Automatisation des processus RH : Lucca lève 65 millions d’euros pour viser « le haut du championnat »
Par Philippe Guerrier | Le | Core rh
L’auto-financement ne suffit plus. Le fournisseur de solutions pour automatiser les processus RH veut accélérer dans sa croissance face à la concurrence vivace au niveau international. Les explications de Gilles Satgé, CEO fondateur de Lucca.
Lucca change de dimension avec cette première vraie levée de fonds de 65 millions d’euros auprès du fonds de capital-risque One Peak.
Le constat est net : « Face à des concurrents internationaux aux budgets colossaux, nous devons nous aligner », déclare Gilles Satgé, CEO et fondateur de Lucca.
Ce financement servira au fournisseur de solutions d’automatisation de tâches administratives et RH à :
- élargir sa gamme de produits dans la gestion des achats, de la formation et de la planification,
- étendre les activités à l’international : en Suisse (Genève) et en Espagne (Barcelone) en 2022. « Puis potentiellement l’Allemagne et l’Italie en 2023 », précise Gilles Satgé.
- poursuivre le recrutement pour passer de 300 à 700 employés d’ici 2025.
Lucca dispose d’une base de 5000 entreprises clientes, comme Deezer, Michel et Augustin, Square Habitat, Pathé Gaumont, Mazars et Pernod Ricard, et d'1,1 million d’utilisateurs finaux.
Fin 2021, le revenu annuel récurrent (« ARR ») de Lucca se situe à 20 millions d’euros (+ 50 % par rapport à 2020).
L’objectif de Lucca reste d’atteindre un CA de 100 millions d’euros d’ici 2025.
Extension de la gamme de produits Lucca vers l’achat professionnel et la formation
En terme de développement produit, Lucca compte poursuivre les modules dans la gestion des achats, de la formation et de la planification.
« Depuis un an, nous travaillons sur un module d’achat dans la lignée de Qonto ou Spendesk. Nous disposons déjà de l’application Cleemy qui gère les notes de frais et nous comptons élargir l’approche avec tous les achats », indique Gilles Satgé.
« Nous allons aussi développer un logiciel sur la formation pour l’élaboration des programmes et leur suivi par les collaborateurs. Ce n’est pas du LMS mais du TMS. Nous ne nous occupons pas des contenus pédagogiques mais des parties administration, mise en avant, choix des formations, inscriptions et suivi des formations. »
En l’état actuel, Lucca exploite 8 modules dans son portefeuille produits pour l’automatisation des processus administratifs et RH :
- Poplee Core RH : gestion du personnel, des entretiens et suivi des objectifs, rémunérations et des variables de paie ;
- Timmi : suivi des temps de travail et suivi de la rentabilité ;
- Figgo : congés et absences ;
- Pagga : distribution dématérialisée des paies ;
- Cleemy : gestion des notes de frais.
La plupart des 5000 entreprises clientes sont françaises avec des références récemment acquises dans les scale-ups comme Partoo (optimisation de la présence des commerçants locaux sur Internet), Sunday (paiement au restaurant), Sorare (plateforme NFT).
« 15 % de nos utilisateurs se trouvent à l’étranger c’est-à-dire qu’ils évoluent dans des filiales de groupes français au niveau international », indique Gilles Satgé.
Des salariés millionnaires chez Lucca via le rachat d’actions
Depuis sa création en 2002, Lucca s’est développé en auto-financement en tant d’éditeur de logiciels SaaS pour automatiser les processus administratifs et RH.
« C’est notre première vraie levée de fonds avec un fonds d’investissement, One Peak d’origine britannique en l’occurrence. En 2020, nous avions fait entrer un business angel dans le capital de Lucca : l’entrepreneur français Stéphane Dietrich, cofondateur de Neolane [ndlr : société de marketing digital acquise en 2013 par l’éditeur américain Adobe] », explique Gilles Satgé.
« La levée de fonds a été bouclée en 4 mois. Nous l’avons décidé car le marché est hyper-compétitif avec des concurrents d’envergure internationale comme Personio (d’origine allemande) ou Factorial (d’origine espagnole) qui effectuent de leurs côtés des levées de fonds aux montants considérables. Ils disposent de budgets colossaux. Nous devons nous aligner ou nous sommes condamnés à jouer en deuxième division. Avec Lucca, nous visons le haut du championnat. »
L’opération comprend la cession d’actions pour un montant de 30 M€.
« A propos des éléments de cash-out, voici quelques précisions :
- Côté investisseur, One Peak a accepté le principe de rachat d’actions. C’est intéressant pour lui car il se retrouve peu dilué dans le capital ;
- Côté salariés actionnaires qui disposent d’actions Lucca acquises dans le cadre d’une augmentation initiale de capital, c’est une opération intéressante de sortie avec une belle plus-value à la clé. Une dizaine de salariés deviennent millionnaires », indique Gilles Satgé.
« Auparavant, avant l’arrivée de One Peak, le capital était divisé en deux : un peu plus de 50 % pour moi et l’autre moitié aux salariés. Avec l’arrivée du fonds d’investissement, je ne suis plus majoritaire à titre individuel. »