Formation

LMS : Syfadis repart à l’offensive en faisant évoluer sa plateforme

Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning

Laurent Delaporte, CEO de Syfadis, détaille la transformation en cours après la reprise en main de la société qui édite le LMS en 2019. Pascal Vitoux, le nouveau Chief Product & Technology Officer, précise les contours techniques de la feuille de route « produit ».

Syfadis : le LMS pionnier relancé sous la houlette de Laurent Delaporte - © D.R.
Syfadis : le LMS pionnier relancé sous la houlette de Laurent Delaporte - © D.R.

Syfadis renouvelle son approche de marché sur l’e-learning en revoyant ses fondamentaux et en relançant une offensive sous l’impulsion de son président Laurent Delaporte.

Fin 2019, cet entrepreneur, dirigeant du groupe Orians (spécialiste du numérique) qu’il a cofondé, a racheté à ManpowerGroup la société numérique pionnière dans la formation et du développement des compétences (sa genèse remonte à 2001).

Mi-2020, Syfadis a acquis 2SPARK pour proposer du micro-learning (formations courtes sous des formules « 1 minute par jour »). Elle a également développé des partenariats avec :

  • Domoscio (éditeur spécialisé dans l’IA appliquée à l’apprentissage, acquis en 2020 par la start-up belge Myskillcamp),
  • Kacyonet (solution d’émargement digital pour les acteurs de la formation).

Fort investissement en R&D

Laurent Delaporte, CEO Syfadis - © D.R.
Laurent Delaporte, CEO Syfadis - © D.R.

En 2022, l’entreprise, qui dispose actuellement d’un effectif de 63 collaborateurs, a réalisé un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros (+24 % de croissance par rapport à 2021).

« Depuis 2020, Syfadis a beaucoup investi sur la partie R&D, le redimensionnement de sa plateforme LMS et l’accroissement de la cybersécurité. Je qualifierais l’année 2022 de renaissance économique avec des clients qui nous ont suivi sur des engagements contractuels pluriannuels en raison de leurs plans de formation qui s’étalent sur plusieurs années. Fin 2023, nous devrions parvenir à un CA de 10 millions d’euros » , déclare Laurent Delaporte, CEO de Syfadis.

Syfadis dispose actuellement de 100 organisations clientes, intégrant des partenaires historiques comme Groupe Crédit Agricole via son université IFCAM avec 175 000 utilisateurs, Groupe BPCE avec 100 000 utilisateurs, LCL ou le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).

« En 2023, nous allons augmenter de 500 000 le nombre d’utilisateurs de notre plateforme grâce à de nouveaux contrats signés en 2022. Le nombre d’apprenants devrait avoisiner les 4 millions d’ici à la fin de l’année », précise Laurent Delaporte.

Dans l’univers concurrentiel, Laurent Delaporte cite 3 principaux concurrents : Cornerstone OnDemand, CrossKnowledge et Talentsoft (propriété de Cegid).

Recrutement : renouvellement de l’équipe

Pour accompagner ce nouvel élan, Syfadis a lancé début 2023 une campagne de recrutement pour soutenir le développement de ses activités avec 50 postes ouverts en CDI à pourvoir d’ici fin 2024 sur Paris, Rennes et Toulouse.

« Le turn-over est important, de l’ordre de 30 %, en raison de la période Covid-19 et du contexte du rachat de l’entreprise Syfadis avec des collaborateurs qui n’adhéraient plus forcément à la nécessaire transformation de notre modèle », indique Laurent Delaporte.

« Actuellement, nous recrutons donc de nouveaux collaborateurs qui sont à l’image de notre équipe : très motivés. Nous accentuons la qualité de vie au travail et nous proposons également à un maximum de collaborateurs des formations adaptées et valorisantes. » 

Syfadis : arrivée de Pascal Vitoux

Le top management est également renouvelé en partie avec l’arrivée d’un nouvel expert technologique fin 2022 :
Pascal Vitoux, Chief Product & Technology Officer, qui revient en France après une longue expérience dans le secteur technologique aux Etats-Unis via la société ASG Technologies.

« J’ai embauché Pascal [Vitoux] quand il était étudiant. Il est devenu ensuite patron de la R&D de la société d’édition logicielle ISTRIA que je dirigeais et que j’ai cédée en 2004 au groupe américain ASG. Il a suivi en partant à l’international. Par une conjonction d’événements, nous nous sommes retrouvés courant 2022. A travers son expérience professionnelle acquise, il apporte beaucoup de choses aux équipes de Syfadis », précise Laurent Delaporte.

