Le Plan Tech : un soutien massif apporté à un écosystème ébranlé de start-ups
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
A travers cinq leviers de financement, le gouvernement dévoile un plan de soutien de 1,2 milliard d’euros pour le secteur du numérique et de l’innovation.
C’est un geste fort que le gouvernement vient d’adresser au secteur du numérique avec un plan d’un montant global de 1,2 milliard d’euros.
Dévoilé le 5 juin par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, et Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, ce nouveau catalogue de mesures anti-crise s’appuie essentiellement sur le Programme d’investissement d’avenir (PIA), sous la houlette de la Caisse des dépôts et de Bpifrance.
Le Plan Tech comporte 5 volets complémentaires pour accompagner les acteurs du numérique dans cette période troublée synonyme de :
- perte de chiffres d’affaires ;
- de manque de financements de la part des investisseurs ;
- de suppression de postes en raison de la dégradation de la conjoncture économique liée à la crise sanitaire.
Lancement d’un fonds « French Tech Souveraineté »
Sous des angles défensifs et offensifs, l’objectif est de « renforcer l’autonomie stratégique sur des technologies d’avenir et marchés clés » et de « sécuriser le développement de nouveaux leaders de rang mondial en capacité de renforcer la souveraineté française ».
La protection de l’innovation portera sur des thèmes forts comme :
- le quantique ;
- e-santé ;
- cybersécurité ;
- intelligence artificielle.
Une première enveloppe de 150 millions d’euros est débloquée en juin. Le dispositif sera complété en 2021 et pourra atteindre 500 millions d’euros.
Soutien au financement des entreprises technologiques
Doté de 500 millions d’euros, ce volet s’adresse aux star-up sous différentes formes :
- fonds propres ;
- bridges (relais de financement) ;
- aides à l’innovation.
Réabondement du fonds French Tech Bridge
Une première enveloppe de 80 millions d’euros avait été lancée fin mars. Elle double de taille (160 millions d’euros donc). Le fonds French Tech Bridge s’adresse aux start-ups rattrapées par la crise qui étaient en cours de levée de fonds ou qui devaient en réaliser une dans les prochains mois. Mais, vu la frilosité actuelle du capital-risque, le gouvernement apporte un co-financement qui prend la forme d’obligations avec accès possible au capital (obligations convertibles).
Lancement d’une offre de prêts pour les start-ups prometteuses
Le gouvernement accorde une enveloppe d’environ 100 millions d’euros de prêts pour renforcer la trésorerie des start-ups viables développant une technologie prometteuse mais qui n’auraient pas pu obtenir un prêt garanti par l’Etat (PGE) en raison de leur statut d’entreprise en difficulté.
Rechargement du fonds PSIM
Le fonds Programme de soutien à l’innovation majeure (PSIM), dont la création remonte à juin 2017, vise à accompagner en capital les entreprises lauréates du Concours mondial d’innovation (initié fin 2013). Il vise à accompagner « les start-ups porteuses d’innovations majeures et de rupture ». Le gouvernement injecte 120 millions d’euros supplémentaires dans ce fonds initialement doté de 150 millions.
Renforcement de dispositifs d’aides à l’innovation
Dédié aux start-ups et PME innovantes, le Concours d’innovation i-Nov est étendu pour une enveloppe totale de 80 millions d’euros en 2020 (contre 60 millions auparavant). Il privilégiera les « Challenges IA » relancés en juin pour 15 millions d’euros.
Soutien à l’émergence d’un nouveau vivier de start-ups
Une ligne de 200 millions d’euros est attribuée à différents leviers de financement :
Pivot des SATT
Une troisième tranche de financement de 65 millions d’euros en faveur des 4 SATT (Il existe 13 structures de ce type en l’état actuel) est débloquée. Les sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) permettent de faire la jonction entre la recherche académique et les entreprises pour :
- protéger les inventions ;
- financer les projets d’innovation ;
- valoriser les travaux de recherche susceptibles d’aboutir à des innovations de rupture.
Appui aux start-ups Deep tech
Une dotation de 15 millions d’euros est attribuée à une deuxième vague d’appel à projets pour des programmes de formation, d’accompagnement et d’accélération spécialisés sur l’entreprenariat Deep tech.
Création du deuxième fonds d’investissement French Tech Accélération
Avec une réallocation de 100 millions d’euros (contre 200 millions lors de son lancement en 2014), le fonds French Tech Accélération va aussi mettre en exergue les Deep tech au sein des accélérateurs ou dans les portefeuilles des fonds d’investissement sensibles à cette angle d’innovation de rupture.
Soutien au recrutement par des actions d’information
Mise en place d’une plateforme pour favoriser l’emploi dans les start-ups
Une plateforme de contenus en ligne sera lancée dans la courant de l’été pour favoriser la rencontre entre candidats potentiels et start-ups et mieux appréhender les métiers Tech et sera accompagnée d’une campagne de communication.
Financement d’initiatives locales de promotion des carrières dans les start-ups
Les Capitales et Communautés French Tech disposeront d’une enveloppe d’un million d’euros pour financer des événements sur le thème des carrières et des opportunités dans les start-ups. L’appel à projets sera lancé en juillet en vue d’une sélection des initiatives annoncée à la rentrée.
Cette nouvelle vague de mesures de soutien pour les start-ups complète les dispositions prises fin mars pour limiter l’impact de la crise, notamment le dispositif de « prêts de trésorerie » garanti par l’État (300 milliards d’euros) adoptée en loi de finances rectificative.
Inventaire des « verrous » pour accélérer la numérisation de la société et de l’économie
Un guichet unique est créé pour recenser les éléments qui bloquent l’essor des usages numériques. Les contributions de la consultation publique jusqu’au 31 juillet 2020 seront analysées afin d’alimenter un projet de loi présenté d’ici fin 2020 dans le cadre de la relance économique.
Soutien à l’innovation industrielle
Le gouvernement vient aussi d’annoncer qu’il engageait 100 millions d’euros en soutien à l’innovation des filières industrielles sous forme d’aides aux projets de recherche et développement structurants pour la compétitivité (PSPC). Ces derniers visent à accélérer des innovations collaboratives de rupture associant PME, grands groupes et laboratoires.
En parallèle, les Instituts de recherche technologique (IRT) et pour la transition énergétique (ITE) bénéficieront d’une nouvelle tranche de financement pluriannuels de 320 millions d’euros jusqu’en 2023 (avec une possibilité d’extension de 130 millions d’euros jusqu’en 2025).
Ainsi, l’institut B-Com, qui s’investit dans les technologies numériques, disposera d’une tranche ferme de 23 millions d’euros dans la période 2021-2023.