Magic Quadrant de Gartner : le verdict pour le marché du « cloud HCM »
Le | Gestion des talents
Le cabinet Gartner Inc. dévoilait, en août dernier, son « carré magique » qui évalue les éditeurs de solutions cloud de gestion du capital humain. Aucun changement majeur par rapport à l’an dernier : Workday, Oracle et SAP restent en bonne place dans la catégorie des leaders, aux côtés de l’américain Ultimate Software qui fait un saut de puce en avant. Décryptage de ce mapping scruté à la loupe, mais parfois controversé
Dans son rapport 2018 « Magic Quadrant for Cloud HCM Suites for Midmarket and Large Enterprises », dix éditeurs figurent dans le fameux carré. Les mêmes qu’en 2017. Pour le cabinet de conseil, les évolutions sont incrémentales : « les éditeurs ont enrichi leurs fonctionnalités et adopté de nouvelles technologies », lit-on dans le rapport de Gartner. Aucun éditeur n’a changé de quadrant et aucun acteur n’est entré ou sorti du mapping. Cette analyse concerne les éditeurs qui proposent une solution SIRH associée à au moins trois modules de talent management (recrutement, performance, LMS, carrières, Comp&Ben, etc.). On y voit notamment des acteurs peu présents en Europe occidentale, comme l’indien Ramco Systems ou l’américain Ceridian.
Quatre « leaders » sur le marché HCM cloud
Comme en 2017, Workday tient la corde sur le critère de la capacité d’exécution (« ability to execute »), mais il est désormais légèrement devancé par Oracle sur l’axe de la stratégie (« completeness of vision »). « Oracle a progressé sur le marché ces derniers mois avec le lancement de sa nouvelle offre « all in one » incluant son nouveau module recrutement dans le cloud, mais aussi avec une solution onboarding de haut niveau« , indique François Boulet, président de l’intégrateur HR Path. Ces deux éditeurs américains se détachent discrètement de leur concurrent allemand SAP, qui recule d’un iota et redescend sur la troisième voire la quatrième marche du podium, selon le sens de lecture du mapping. Quant à Ultimate Software, il gagne des points en matière d’exécution. »C’est un acteur nord-américain que l’on croise peu en France. Il a beaucoup investi récemment, notamment en rachetant PeopleDoc. La montée en puissance de cet éditeur en Europe pourrait secouer le marché« , analyse Philippe Pauwels, directeur associé du cabinet de conseil Althéa. ADP, reconnu avant tout comme un acteur majeur de la paie en France, reste dans la catégorie des challengers. »C’est la solution Vantage HCM d’ADP qui est étudiée dans l’étude. Or, elle est principalement déployée en Amérique du Nord« , ajoute-t-il.
Mentions honorables
Hors quadrant magique, Gartner a décerné cette année plusieurs mentions honorables dans ce rapport « Cloud HCM Suites ». C’est le cas notamment de Talentsoft et Cornerstone OnDemand, dont le potentiel de développement sur le marché élargi de la gestion du capital humain est reconnu par Gartner. A noter en revanche que ces deux éditeurs figurent en bonne place dans une autre analyse publiée en février 2017 par Gartner sur le marché spécifique des « Talent Management Suites » (sans « core HR », donc). Cornerstone OnDemand y est désigné leader aux côtés de SAP et d’Oracle, tandis que Talentsoft est qualifié de visionnaire. |
|
Pour François Boulet, le magic quadrant « cloud HCM » reflète une vison très américaine marché. « Les gros players chinois et japonais sont absents. Si on faisait un quadrant magique pour la France, Talentsoft serait forcément dans le carré en haut à droite », estime-t-il.
Des critères très stricts
Pour établir son corpus d’analyse, Gartner s’appuie sur de nombreux critères d’inclusion et d’exclusion. « Lu hors contexte, le graphique du magic quadrant est très réducteur. Gartner fait une bonne analyse, mais il faut prendre le temps de lire le rapport qui accompagne le schéma, pour comprendre sur quels critères elle se fonde », conseille Philippe Pauwels. Par exemple, les éditeurs qui figurent dans le carré magique doivent avoir a minima 100 clients d’au moins 1000 employés en production sur le core HR, avec au moins deux fonctions de talent management. Ils doivent aussi offrir la preuve qu’ils ont signé au moins 30 nouveaux deals avec des entreprises de plus de 1000 salariés durant la précédente année fiscale. Ils doivent en outre déployer leurs solutions sur un cloud public ou communautaire. « Les acteurs américains ne sont pas forcément soumis à la RGPD. Aujourd’hui, être dans un cloud public est un peu compliqué pour des raisons juridiques ; il y a une tendance à aller vers le cloud privé », conclut François Boulet.
Gaëlle Fillion