Forum des Serious Games : cap sur l’innovation pédagogique
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Le 9 avril dernier, l’éditeur Daesign organisait à Boulogne la sixième édition de son forum des Serious Games. Fil rouge de la rencontre : l’innovation pédagogique. Après une keynote sur la ‘gamification du monde’, plusieurs entreprises sont venues témoigner de leurs usages du serious game dans le cadre d’une table ronde, puis d’ateliers de démonstration
Morceaux choisis.
Gamify me ?
Points, badges, challenge, leaderboard… l’univers lexical du jeu est déjà fortement présent en entreprise….et ce n’est sans doute que le début. Jean-Noël Portugal, ancien dirigeant de Daesign et désormais consultant s’est livré à quelques réflexions prospectives. Selon lui, les prédictions des gourous américains de l’IT sont sans appel : au-delà de la dimension sociale, la décennie 2010-2020 sera celle de la gamification, notamment avec l’émergence de l’internet des objets. Bientôt, le jeu sera partout, il influencera profondément les comportements, y compris en entreprise. Ces évolutions génèrent déjà des peurs, parfois irraisonnées, selon l’expert. Certains redoutent par exemple que le jeu crée non pas de l’engagement mais de l’addiction. A contrario, les attentes générées par ces perspectives feront sans doute l’objet d’une désillusion à moyen terme…avant de trouver des usages porteurs de productivité. Patience donc. Au terme de sa démonstration, Jean-Noël Portugal livre ses conclusions : puisque le jeu restera une motivation en soi pour les collaborateurs (« une activité autotélique »), l’entreprise a tout intérêt à émanciper ses apprenants. Autrement dit, leur donner les moyens d’apprendre seuls en s’amusant.
Serious Game Store
Daesign conçoit depuis 10 ans des fictions interactives adaptées à la formation professionnelle. Particularité de l’éditeur : il développe ses serious games - dont 17 sont désormais disponibles sur étagère - avec le concours de grandes entreprises qui affinent les problématiques propres à chaque sujet : management, vente, relation client, bien-être au travail etc. Michelin, par exemple, a accompagné l’agence dans la conception du jeu générique baptisé « Mission antitrust ». Son Directeur juridique, Philippe Legrez, a en effet décidé de s’intéresser de près à la question pour éviter à l’entreprise de faire l’objet d’amendes pour non respect de la concurrence européenne. « Comment distiller les principes du droit de la concurrence à 3500 commerciaux généralement réfractaires aux questions juridiques ? » s’interroge-t-il. En rendant le message ludique. « Je ne crois plus à l’écrit en matière de formation. Le serious game, lui, est impliquant » explique-t-il. Quant à Orange, il a déjà participé à la conception de plusieurs jeux parmi lesquels « Collect’Or de l’Animation », désormais utilisé par d’autres entreprises, dont Natixis, également présent au Forum. Ensemble, les deux groupes travaillent par ailleurs avec Daesign et Air France sur le projet « M comme Manager » : un jeu évolutif qui s’enrichit chaque année de nouveaux scenarii. L’avenir du serious game ?
Gaëlle Fillion