Enquête Demos : les priorités des responsables formation

La réforme de la formation a un impact négatif

Les responsables formation sondés par Demos portent un regard très critique sur la réforme de la formation. Pour environ 55 % des sondés, « celle-ci a un impact négatif sur leur fonctionnement », explique Denis Reymond, Executive Manager chez Demos. Pour autant, 79 % des responsables formation ont déjà communiqué, auprès de leurs salariés, sur les mesures de la réforme. Toutes ne bénéficient toutefois pas du même relai. Le Compte personnel de formation (CPF), qui est l’une des mesures phares, semble inspirer davantage : « dans 71 % des cas, ce dispositif fait l’objet d’une communication en interne », précise-t-il. A l’inverse, l’entretien professionnel a beau être entré en vigueur il y a plus de 18 mois, il n’est relayé que par 21 % des responsables formation. Seule la moitié des entreprises l’a, par ailleurs, mis en place, majoritairement par le biais des managers directs. « L’enquête révèle que 70 % des responsables formation prévoient de développer un outil pour tracer les entretiens professionnels. La mise en œuvre de cette solution les a peut-être freinés », décrypte-t-il.

L’employabilité des salariés devient prioritaire

D’après l’enquête, l’attention des responsables formation porte actuellement sur trois sujets : la digitalisation de l’entreprise (qui obtient une note de 2,41 sur 5), l’évaluation du R.O.I. (2,26 sur 5) et la maîtrise des coûts (2,24 sur 5). A noter que le sujet relatif à la mobilité et à l’employabilité (dont la note est 1,79 sur 5) crée la surprise en arrivant à la 4^e place du classement de Demos. « Avec la réforme, cette problématique, qui concernait jusqu’ici les RH, arrive peu à peu dans le champ des responsables formation », commente Denis Reymond. Une prise de conscience qui se traduit dans les compétences que ces professionnels souhaitent prochainement développer. Parmi elles, le suivi des évolutions professionnelles des collaborateurs (cité par 51 % des sondés), l’évaluation des performances et des niveaux (41 %) et la communication interne (40 %). Cette dernière compétence est clé pour Denis Reymond, qui regrette que « 57 % des responsables formation s’appuient sur les managers pour relayer, auprès des salariés, le plan de formation de l’entreprise et ses objectifs. »

Le mobile, un support jugé innovant

Le blended-learning, qui combine l’e-learning et le présentiel, est l’une des modalités pédagogiques préférées des salariés… Pour autant, comme l’an dernier, elle représente, dans 76 % des cas, moins de 10 % des actions de formation de l’entreprise. Preuve en est que le décalage entre les attentes des collaborateurs et les modalités proposées par les entreprises est encore fort, alors que les moyens alloués à la formation restent majoritairement stables depuis les trois dernières années. Cela ne signifie pas, pour autant, que les responsables formation sont hermétiques à toute innovation pédagogique. Au contraire : lorsqu’il s’agit de citer les modalités qu’ils souhaitent voir émerger en interne, ces professionnels ne manquent pas d’idées. Parmi les projets qu’ils souhaitent conduire, « la formation par le mobile et les classes virtuelles figurent dans leur priorité », note Denis Reymond. A noter que les actions permettant de traiter le 70/20/10, les MOOC, les serious games, le social learning et la vidéo semblent également attiser leur curiosité.

Aurélie Tachot