La gestion des talents s’installe durablement
Le | Gestion des talents
Auparavant peu prise en compte par les entreprises, la gestion des talents semble désormais être au cœur de leurs préoccupations. Même si son impact sur la performance économique n’est plus à prouver, elle se heurte à quelques obstacles dont un manque de moyens. Zoom sur les enseignements de la la 3e édition d’un baromètre réalisé par l’ANDRH, Féfaur et Cornerstone auprès de 537 répondants
La gestion des talents se généralise
Près de 64 % des entreprises affichent une politique de gestion des talents. « Un pourcentage considérable qui confirme que les pratiques se généralisent », se réjouit Odile Pellier, de la Commission nationale Talent Management de l’ANDRH. Le contexte encourage les experts RH dans cette voie : avec la transformation digitale, les entreprises n’ont d’autre choix que d’attirer et de fidéliser des talents pour rester compétitives. « La compétitivité des entreprises dépend de leur capacité à attirer, fidéliser et développer des talents. La prise de conscience existe depuis des années et les programmes d’actions commencent à porter leurs fruits », précise Michel Diaz, directeur associé de Féfaur. Reste que la gestion des talents concerne les hauts potentiels (56 %) et les cadres dirigeants (48 %). Elle est encore trop élitiste.
L’évaluation devient continue
L’entretien annuel a de beaux jours devant lui ! Il reste l’outil n° 1 des entreprises souhaitant évaluer leurs talents. Près de 90 % le mettent en pratique, contre 85 % en 2015. La revue de personnel récolte, quant à elle, 77 % des voix. Plébiscité par 18 % des entreprises, « l’entretien en continu est en nette progression », souligne Odile Pellier. Notamment au sein des petites entreprises de moins de 1000 salariés, qui ont à cœur de resserrer les lignes hiérarchiques. A noter que les talents sont majoritairement évalués par les N+1 (92 %) et les RH (76 %).
Les outils ont fait leur preuve
Près de 62 % des entreprises s’appuient aujourd’hui sur un logiciel pour gérer leurs talents. Le SIRH, vieux comme le monde, continue d’avoir la cote. Malgré sa faible capacité à supporter une gestion des talents moderne, il est plébiscité par 33 % des entreprises. Même s’ils n’offrent pas de vision d’ensemble, les logiciels spécialisés dans un domaine (formation, recrutement…) sont choisis dans 15 % des cas. Plus étonnant : seulement 13 % des entreprises utilisent des plateformes logicielles dédiées à la gestion unifiée des talents. La route est donc encore longue.
La formation reste le levier n° 1
A la question « Comment développez-vous vos talents ? », les entreprises ont massivement répondu « via la formation présentielle » (90 %). Viennent ensuite le mode projet (74 %) et les missions transverses (69 %), qui favorisent l’apprentissage informel. Deux items qui expliquent la raison pour laquelle les entreprises accordent autant d’importance aux modes de fonctionnement collaboratifs. L’e-learning monte, lui aussi, en puissance : il est plébiscité par 47 % des sondés, contre 26 % en 2015. Preuve que sa généralisation est (enfin !) en bonne voie.
La question du budget divise !
Pour 69 % des entreprises, la gestion des talents est dotée d’un budget concernant les actions de formation et de développement. Un pourcentage élevé quoique relativement faible au regard des obligations de formation qui s’imposent aujourd’hui aux entreprises. D’une manière générale, l’étude révèle que la gestion des talents n’est pas encore dotée d’un budget à part entière. « Seules 34 % des entreprises y alloue un budget de fonctionnement spécifique. C’est un indicateur qui en dit long sur le poids qu’elles accordent à ce sujet dans leur stratégie globale », commenteOdile Pellier.
A la clé ? Un meilleur engagement
C’est sur le sujet de l’engagement (59 %) que les entreprises tirent le plus de bénéfices de la gestion des talents. Dans 58 % des cas, elles notent aussi une meilleure adéquation entre les compétences des collaborateurs et les besoins futurs de l’organisation. Pour arriver à ces résultats, encore faut-il connaître les facteurs clés de succès. L’adhésion du management et le fait d’avoir une stratégie d’entreprise claire contribuent à cette efficacité. « Les directeurs généraux des entreprises à forte croissance consacrent plus de 20 jours par an à la gestion des talents », souligne Geoffroy de Lestrange, Senior Product Marketing Manager chez Cornerstone OnDemand. Ces deux critères éclipsent la question du budget, corrélée à la réussite par seulement 27 % des sondés.
Aurélie Tachot