« La formation présentielle se fossilise », Stéphane Diebold, GARF
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Fin 2012, le Groupement des Acteurs et Responsables de Formation (GARF) élisait son nouveau Président. Créée en 1954, cette importante association - qui regroupe plusieurs centaines de professionnels de la formation en entreprise partout en France - se définit d’abord comme une communauté de pratiques
Stéphane Diebold, qui en tient désormais les rênes, dévoile les grands chantiers qui marqueront sa mandature et nous livre sa vision contemporaine du métier.
A qui s’adresse le GARF ?
L’association vise 2 cibles : les chargés de mission formation qui souhaitent rencontrer leurs pairs, et les directeurs de la formation, généralement intéressés par les questions prospectives. Le GARF se décline à travers 33 groupes régionaux, permettant aux professionnels d’échanger sur leurs pratiques. 800 entreprises sont représentées dont la majorité des grands groupes français.
Quels sont les avantages pour les adhérents ?
Chacun des groupes du GARF organise des réunions mensuelles dont les thématiques sont définies en fonction des besoins des membres. Il n’y a donc pas de programme national. L’objectif de ces rencontres est de confronter les points de vue des praticiens et de coproduire une réflexion. Si un adhérent souhaite monter un certificat de qualification professionnelle (CQF) par exemple, cette question pourra être mise à l’ordre du jour. Des thèmes aussi divers que la VAE, la territorialisation ou l’apprentissage pourront en outre être discutés. Les experts du sujet pourront alors partager leur expérience avec les autres membres. L’adhésion est inférieure à 600 euros par an. Elle donne également accès à des études bimestrielles produites par l’association et à tous les outils collaboratifs mis en place par le GARF. Un campus d’intégration est par ailleurs organisé chaque année. La prochaine édition traitera de l’employabilité du responsable de formation. Autrement dit, nous discuterons des leviers à activer pour être mieux payé.
Quels sont vos projets en tant que nouveau Président du GARF ?
Un chantier territorial tout d’abord. Nous souhaitons développer le GARF dans des pays francophones comme la Suisse, la Belgique ou le Canada. Le GARF était déjà à l’origine de la création d’une fédération européenne, l’ETDF. Aujourd’hui, en parallèle de cet organe institutionnel, l’association veut décliner son modèle de terrain pour interroger les pratiques du métier au niveau européen. En région, nous souhaitons densifier le réseau, pour accompagner la territorialisation des politiques « emploi et formation » avec les Conseils Régionaux, qui vont bientôt bénéficier de pouvoirs accrus. Objectif : atteindre une cinquantaine de groupes GARF d’ici 3 ans. En région parisienne par exemple, nous avons constaté que nos membres en petite couronne ne vont pas aux réunions au centre de Paris. Nous voulons nous rapprocher de nos adhérents.
Autre axe important : le numérique. Le GARF devient un lieu d’expérimentation. Nous avons lancé un club prospective, monté une WebTV, crée un wiki… Nous lançons prochainement un nouvel espace collaboratif, le GARF Café : un projet d’écriture partagée au sein duquel nos membres pourront écrire, liker, partager … Des ateliers de social-learning seront également organisés pour nos adhérents.
Quels sont les défis auxquels va devoir faire face le métier de la formation ?
Il convient de trouver de nouvelles formes d’écriture pour mieux capter l’attention des apprenants. Aujourd’hui, un simple PowerPoint ne suffit plus. Nous sommes dans l’ère de l’homofestivus : l’homme qui aime faire la fête. Par conséquent, la formation doit faire écho à l’air du temps : être événementielle, festive, numérique. Pourquoi fait-on des serious games et pas du gaming ? Un module sur les 33 règles de sécurité à suivre en entreprise, par exemple, peut facilement être pénible pour les apprenants. Charge au formateur de les impliquer en les surprenant. Avec un Live Tweet pour répondre aux questions, un jeu sur Kinnect pour travailler les postures ou même pourquoi pas des Google Glasses pour utiliser la réalité augmentée. L’effet « waouh » est fondamental.
Une autre tendance forte sur le marché de la formation ?
Il y a des opportunités extraordinaires à saisir avec les nouveaux modèles économiques de l’open-learning et du crowdsourcing. A-t-on encore besoin d’éditeurs de formation payants, à l’heure où Stanford, par exemple, met en ligne gratuitement des contenus ?
Gaëlle Fillion