Apprentissage et réalité virtuelle : Uptale explore les formation terrain et vise les cols bleus
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
Fin 2024, la start-up française Uptale a réalisé sa première levée de fonds de 9 millions avec son approche de « spatial learning ». Le point avec son cofondateur Dwayne Iserief.
C’est un pari audacieux qu’Uptale est en train de relever à contre-courant des cycles de hype technologique : maintenir sa trajectoire dans les technologies immersives appliquées à la formation en milieu professionnel ou dans l’enseignement supérieur.
Et ce, malgré les tergiversations sur la pertinence de ce type d’usages mêlant VR et applications professionnelles qui ont malmené un certain nombre de start-ups dans la catégorie EdTech.
Cofondée en 2017 par un quatuor d’entrepreneurs (Sébastien Leang, Aurélie Truchet, Dwayne Iserief et David Ristagno), Uptale a bouclé fin 2024 une levée de fonds de 9 millions d’euros.
« Depuis notre création en 2017, nous avons conservé le cap de l’immersive learning mais nous avons fait évoluer notre positionnement en nous spécialisant dans la formation terrain et en ciblant les cols bleus », indique Dwayne Iserief rencontré le 30 janvier 2025 sur le stand de la start-up sur le salon HR Technologies France.
Technologies immersives : phase exploratoire « dépassée »
« Le marché des technologies immersives n’est pas encore mature. Nous essayons de rester serein dans cet écosystème d’innovation qui a connu des doutes et de nous concentrer sur les besoins de nos clients. Nous savons que cela marche pour des cas d’usages précis comme l’onboarding dans la sécurité et des applications industrielles. Nous avons dépassé la phase exploratoire », indique-t-il.
C’est le moment choisi pour accélérer en matière de financement.
« C’est notre première levée de fonds. Nous nous sommes auto-financés depuis le début. Nous considérons que c’est le moment d’accélérer, de monter en gamme, de mieux accompagner le client et de développer le produit », indique Dwayne Iserief qui occupe la fonction de CMO chez Uptale.
Les projets porteront sur :
- le renforcement du développement commercial et marketing,
- la poursuite du développement du business à l’international, notamment sur les marchés nord-américains (États-Unis, Canada) et asiatiques (Singapour, Japon),
- l’innovation avec notamment un mix IA et VR pour créer des contenus et améliorer l’efficacité pédagogique.
Stellantis : un déploiement à grande échelle qui sert de référence à Uptale
Plus précisément, Uptale a développé une plateforme technologique permettant aux entreprises de concevoir des expériences immersives d’apprentissage en réalité virtuelle et augmentée (ou spatial learning) pour la formation terrain et l’apprentissage des salariés.
L’éditeur, qui dispose d’une équipe de 50 collaborateurs, affiche une base de 300 clients avec des références comme Stellantis, Alstom, Michelin, Schneider Electric, Carrefour ou encore Airbus.
Discret sur son chiffre d’affaires (« entre 5 et 10 millions d’euros » précise néanmoins notre interlocuteur), Uptale est désormais présent en Europe, en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique. 30 % de son CA est réalisé à l’international en prenant position sur des marchés comme l’industrie, la logistique, la distribution et l’éducation.
- « Depuis 2019, nous collaborons beaucoup avec Stellantis avec des centaines de modules immersifs créés pour le compte de milliers d’opérateurs d’usines du groupe automobile. Nous avons prouvé la pertinence de l’usage de la VR dans ces conditions. En fonction des sites, nous pouvons arriver à l’équipement d’une cinquantaine de postes équipés de fonctions immersives.
- A divers degrés d’implication (POC, pilote…), nous travaillons désormais avec les ¾ des groupes du CAC 40. Le potentiel des cas d’usages sur site en vue de déploiement industriel est significatif. Nous aimerions bien parvenir à 1000 casques de VR par client à terme et à un million de sessions de formation en technologies immersives en 2025 », déclare Dwayne Iserief.
Le modèle économique s’appuie sur un système de licence (formule abonnement à sa plateforme spatial learning) et l’accompagnement de ses clients avec des Customer Success Managers pour les équipements, les usages et la production de contenus.
Meta, grand frère dans la VR
Dans l’écosystème des technologies immersives, Uptale s’appuie surtout sur Meta (ex-Facebook) qui a bien avancé sur le terrain de la réalité virtuelle et des métavers après le rachat d’Oculus en 2014.
Plus timoré ces 2 dernières années en donnant la priorité aux développements IA, le groupe de Mark Zuckerberg poursuit néanmoins son exploration dans le domaine VR et ses applications en entreprise ou dans l’enseignement.
Pour la partie hardware (mise à disposition de casques VR pour le compte de ses clients en location ou en achat), la start-up française qui exploite une plateforme de type spatial learning s’appuie sur le distributeur Matts Digital.
On trouve également d’autres partenaires comme Lenovo et Accenture dans son écosystème technologique.
Investisseurs : qui soutient Uptale ?
Uptale a réuni 9 millions d’euros en faisant appel :
• We Positive Invest 2 (fonds à impact d’Arkéa Capital),
• Go Capital,
• des business angels dont Karim Jouini (Expensya), Karim Beguir (InstaDeep), Jean-Stéphane Arcis (TalentSoft), et Guillaume Amblard (VC, ex-dirigeant de BNP Paribas).