Formation

Aurélia Bollé, AINOA : « La moitié des LMS de notre benchmark intègrent des fonctionnalités IA »

Par Philippe Guerrier | Le | Lms

Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier LMS : quelle plateforme adopter en 2025 pour le digital learning ?

Avec la publication récente du Guide LMS 2024-2025, Aurélia Bollé, Déléguée générale de l’AINOA (ex-FFFOD), précise quelques tendances perçues dans les offres de LMS et sur l’adoption par les entreprises de ce type de plateforme pour la formation professionnelle.

Aurélia Bollé, Déléguée générale de l’ AINOA (ex-FFFOD) - © D.R.
Aurélia Bollé, Déléguée générale de l’ AINOA (ex-FFFOD) - © D.R.

Pour prolonger le remarquable travail réalisé avec le Guide LMS 2024-2025 (34 plateformes scrutées) dans le benchmark AINOA, Aurélia Bollé, Déléguée générale de l’association nationale sur le champ de la formation à distance, apporte des éclairages complémentaires sur l’évolution des LMS et la manière dont les entreprises adoptent les outils pédagogiques pour l’apprentissage professionnel.

« De plus en plus de LMS entrent dans le Benchmark car il existe aussi de plus en plus d’éditeurs de plateformes sur un marché qui grossit », déclare-t-elle.

Quels sont les principaux critères de choix pour déployer un LMS en entreprise ?

En premier lieu, une entreprise recherche la facilité d’utilisation du LMS, au regard du nombre de fonctionnalités disponibles intégrées sur ces plateformes.

L’accessibilité numérique prend également de l’importance. À partir du 28 juin 2025 (date de l’entrée en vigueur de la directive européenne sur l’accessibilité des produits et services), la plupart des entreprises privées seront concernées par une obligation d’accessibilité. Ce qui aura un impact sur les LMS. Les éditeurs ne sont pas tous prêts pour remplir les conditions.

Il faut également évaluer la conformité sous l’angle : comment un LMS peut faciliter la génération d’une attestation de la réalité d’une action de formation financée par des fonds publics ?

Enfin, les questions de coûts associés au déploiement et à la maintenance d’un LMS et relatives au ROI restent un passage obligé dans la réalisation du projet.

Le débat entre le mode de déploiement SaaS (hébergé dans le cloud) ou on premise (sur site) demeure-t-il vivace ?

Principalement, on parle de mode SaaS. Il reste encore des configurations on premise pour s’intégrer dans des environnements spécifiques, pour remplir certaines conditions de sécurité ou favoriser la cohabitation ou la convergence entre différentes plateformes.

Pour le mode SaaS (cloud), la question de l’hébergement du LMS en Europe (voire en France) est importante.

La question d’une plateforme propriétaire ou open source est-elle déterminante ?

Ce sont des démarches bien différentes à étudier dans l’analyse des besoins à réaliser préalablement : qu’attend-on vraiment d’un outillage LMS ? Une exploitation open source permet de déterminer des configurations à la carte mais elle nécessite des couches de développements spécifiques.

En sélectionnant une solution propriétaire, le chemin du développement est davantage balisé. Cela souvent des types d’organisation entre secteur privé et secteur public. Par exemple, on trouve beaucoup d’open source dans l’Éducation nationale et dans les universités.

L’exploitation de fonctionnalités IA devient-elle un passage obligé ou demeure-t-elle annexe dans les LMS ?

L’exploitation de l’IA reste modeste en l’état actuel.

La moitié des LMS analysés dans notre benchmark propose des fonctionnalités IA. Mais elles demeurent encore peu développées et centrées sur la génération automatique de contenus. L’IA permet aussi d’accompagner la conception de cours, d’accorder davantage de place à l’évaluation par des questions ouvertes, et d’activer un système de détection de triche lors d’examens.

Côté apprenant, elle permet de générer du tutorat pour l’accompagnement de l’apprentissage et l’acquisition des connaissances. L’IA peut servir aussi à la recommandation de parcours ou de modules. Nous n’avons pas atteint le stade de la prescription de formation dans les LMS compte tenu des niveaux importants de traitement de données.