Révision enclenchée des architectures data et produits

Pascal Vitoux, Chief Product & Technology Officer, Syfadis - © D.R.
Pascal Vitoux, Chief Product & Technology Officer, Syfadis - © D.R.

« Chez Syfadis, nous avons un potentiel à libérer en accélérant les projets autour de la gestion des compétences en entreprise. Nous avons réorganisé les équipes en interne pour renouveler l’approche », explique Pascal Vitoux, Chief Product & Technology Officer.  « En toile de fond sur 2023, nous cherchons aussi à impliquer nos clients le long du processus de nos produits avec un focus expérience utilisateur. »

La feuille de route pour l’évolution du LMS est dense.

  • « A moyen terme, nous avons aussi un énorme travail à réaliser sur la partie des données (tracking, usages, finance, contenus…) en retravaillant sur son architecture dans le produit en vue d’une exploitation plus facile. Nous avons créé notre propre équipe data en interne et nous collaborons avec Socio Data Management [ndlr :une autre entité du groupe Orians]. La première transformation de l’architecture en termes d’urbanisation des données est en cours. Les données constituent aussi une mine d’or pour avancer sur la dimension predictive learning qui permet, entre autre, de déterminer les probabilités de réussite d’un programme de formation à monter en fonction des populations d’apprenants visées. »
  • « Nous allons aussi revoir d’ici 2024 l’architecture du produit qui a été développée il y a 20 ans pour fluidifier le mode de déploiement et la montée en version de produits dans le cloud. Nous avons encore une partie du parc clients qui s’appuie sur un produit auparavant développé sous l’angle “application as a service” et exploitée comme une licence privée sur un cloud via des fournisseurs français d’hébergement comme Claranet ou OVH. Mais la question de se tourner vers un cloud majeur [ndlr : Microsoft, Google ou AWS] se posera en cas d’accompagnement de nos clients à l’international. La partie SaaS est une question de ‘go to market’. Nous devons prendre en compte notre large couverture fonctionnelle qui est spécifique pour couvrir les besoins des entreprises françaises. En même temps, nous voulons développer l’international à travers la constitution d’un réseau de partenaires de vente indirecte », détaille Pascal Vitoux.

Le parcours de l’apprenant évolue également.

  • « Nous voulons simplifier le parcours des apprenants pour accéder à l’information. Ce qui nécessite un travail sur l’expérience utilisateur. Une nouvelle release de notre plateforme LMS, attendue en juillet, permettra d’emmener directement la formation vers l’environnement de travail traditionnel du collaborateur (Workday, Salesforce…),
  • « Nous développons aussi une version 2 du modèle d’adaptive learning pour individualiser les parcours de formation et les contenus », indique Pascal Vitoux.

Contenus de formation : une ouverture plus large

Sur le volet des catalogues et des contenus de formation, Syfadis se positionne surtout comme un intégrateur plutôt que comme un producteur en propre.

« Nous disposons d’une dizaine de partenaires en natif et plus via les normes scorm et xAPI. Nous développons aussi une approche ‘ouverte’ qui nous permettra d’intégrer facilement et rapidement tous les contenus lors des projets avec nos clients », indique Pascal Vitoux.

Récemment, plus de 50 000 nouvelles formations ont été ajoutées à sa plateforme LMS grâce à des partenariat avec les éditeurs de contenu XOS et Edflex.

Les voies d’intégration de contenus par plug-in se multiplient pour gagner en flexibilité :

  • avec l’adoption par Syfadis d’une position d’apporteur d’affaires en vue d’une commercialisation conjointe avec les fournisseurs d’offres de contenus,
  • avec des engagements vis-à-vis de projets spécifiques de clients (fourniture d’une interface simple et stable…).

ChatGPT : quelles implications pour Syfadis

« Je travaille sur l’IA depuis 1997 et sur les modèles conversationnels depuis 2017 à travers le traitement automatique du langage BERT (acronyme de 'Bidirectional Encoder Representations from Transformers') initialement développé par Google qui dispose d’une version française (CamemBERT). Ce framework NLP en open source a servi de socle pour le développement de ChatGPT d’OpenAI.
• Cette technologie aura des implications sur le développement de Syfadis, sur la génération de données et de référentiels de compétences, la création de fiche d’informations sur du contenu pédagogique… Nous verrons si nous utilisons directement ChatGPT pour nos propres développements ou la technologie sous-jacente.
• ChatGPT n’est pas révolutionnaire en soi mais l’ensemble des acteurs prennent désormais conscience du potentiel. Nous savions que cela allait arriver mais pas aussi vite », indique Pascal Vitoux.