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Interview HR Path : « Vers de nouvelles acquisitions sur des marchés stratégiques »

Par Philippe Guerrier | Le | Core rh

HR Path lève 500 millions d’euros auprès d’Ardian pour accélérer sa stratégie basée sur 3 piliers de services RH et paie (conseil, intégration et externalisation) et orientée à l’international. Interview croisée des cofondateurs Cyril Courtin et François Boulet.

Cyril Courtin et François Boulet, cofondateurs de HR Path - © D.R.
Cyril Courtin et François Boulet, cofondateurs de HR Path - © D.R.

Quelles sont les grandes lignes de cette opération de financement à retenir ?

François Boulet : « Il s’agit d’une levée de fonds globale de 500 millions d’euros intégrant des fonds propres et de la dette. Cette opération de financement aboutit à la sortie totale d’Andera Partners de notre capital.

Nous conservons Ardian et la Société Générale comme actionnaires principaux. HR Path est détenue majoritairement par ses employés et ses partenaires (55 % du capital).

L’opération de financement avait été décidée fin janvier 2024. Des négociations exclusives avaient été enclenchées avec Ardian à partir d’avril 2024. Elle a abouti début juillet 2024. »

Dans quelle mesure le contexte économique et politique tendu a influé sur cette nouvelle opération de financement de HR Path ?

François Boulet : « La crise politique actuelle en France n’a pas impacté l’opération de financement. Nous attendons de voir la composition du prochain gouvernement. En tant qu’entrepreneurs, nous préférons la stabilité politique et l’ouverture internationale.

  • Nous avons 60 nationalités différentes au sein de notre groupe. Nous travaillons avec 80 % des entreprises du SBF 120, qui sont clientes de HR Path et qui possèdent souvent des extensions internationales.
  • Le déploiement de notre plan d’actions continue. Actuellement, nous réalisons 40 % de notre CA à l’international. Notre objectif est d’accroître cette part, tout en continuant de grandir en France. »


Cyril Courtin :
« Le futur dans ce contexte politique particulier est incertain. La constitution d’un gouvernement technique serait la moins pire des nouvelles.

De notre côté, nous n’avons pas observé de signaux particuliers d’inquiétudes. Les projets et le timing prévus par nos clients et nos prospects sont respectés. Nous n’avons pas observé de projets décalés dans l’attente d’une meilleure visibilité politique.

Nos activités dépassent effectivement la France. HR Path opère dans 22 pays entre les zones Amérique, Europe, France et Asie-Pacifique incluant le Japon. »

Avec cet investissement dans HR Path, comment allez-vous faire évoluer votre plan stratégique sur votre exercice fiscal 2025 ?

Cyril Courtin : « Nous prévoyons de réaliser de nouvelles acquisitions dans des marchés stratégiques comme les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Europe du Nord et l’Australie. Et ce rythme d’opération de croissance externe devrait se poursuivre.
Nous venons d’ouvrir une branche au Japon. Pour prendre de nouvelles positions, nous nous appuyons aussi le réseau d’éditeurs partenaires de portée internationale comme Workday, SAP, Oracle, Cornerstone, UKG ou WorkForce Software.
L’objectif est de favoriser la massification de nos activités sur nos trois lignes de métiers RH et paie : conseil, intégration et externalisation. »

François Boulet : « Nous allons recruter des profils talentueux de haut niveau et développer le capital humain à travers notre stratégie de croissance interne et externe visant à accroître notre CA de 25 % cette année.

  • La zone Europe (hors France) a généré la plus forte croissance lors de notre précédent exercice fiscal (bouclé le 31/03/2024).
  • Du côté du continent américain, nous avons beaucoup progressé par croissance externe après les rachats de sociétés au Brésil (Intelligenza), au Canada (GroupeX) et aux Etats-Unis (Terra Information Group).
  • Un autre pays pourrait être intéressant pour nous en Asie : la Corée du Sud.
  • En France, nous sommes déjà leaders. Nous avancerons uniquement par opportunité sur le segment de l’externalisation de la gestion de la paie. »

Quelles sont les priorités actuelles de vos clients ?

Cyril Courtin : « Avec une économie chahutée et un turn-over important d’équipes de paie, l’externalisation du processus de paie devient une grande tendance, ce qui permet aux entreprises de se concentrer sur leur cœur de métier. On voit aussi des déclinaisons de semi-externalisation pour les process les plus complexes.
Parallèlement, la digitalisation de la fonction RH se poursuit sous l’angle de la gestion des talents et de la sélection de modules thématiques (onboarding par l’exemple) en provenance d’éditeurs multiples. La distribution en mode SaaS permet de favoriser diverses combinaisons logicielles et de faciliter les changements. »

François Boulet : « C’est la loi de la flexibilité sans les contraintes managériales. Nous émettons 400 000 bulletins de paie par mois pour le compte de nos clients, dont 300 000 en France.
L’intégration peut s’échelonner de quelques semaines à quelques mois (de 3 à 6 mois) en fonction de la solution retenue et de la taille du périmètre.
C’est un projet qui peut se passer en toute sérénité en cas de départ à la retraite d’un responsable paie mais nous avons aussi des cas plus urgents pour remplacer un système à cause d’un départ plus précipité d’un responsable de paie, d’une défaillance de fonctionnalité intégrée dans un outil de paie ou d’un mauvais paramétrage. »