Les start-up face à la crise : 4 milliards d’euros pour passer en mode résilience
Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning
Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, initie un plan pour soutenir la French Tech. Le financement de l’écosystème start-up va être malmené dans les prochains mois.
Selon le Baromètre EY du capital-risque de 2019, les start-up françaises ont levé plus de 5 milliards d’euros (+39 % par rapport à l’année précédente). Le paysage du financement de l’écosystème d’innovation risque d’être profondément remodelé avec la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a un impact important sur l’économie du pays. Il va falloir que les 5000 start-up du numérique se serrent la ceinture car les sociétés de capital-risque se montreront plus exigeantes pour injecter de l’argent.
Pour se préparer à la récession, le gouvernement cherche à préserver la pérennité des entreprises et des emplois. Une série de mesures a été annoncée pour les microentreprises. C’est au tour des start-up de faire l’objet de mesures d’accompagnement.
Des mesures d’urgence pour la trésorerie des start-up
Le 25 mars, Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du numérique, a dévoilé une série de mesures en lien avec le secrétariat général pour l’investissement (SGPI) en charge du Programme d’investissements d’avenir (PIA) et de Bpifrance.
« Du fait de la spécificité de leur modèle de développement, il convenait de prendre des mesures d’urgence dédiées afin de soutenir, aux côtés de leurs actionnaires, celles dont l’activité est fortement affectée par le Covid-19. Au total, ce sont près de 4 milliards d’euros dont vont pouvoir bénéficier les start-ups pour leur trésorerie », déclare Cédric O.Dans les détails, voici les mesures prises par le gouvernement pour soutenir la French Tech :
- Une enveloppe de 80 millions d’euros, financée par le PIA, visant à assurer des bridges (financement-relais) entre deux levées de fonds. Le montant du soutien peut atteindre 160 millions d’euros en cas de cofinancement avec des investisseurs privés ;
- Une intégration dans le dispositif de « prêts de trésorerie » garanti par l’État (300 Mds €) adoptée en loi de finances rectificative ;
- Un remboursement accéléré par l’État des crédits d’impôt sur les sociétés restituables en 2020, dont le crédit impôt recherche (CIR) pour l’année 2019, et des crédits de TVA ;
- Un versement et une distribution accélérés des aides à l’innovation du PIA pour un montant de 250 millions d’euros ;
- Un report d’échéances de remboursement jusqu’à six mois en cas d’aides perçues sous forme d’avances, de remboursement ou assorties de redevances.
« Les start-up ont un poids croissant dans l’économie, en particulier dans les emplois. Elles développent également des produits et services innovants dont l’utilité est d’autant plus reconnue par les Français dans le contexte du confinement, notamment pour la téléconsultation, le télétravail ou la livraison », déclare Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du numérique. « Du fait de la spécificité de leur modèle de développement, il convenait de prendre des mesures d’urgence dédiées afin de soutenir, aux côtés de leurs actionnaires, celles dont l’activité est fortement affectée par le COVID-19. Au total, ce sont près de 4 milliards d’euros dont vont pouvoir bénéficier les start-up pour leur trésorerie. »
Renforcer les dispositifs existants
La majeure partie des mesures annoncées par Cédric O correspond à un plan de renforcement des dispositifs de soutien déjà établis :
- accélération du paiement des aides à l’innovation du PIA, comme les concours d’innovation, en versant par anticipation les tranches non encore distribuées our les dossiers déjà validés ;
- versement plus rapide du CIR 2019, ce qui devrait représenter une avance de trésorerie de 1,5 milliard d’euros ;
- maintien du soutien aux entreprises innovantes à travers Bpifrance avec 1,3 milliard d’euros d’aides à l’innovation prévu pour 2020 (subventions, avances remboursables, prêts, etc.).
L’écosystème technologique français a connu une très forte accélération ces dernières années grâce à l’implication des réseaux de sociétés de capital-risque, d’entrepreneurs du numérique et de business angels. Mais répondront-ils à l’appel de la mobilisation ?
Dans un tweet diffusé le 26 mars 2020, Cedric O indique qu’il a organisé en vidéo conférence un échange avec les fonds de capital-risque français pour « s’assurer qu’ils assumeront leur part de soutien aux start-up et répondre à leurs questions sur les mesures d’urgences pour les entreprises ».
(Photo archive French Tech - novembre 2019)