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Port obligatoire du masque en entreprise : difficile d’y échapper pour la rentrée !

Par Philippe Guerrier | Le | Workspace

Le protocole de protection sanitaire en entreprise va évoluer en septembre. Cela passe par une systématisation du port du masque dans les espaces clos et partagés.

Port obligatoire du masque en entreprise : une proposition simple pour une application compliquée - © D.R.
Port obligatoire du masque en entreprise : une proposition simple pour une application compliquée - © D.R.

Face au risque d’une deuxième vague Covid-19, le port obligatoire du masque de protection en entreprise fait partie des sujets chauds de la rentrée. Dès le 16 août, Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, a donné le ton dans une interview accordée au JDD alors que la propagation de la Covid-19 en entreprise est un vecteur non négligeable. 

« Le virus Covid-19 circule beaucoup plus activement aujourd’hui qu’il y a quelques semaines. Les indicateurs ne sont pas bons. Il faut en tirer les conséquences (…) Un sujet apparaît dans tous les avis scientifiques : l’intérêt d’en porter un quand on est à plusieurs dans un lieu clos. Dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle, les espaces de circulation… Dans ce genre de cas, le port obligatoire du masque fera partie des propositions que nous ferons aux partenaires sociaux. »

Les pistes pour la généralisation du port du masque en entreprise

Le 18 août, Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État auprès de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, chargé des Retraites et de la Santé au Travail, prend le relais en suggérant des évolutions du protocole de protection sanitaire en entreprise. Avec une mesure phare : l’adoption du principe général de port systématique dans les espaces clos et partagés en entreprise à compter du 1er septembre.

A l’issue de la réunion avec les partenaires sociaux, le représentant du gouvernement affiche sa volonté de « travailler avec les partenaires sociaux sur les modalités pratiques de mises en œuvre et de possibles adaptations de cette nouvelle norme »

Ces nouvelles modalités à consolider prennent en compte quatre dimensions :

  • systématisation du port du masque dans les espaces clos et partagés au sein des entreprises et des associations (salles de réunion, open-space, couloirs, vestiaires, bureaux partagés, etc.) ;
  • rappel de l’importance des autres mesures barrières complémentaires : distanciation physique, lavage régulier des mains (savon ou gel hydroalcoolique), nettoyage et désinfection des surfaces de travail, aération des locaux ;
  • recommandation maintenue de la pratique du télétravail ;
  • renforcement des recommandations en matière d’hébergement collectif des travailleurs, en privilégiant le logement individuel.

Rappelons que, fin juillet, le gouvernement s’est adressé aux entreprises en leur demandant de
« constituer un stock préventif de masques de  protection de 10 semaines pour pouvoir faire face à une résurgence potentielle de l’épidémie. »

MEDEF : « Il faut des dérogations »

Ce débat portant sur le port obligatoire du masque dans les espaces clos et partagés en entreprise suscite des réactions mitigées au sein des chambres professionnelles du patronat.

« Nous nous méfions des mesures générales qui sont difficilement applicables et qui sont susceptibles de créer une psychose chez les salariés », considère Patrick Martin, président délégué du MEDEF, sur RTL le 19 août. 

« Dans l’immense majorité des cas, les entreprises disposent des stocks nécessaires pour appliquer cette recommandation du port du masque que nous interprétons comme une obligation », poursuit-il.

« Nous tenons à la mise en place de dérogations pour certaines entreprises pour lesquelles le port obligatoire du masque ne se justifie pas. Par exemple, les métiers du second-œuvre dans le bâtiment, qui comportent du travail en milieu clos mais à des distances de 6 à 8 mètres, verraient leur travail fortement contraint par l’obligation du port du masque. »

Du côté de la CPME, on appelle à des « règles claires, simples et sans ambiguïté » si de nouvelles règles sur la généralisation du port du masque en entreprise devaient être adoptées. 

Syndicats : approbations sous conditions

Les organisations syndicales des travailleurs enrichissent aussi la réflexion de leur côté. 

  • « Il ne faut pas perdre de temps alors que la reprise de tous les salariés arrive dans les deux prochaines semaines. Cela sera la première fois depuis le début de la crise que les entreprises auront à s’organiser avec 100 % des salariés. Ces mesures globales de renforcement du protocole sanitaire vont dans le bon sens. Il reviendra aux entreprises et aux employeurs de fournir les masques de protection », selon la CFDT.
  • « Rendre obligatoire le port du masque sur le lieu de travail doit nous interroger sur quel outil productif en France pour assurer la fourniture aux entreprises de masques de qualité optimale aux meilleures conditions. L’obligation du port du masque, tant dans les lieux de travail que les espaces publics, doit rimer avec gratuité », selon la CGT.
  • « Éviter une reprise de la pandémie et par la même occasion un reconfinement généralisé est notre priorité. Ainsi, nous soutiendrons les mesures de prévention que le Haut Conseil de la Santé Publique émettra, notamment l’obligation du port du masque dans les espaces clos de travail », selon l’Unsa.

Synthèse réalisée avec l’appui de la rédaction de News Tank RH. Toute l’actualité des relations sociales, de la formation professionnelle, des technologies RH et du talent management sur News Tank RH accessible sur abonnement.