Bertrand Wolff, Antilogy : « Les DRH doivent être conscients de l’inéluctable vague du métavers »
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
Ce cabinet conseil accompagne des entreprises pour les projets de réalité virtuelle et métavers, comme Groupe SNCF. Entretien avec le CEO et co-fondateur.
« Le métavers est un espace éminemment social. Pour les équipes talent acquisition, il devient essentiel d’utiliser les mêmes canaux que les jeunes à recruter », indique Bertrand Wolff, CEO et cofondateur d’Antilogy, un cabinet conseil spécialisé dans l’accompagnement des entreprises pour les projets de réalité virtuelle et métavers.
Comment les activités d’Antilogy ont-elles émergé ?
La création d’Antilogy, que j’ai cofondée avec Emilie Gobin Mignot, remonte à 2017. Nous travaillions déjà depuis 2 ans dans la réalité virtuelle à travers la production d’expériences en VR. Nous faisions partie des premières start-ups hébergées à Station F dans le cadre de la première saison du programme Ubisoft “Entrepreneurs Lab” .
Nous avons considéré que l’écosystème de production de contenus VR était déjà dense en France. Nous ne concevons pas d’outils en propre mais nous sommes en contact avec les acteurs européens et américains du secteur. Nous collaborons avec eux de manière agnostique en nous concentrant sur un rôle de cabinet conseil.
Il existe un vrai enjeu sur l’acculturation vis-à-vis des entreprises sur les enjeux et le potentiel de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et des métavers. Au-delà de l’exploitation dans les jeux vidéo. C’est la raison d’être d’Antilogy.
Quel chemin avez-vous parcouru ?
- En 2018, nous avons commencé par ouvrir Le Pavillon au rez-de-chaussée de Numa dans le quartier du Sentier (2ème arrondissement parisien), qui a servi de lieu de découverte des entreprises et des organisations pour se former à la réalité virtuelle.
- Puis nous avons déménagé dans l’espace de coworking Morning dans le quartier République de Paris (10ème arrondissement parisien).
- Nous sommes maintenant installés chez RaiseLab, la « Maison de l’open innovation » (10ème arrondissement parisien).
Avec l’évolution du matériel notamment les casques VR autonomes, nous sommes désormais en mesure de réaliser sessions d’acculturation ou de formation et des POC chez les clients et à distance.
Depuis 2018, nous avons acculturé plus de 11 000 personnes, organisé plus de 500 workshops et travaillé avec plus de 200 entreprises. Sur les trois derniers mois (avril-juin 2022), nous avons organisé une centaine d’ateliers dédiés au métavers, regroupant 1000 personnes pour 40 sociétés différentes.
Notre premier véritable client dans cette activité conseil a été la Fab AR/VR de la SNCF, le centre d’expertise du groupe ferroviaire, à partir de 2019. D’où notre présence avec un stand au salon VivaTech en juin et notre participation à la présentation du métavers collaboratif de Groupe SNCF avec Frank Douté, son responsable FAB AR/VR.
Récemment, nous avons organisé, avec ce même client, une journée pour la découverte d’applications “no code” pour la création de contenus immersifs avec une demi-douzaine d’acteurs français.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans cette démarche d’acculturation ?
- Nous évaluons d’abord le potentiel de la réalité virtuelle dans le cadre de leurs activités respectives.
- Ensuite, nous les aidons à formuler leurs premiers besoins sous forme de POC avec des KPI à mesurer, une ou un champion en interne qui sert d’ambassadeur.
- La période d’expérimentation peut durer de 3 à 6 mois.
- En cas de satisfaction, nous aidons les clients au déploiement à plus grande échelle.
Qui pousse le sujet du corporate metaverse au sein des entreprises ?
Très souvent, cela passe par les directions en charge de l’innovation dans les grands groupes. Désormais, les comités de direction des entreprises sont sensibilisées. Nous avons travaillé avec une trentaine sous l’angle de l’acculturation, de l’idéation et de veille concurrentielle.
Comment attirez-vous l’attention de la fonction RH ?
Le métavers est un espace éminemment social.
Nous avons observé un certain décalage. L’offre de formation en réalité virtuelle s’est fortement développée au cours des dernières années avec un vrai contenu pédagogique de qualité mais les responsables Rh et de formation n’y prêtaient pas une réelle attention.
- En octobre 2019, Emilie Gobin Mignot et moi avons publié un ouvrage intitulé « Former avec la réalité virtuelle » chez Dunod. C’était encore tiède à l’époque.
- Les choses se sont vraiment accélérées post-Covid-19, certainement en lien avec l’essor du télétravail et la vision du métavers présentée le 28/10/2021 par Mark Zuckerberg, CEO et fondateur de Facebook / Meta. Il a mis un nom sur une tendance, il a créé une attente mais aussi généré des polémiques. La vague est inéluctable. Autant que la fonction RH en prenne conscience dès maintenant.
Le métavers est un espace éminemment social. Pour les équipes talent acquisition, il devient essentiel d’utiliser les mêmes canaux que les jeunes à recruter. Le groupe Carrefour l’a esquissé le 18/05/2022 avec son expérimentation dans un campus numérique : utiliser des outils d’aujourd’hui pour parler à la nouvelle génération.
En avril 2020, le rappeur Travis Scott avec un avatar a donné un concert sur le jeu multiplateforme Fortnite. L’événement a été suivi par 27,7 millions de personnes. Parmi les plus jeunes, c’était leur première participation à un concert. Cette génération va arriver sur le marché du travail. Dans les process de recrutement, il faudra bien savoir leur parler pour les attirer en entreprise.
Quels sont vos projets pour la rentrée de septembre ?
Nous allons :
- continuer à suivre de près les initiatives liées au métavers, pour trier ce qui relève du progrès ou du gadget,
- bien gérer notre croissance, en recrutant et formant des consultants passionnés de ces sujets immersifs.
(Adaptation d’une interview publiée sur News Tank RH le 27/07/2022. Pour accéder à l’offre Découverte)