« Le RGPD a freiné nos ambitions dans le domaine de l’analyse prédictive »
Le | Core rh
Se présentant comme le leader du SaaS RH en France, Cegid entend couvrir tout le spectre fonctionnel attendu par les ETI et les grands comptes. Ce qui passe par la constitution d’un Core HR et un recours accru à l’intelligence artificielle. Explications de Jérôme Ricard, son product marketing manager
Quelle est votre stratégie en matière d’urbanisation RH ?
Cegid travaille depuis un an et demi à la constitution d’un Core HR, qui devrait être lancé en 2019. Tous les éditeurs prétendent en avoir un mais, pour beaucoup, cela relève de l’effet d’annonce. Notre vision d’un Core HR est celle d’un « hub ». On y place les données mutualisables comme l’état-civil ou les diplômes qui vont alimenter la gestion de la paie, la gestion des temps ou celle des entretiens. Dans cet exemple, c’est au moment de l’embauche que seront créées les données. En termes d’analytique, la centralisation des données dans le Core HR permettra aux décideurs de disposer d’indicateurs communs et en temps réel. Nos applications seront, bien sûr, connectées à ce Core HR. Une startup proposant, par exemple, une solution d’évaluation à 360° pourra, elle aussi, s’interopérer via une API. Cegid fait donc le choix de l’ouverture quand d’autres éditeurs verrouillent leur plateforme.
Allez-vous élargir la couverture fonctionnelle de votre solution ?
En dehors du Core HR, d’autres pistes sont ouvertes. Sur la partie conventionnelle, nous embarquons et assurons la veille réglementaire d’une dizaine de conventions collectives parmi les plus importantes comme celles du Syntec, de la métallurgie ou des transports. Cette liste s’allongera bientôt. En termes de conformité réglementaire, nous proposons de plus en plus de contrôles en croisant par exemple des données issues de la DSN à celles d’un fichier comptable. En 2019, notre attention se portera toutefois sur l’égalité hommes-femmes. L’obligation de résultat sera contrôlée par une série d’indicateurs. Ces indicateurs totaliseront 100 points. Si un employeur n’atteint pas 75 points, il devra conduire des actions correctives pour réduire les inégalités salariales. Trois ans après, il sera soumis à un contrôle et à d’éventuelles sanctions. Cette mesure concerne les entreprises de plus de 50 salariés, en commençant dès mars par les sociétés de plus de 1000 salariés.
Comment se traduisent les investissements que vous réalisez dans l’intelligence artificielle ?
Cegid a développé un chatbot pour le prélèvement à la source. Nous comptons généraliser l’approche pour un grand nombre de demandes RH. Un agent conversationnel répond aux questions redondantes que se posent les collaborateurs de type : Quelle est la mutuelle ? Comment poser mes congés ? Si les réponses sont sur l’intranet, elles ne sont pas toujours accessibles. Avec un système en entonnoir, le chatbot apporte rapidement l’information. Nous comptons aussi sur l’intelligence artificielle pour faire des contrôles sur les données saisies. Si le système détecte des incohérences d’un mois sur l’autre, il remonte les alertes. En revanche, le RGPD a freiné nos ambitions dans le domaine de l’analyse prédictive. Pour évaluer, par exemple, le risque de démission, il n’est pas possible d’analyser des données personnelles, du moins pas de manière nominative.
Xavier Biseul