L’exploitation reste modeste en l’état actuel. La grande amélioration, que nous avons observée au fil du temps avec le benchmark, porte surtout sur la finesse des fonctionnalités pédagogiques des LMS. Celles-ci ont considérablement évolué.

Elles offrent des outils de plus en plus sophistiqués pour les formateurs et les apprenants, notamment sur les interactions sociales et collaboratives avec des forums de discussion, les groupes de travail, la gamification, les tableaux blancs, les feedbacks ou encore l’évaluation.

Entre coûts d’installation et coûts d’exploitation, existe-t-il une réelle différence perceptible de contractualisation entre les éditeurs ?

Entre les solutions open source et propriétaires, les structures de coûts sont différentes. Il faut prévoir des coûts non négligeables pour des développements dans l’open source.

Si l’on regarde les solutions propriétaires, nous ne percevons pas vraiment de grandes différences entre éditeurs. L’offre standard de modules des LMS est assez homogène.

Les coûts ne sont pas si éloignés les uns des autres. C’est difficile d’en faire un facteur différenciant.

Pour les organisations, l’important est de déterminer les fonctionnalités adaptées aux besoins opérationnels et d’adopter les modules appropriés dans chaque LMS.

Dans quelle mesure avez-vous pris en compte dans le Benchmark LMS la production ou d’exploitation de contenus pédagogiques ?

Nous avons défini un ensemble de critères pour évaluer la capacité des plateformes à produire des contenus, à l’aide de quels outils, la nature des contenus créés (multimédia, contenus interactifs, quizz, documents téléchargeables…) et pour voir comment elles intègrent des outils spécialisés dans la création de contenus (Storyline, Canva, H5P, etc.).

Comment s’organiser dans les entreprises pour assurer le déploiement d’un LMS ?

Il doit s’ancrer dans un projet collectif et partagé. Par conséquent, il ne faut pas le laisser dans les mains de la DSI uniquement.

En questionnant les besoins, il est nécessaire d’associer l’ensemble des parties prenantes dans ce projet de conduite de changement : équipes de formateurs, responsables de formation, services informatiques et de cybersécurité…

C’est un enjeu d’adoption de l’outil en aval, qui peut devenir stratégique dans des environnements multi-sites. La formation doit être vue de manière globale, atteindre l’ensemble des territoires et être garante d’une certaine homogénéité.

Quelle est la fréquence moyenne de migration d’un LMS pour une organisation ?

Tout dépend des stratégies d’entreprise au cas par cas. L’exploitation d’un LMS s’inscrit davantage dans une continuité de services dans la durée.

Ce type d’outil est assez pérenne : on parle plutôt d’évolutions d’exploitation.

On constate aussi des co-existences de LMS au sein des organisations plus ou moins décentralisées.

Nous sommes rarement dans la rupture sauf si une taille critique a été atteinte et qu’il faut changer de plateformes pour gagner en efficacité.

Point sur le respect de la législation

Pour les organismes de formation, quels points essentiels faut-il retenir sur le volet du respect de la réglementation entre Qualiopi et l’exploitation d’un LMS ?

• « Qualiopi est un guide de lecture pour renforcer le processus de qualité des formations. C’est une obligation pour les organismes de formation avec un processus d’audit et de certification à la clé. Les éditeurs de LMS se sont adaptés au cadre Qualiopi.
• Grâce à des fonctionnalités combinées, le LMS permet de faciliter le renseignement d’un certain nombre d’indicateurs à remplir dans Qualiopi. Par exemple, les conditions d’information du public sur les prestations proposées (critère numéro 1 de Qualiopi). En détaillant les modalités d’accès au LMS sur le catalogue de formations en ligne, l’organisme de formation satisfait à l’obligation de ce premier indicateur.
• Prenons un autre exemple pour faire le lien avec le respect de la règlementation à travers la loi du 5 septembre 2018 pour la Liberté de choisir son avenir professionnel qui encadre les formations à distance, le LMS peut être un instrument précieux pour vérifier l’identité des stagiaires inscrits dans un processus de formation, de récupérer un certain nombre de preuves des parcours d’apprentissage effectués et des travaux réalisés. »

• Pour accéder à l’intégralité du Guide 2024-2025 LMS de l’AINOA

Concepts clés et définitions : #LMS ou Learning Management System