Chaffraix
Quel service proposez-vous aux professionnels RH ?«
Crafty est une plateforme d’échange de salariés entre sociétés. Les entreprises font face à une pénurie de talents « tech ». Crafty leur donne accès à des profils d’experts, comme des développeurs ou des data scientists par exemple, susceptibles d’intervenir sur des missions temporaires, dans un esprit « side projects ». Notre modèle est comparable à celui d’Hopwork à certains égards, sauf que tous nos profils sont salariés et pas freelances. Pour donner un exemple récent, le CTO de la start-up HoloMake, spécialisée dans la réalité augmentée, est parti 20 jours en mission chez Décathlon sur une période de 3 mois au total, pour un projet de prototypage d’objets connectés. A l’inverse, par l’intermédiaire de Crafty, un collaborateur salarié dans une grande entreprise peut intervenir dans une start-up. Les mobilités sont possibles aussi de start-up à start-up.
Pour l’employeur, quel est l’intérêt de « prêter » son salarié ?
Les professionnels de la « tech » sont extrêmement sollicités, convoités, chassés. Il est compliqué de les recruter et il est encore plus difficile de les retenir une fois embauchés. Nous pensons que le modèle qui consiste à travailler 5 jours par semaine avec un même manager dans un même bureau pour une seule entreprise sera bientôt obsolète. Si elles veulent garder leurs talents tech, les entreprises doivent leur libérer du temps pour leur permettre de travailler sur d’autres projets. Ainsi, Crafty propose aux collaborateurs qui partent en mobilité d’explorer de nouvelles problématiques sans perdre en salaire. Pour l’employeur, c’est un levier de rétention. L’entreprise bénéficie aussi de la montée en compétence de son salarié à son retour. En un an, nous avons réalisé 25 missions d’échange entre entreprises, d’une durée moyenne de 15 jours. Certaines n’ont duré que quelques heures ; d’autres se sont étalées sur plusieurs mois.
Quel est le modèle économique pour vous et pour vos clients ?
L’employeur continue à payer son collaborateur à 100 % mais il refacture le coût de son « salaire chargé » à l’entreprise qui l’accueille. Crafty se rémunère sur la base d’une success fee lorsqu’une mission se concrétise. Pour l’instant, la population start-up peut accéder gratuitement à la plateforme. Pour les grandes entreprises, nous expérimentons, avec deux clients, un modèle d’abonnement qui leur permet d’accéder à notre base en SaaS tout en y intégrant leurs propres salariés dans le cadre de la mobilité interne ou inter-filiales. A ce jour, nous avons une centaine d’experts « tech » sur la plateforme. D’ici la fin de l’année, nous allons nous concentrer sur l’acquisition de profils afin d’atteindre rapidement la barre des 500 et ainsi pouvoir matcher plus facilement. Etre hébergé à Station F devrait accélérer notre développement !
Gaëlle Fillion