« Réhabiliter la dimension humaine du recrutement » Thomas Vilcot

Ses explications.

Pourquoi est-ce si urgent de repenser les pratiques RH ?

Le marché des acteurs de l’emploi est en pleine recomposition, les comportements des candidats changent, les outils se diversifient… La fonction de recruteur, qui est l’une des plus anciennes dans l’entreprise, mérite, elle aussi, qu’on la revisite. Car il y a beaucoup de responsables du recrutement mais peu de recrutements vraiment responsables. Cette fonction doit devenir plus stratégique, en permettant aux entreprises de se construire un avantage concurrentiel et plus responsable, en réhabilitant la dimension humaine du recrutement.

Concrètement, qu’est-ce qu’un recrutement responsable ?

C’est un recrutement soutenu par la direction générale, piloté avec de bons indicateurs permettant d’évaluer le retour sur investissement de chaque action et qui remet l’humain au cœur des échanges afin de réconcilier les entreprises et les candidats. Pour mieux gérer le déséquilibre qui existe entre les postes à pourvoir et les compétences disponibles, nous avons développé des outils et des process interminables qui nous ont fait oublier le candidat, qu’il faut aujourd’hui considérer comme un client. A l’heure du recrutement 3.0, nous devons remettre nos valeurs de proximité sur le devant de la scène. La première étape est de garder en tête qu’avant d’être des recruteurs, nous avons été des candidats.

Quelles bonnes pratiques ont déjà été mises en œuvre ?

Certaines entreprises, habituées à utiliser des baromètres de satisfaction pour leurs clients, ont prolongé cette démarche au recrutement. Elles proposent aux candidats reçus en entretien de partager leur avis par le biais d’un questionnaire anonyme évaluant la qualité de l’accueil, de la prise de contact téléphonique à la fin de l’entretien d’embauche. Pour se rendre plus accessibles, certaines entreprises multiplient les interactions avec les candidats potentiels par le biais des blogs, des réseaux sociaux ou via des opérations de tchats tandis que d’autres se rapprochent des écoles et des universités pour communiquer sur leurs opportunités.

Le recrutement responsable est-il une réponse au clonage des salariés ?

Oui, en partie. Pôle Emploi a, par exemple, prouvé qu’il était possible d’élargir ses critères habituels de recrutement que sont l’expérience et le diplôme en optant pour une méthode de recrutement par simulation, qui consiste à ne pas regarder le CV des candidats et à les tester via des exercices pratiques permettant de mesurer leurs habiletés au regard du poste proposé. C’est une approche intéressante qui permet, par ailleurs, un traitement non-discriminant des candidatures.

Aurélie Tachot