Formation

Enjeux RH et formation aux IA génératives : quelle échelle faut-il atteindre en France ?

Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning

Microsoft, Meta, Numeum, Impact AI, La Poste et France Travail : des représentants de ces 6 acteurs ont partagé leurs points de vue sur l’essor de l’IA générative lors d’une table ronde de la Semaine de l’IA, organisée à l’initiative de Simplon.co (du 22 au 25 avril 2024).

Table ronde Simplon - Impact AI - Numeum du 22/04/2024 sur le thème de l’impact de l’IA générative - © D.R.
Table ronde Simplon - Impact AI - Numeum du 22/04/2024 sur le thème de l’impact de l’IA générative - © D.R.

Dans quelle mesure l’essor des IA génératives représente une opportunité pour la France ? Quels sont les enjeux d’acculturation et de formation ?

Plusieurs acteurs, entreprises et spécialistes de ces technologies, ont apporté leur point de vue lors du keynote d’ouverture de la Semaine de l’IA, organisée du 22 au 25 avril 2024 à l’initiative de Simplon.co, avec le soutien du collectif Impact AI et de Numeum.

RH Matin vous propose une synthèse des interventions des représentants de Microsoft, Meta, Numeum, Impact AI, La Poste et France Travail.

Eneric Lopez, directeur IA et Social Impact de Microsoft France

  • « En 2018, Microsoft France a lancé la première École IA avec Simplon pour développer l’accessibilité aux métiers du numérique. Nous nous adressons aussi aux femmes à travers un nouveau programme de type bootcamp (“GenIAles”) déployé en régions, toujours avec Simplon.
  • Selon une enquête Bpifrance Le Lab de mars 2024, seuls 3 % des dirigeants de TPE-PME font un “usage régulier” de l’IA générative et 12, % un “usage occasionnel”. Nous ne pouvons pas nous contenter de cela. Il faut donc former. Microsoft France vient de lancer l’initiative “À vous l’IA” pour faire découvrir les cas d’usage et intégrer l’IA générative dans les organisations. »

Martin Signoux, responsable des Politiques publiques de Meta France

  • « L’IA est sortie du laboratoire. Ce n’est plus l’apanage de data scientists. C’est devenu l’affaire de tous.

  • Pour passer à l’échelle, il faut d’abord démystifier le sujet auprès du grand public. Nous avons lancé plusieurs initiatives d’éducation dans ce sens :
    • une campagne de sensibilisation avec l’association Génération numérique, spécialisée dans les problématiques liées aux usages numériques ; 
    • des ateliers de formation avec Simplon dans des grandes villes. Le premier a été organisé en avril à Marseille. 
    • la découverte de nouveaux métiers et d’outils comme des bibliothèques logicielles. »

Maÿlis Staub, présidente de Nova in tech par Numeum et fondatrice de Pocket Result

  • « Nous cherchons à monter des initiatives pour agir de manière systémique, car le numérique est l’un des secteurs confrontés à la plus grande pénurie de ressources.

  • Pour accélérer l’acculturation, nous avons monté des “Numeum Camps” dédiés à l’IA générative, avec des ESN et des éditeurs de logiciels importants.
    • La dernière session s’est déroulée en mars 2024.
    • Des acteurs comme Inetum, Cegid ou Sopra Steria y ont présenté leurs plans de formation à grande échelle pour former des milliers, des dizaines de milliers voire des centaines de milliers de collaborateurs à l’IA générative. »

Hélène Chinal, vice-présidente d’Impact AI et directrice de la Transformation de Capgemini

  • « L’apprentissage de l’IA et de l’IA générative est un sujet sociétal important, qui passe par l’éducation des élèves et la formation des enseignants. C’est une opportunité qui peut aider à développer l’esprit critique des jeunes, à condition que l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur prennent le sujet en main.

  • Dans les entreprises, on prédit souvent que les développeurs seront remplacés par l’IA, mais c’est faux. Les métiers ne vont pas disparaître, ils vont être transformés. Même pour les acteurs du numérique, il existe un besoin de formation important pour prendre en compte l’impact de l’IA générative sur leurs métiers. »

Robert Demory, directeur de la Formation et du Développement RH de La Poste Groupe

  • « La donnée est l’un des domaines de prédilection de La Poste Groupe, avec 500 experts en data, IA et IA générative en interne ou dans ses filiales comme Openvalue, Softeam, Probayes et Docaposte.

  • La maison mère du groupe La Poste accompagne ses 150.000 collaborateurs dans une acculturation au numérique. Le tout dans un cadre technologique qui s’accélère, car l’IA générative constitue vraiment une rupture.
    • Nous considérons que c’est une réelle opportunité, sous réserve de parler d’une IA de confiance.
    • L’IA peut libérer les salariés, les énergies et être porteuse de valeurs.
    • Elle entre dans le cadre d’une entreprise à mission, avec une centaine de conseillers numériques déployés depuis trois ans. 

  • En 2023, à VivaTech, notre sponsor Nathalie Collin, directrice générale de la branche grand public et numérique de La Poste Groupe, a annoncé que nous allions nous appuyer sur les modèles ouverts d’IA générative pour développer notre propre modèle. Nous devrions le démontrer sur place à la prochaine édition de VivaTech en mai 2024. »

Sylvain Poirier, directeur programme Data & IA de France Travail

  • « Pour contribuer au plein emploi d’ici à 2027, France Travail accompagne les demandeurs d’emploi pour les préparer à reprendre un poste. Cela passe par formation, notamment à l’IA et l’IA générative, pour sensibiliser nos publics aux nouveaux métiers du numérique et au-delà.

  • Cela fait plusieurs années que nous travaillons avec Simplon. En 2023, nous avons mobilisé cet organisme sur 1.500 actions de formation, dont 800 préparations opérationnelles à l’emploi individuelles (POEI).

  • L’IA fait partie du développement stratégique de France Travail. Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un levier indispensable pour favoriser l’accès et le retour à l’emploi.

  • L’IA générative représente un nouveau pas, qui nous amène vers de nouvelles possibilités pour revoir l’expérience utilisateur et usager et pour changer en profondeur la manière de délivrer des services.
    • Nous lançons dans ce sens un nouveau programme data et IA pour servir le plus grand nombre et passer à l’échelle.
    • Nous sommes actuellement dans une phase d’exploration. Les premières capacités seront distribuées dans les prochains mois. Nous voulons les proposer de manière prudente et sécurisée.

  • Nous sommes également en train de mettre en place un chatbot destiné à nos agents qui serait équivalent à un ChatGPT. Chacun trouvera son usage, que les agents soient en support ou dans le réseau. Par cette approche de l’usage de l’IA générative, nous susciterons un intérêt et générerons de la valeur. Au-delà de l’usage d’un chatbot, nous regardons comment accéder plus facilement à nos bases de données documentaires. Mais il faut au préalable avancer sur l’IA de confiance et éviter les biais. »