La fusion entre Syntec Numérique et TECH IN France est amorcée
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
D’ici juin 2021, les deux organisations professionnelles du numérique vont se rapprocher, ce qui donnera lieux à de multiples transformations.
La configuration de représentation du secteur numérique va changer en 2021. Syntec Numérique et TECH IN France viennent d’annoncer leur fusion qui surviendra entre mars et juin 2021 pour créer « l’organisation de référence du numérique en France ».
Cette consolidation des forces du numérique est un serpent de mer mais elle devrait bel et bien se concrétiser la semaine prochaine.
« Cette période de pandémie a non seulement accéléré la transformation digitale mais aussi l’évolution des modèles économiques déjà à l’oeuvre ; la fusion nous permettra d’accompagner au mieux notre écosystème face à ces bouleversements », évoque Godefroy de Bentzmann, Président de Syntec Numérique.
« Il s’agit d’une avancée majeure pour nos entreprises : l’opportunité de disposer d’une représentation bien plus forte en France et en Europe, d’une nouvelle entité susceptible d’accompagner, de la start-up au grand groupe, le numérique sur la voie de l’innovation et de la croissance. Les pouvoirs publics disposeront ainsi désormais d’un interlocuteur clé et incontournable sur tous nos sujets », déclare Pierre-Marie Lehucher, Président de Tech In France qui vient d’être réélu pour un mandat par l’assemblée générale de l’association le 26 novembre.
Vers une représentation numérique nouvelle génération
Cette fusion entre le syndicat professionnels des ESN (2000 adhérents) et l’association professionnelles d’éditeurs de logiciels (400 membres) sera accompagnée :
- de la création d’une nouvelle marque ;
- d’une nouvelle dénomination ;
- d’un cadre juridique à définir ;
- d’une gouvernance nouvelle.
Le futur ensemble se fixe plusieurs objectifs :
- « porter la voix du secteur numérique » au service du citoyen ;
- devenir l’interlocuteur « légitime et constructif » des pouvoirs publics en France et en Europe ;
- renforcer les offres de services aux entreprises du numérique, notamment d’accompagnement à l’export ;
- consolider les partenariats européens avec les structures homologues nos pairs ;
- « animer l’écosystème en vue de favoriser les synergies entre les acteurs du numérique », y compris en région.
Les deux parties qui veulent sceller une alliance ont fixée 5 grands enjeux prioritaires en matière de numérique :
- « la place du numérique dans la société » ;
- « la France numérique en Europe » ;
- « la croissance et la compétitivité de nos entreprises du numérique », incluant « la promotion de la souveraineté française et européenne » ;
- « la transformation numérique de toutes les entreprises et administrations, vecteur de croissance de l’économie » ;
- « les enjeux sociaux, sociétaux et écologiques du numérique »
Les deux organisations proposent régulièrement des plans pour développer l’économie numérique. En mai dernier, elles s’étaient associées pour soumettre au gouvernement 75 recommandations pour sortir de la crise avec notamment des mesures RH.
En octobre, elles ont présenté en commun la 10ème édition du classement des 250 premiers éditeurs logiciels français, intégrant 42 acteurs au profil HR Tech.
A travers ses 2000 adhérents, Syntec Numérique assure « représenter 80 % du chiffre d’affaires du numérique en France et 447 000 emplois » tandis que TECH in France et ses 400 éditeurs membres revendiquent un vivier de 90 000 emplois.
10 ans de tergiversation
Dans le passé, des tentatives de rapprochement entre organisations professionnelles du numérique dans le passé ont ressemblé à des serpents de mer.
Ainsi, sous les deux mandats de Guy Mamou-Mani à la présidence du Syntec Numérique (juin 2010 - juin 2016), des discussions récurrentes avec l’AFDEL (ex-TECH in France) avaient été enclenchées en vue d’une « union ». En 2014, l’idée de créer une « organisation patronale plus forte et plus lisible » avait émergé.
En avril 2015, Guy Mamou-Mani admettait que le rapprochement avec l’AFDEL était au point mort, neuf mois après avoir remis un document de propositions. « Nous n’avons eu aucune réaction depuis », regrettait-il.
De leur côté, les pouvoirs publics lancent régulièrement aussi des appels en faveur de rapprochements des organisations professionnelles pour limiter le nombre d’interlocuteurs à consulter en cas de débat sur des évolutions législatives du secteur du numérique.
Ainsi, en janvier 2013, Fleur Pellerin, ministre chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique (gouvernement de Jean-Marc Ayrault sous la présidence de François Hollande), exprimait une certaine irritation. « On ne peut pas créer un nouveau syndicat à chaque fois qu’une innovation ou un business model nouveau voit le jour (…) Le numérique doit s’organiser (…) Les pouvoirs publics gagneraient à un regroupement », clamait-elle à l’époque.
On attend la réaction de Cédric O, l’actuel secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, concernant cette fusion des deux organisations professionnelles.
De son côté, la Commission Supérieure du Numérique et des Postes a déjà adressé ses voeux.
« Tous nos vœux à cette nouvelle organisation pour porter les enjeux du numérique, plus d’actualité que jamais ! », déclare-t-elle via son compte Twitter.
Il existe d’autres entités professionnelles qui compte dans le secteur comme France Digitale (start-up et sociétés de capital-risque) et CINOC Numérique (professions libérales, salariés en portage salarial, TPE et PME).