La SNCF se forme aux risques incendies avec la réalité virtuelle
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La réalité virtuelle s’immisce de plus en plus dans les formations. Pour former ses chefs de bord à la prévention des risques incendies, la SNCF a co-construit, avec SmartVR Studio, un parcours en réalité virtuelle. Une expérience qui permet aux apprenants de pratiquer les gestes indispensables pour parer aux incendies, dans des conditions proches de la réalité
Retour d’expérience.
Un besoin d’immersion des apprenants
Il y a des sujets de formation sur lesquels l’immersion est complexe. C’est le cas de la prévention des risques incendies. Pour former ses chefs de bord à cette thématique éminemment importante, la SNCF - par le biais de son département ESV TGV Rhône Alpes - a misé sur la réalité virtuelle. « Pour mener une formation sur la prévention des risques incendies, il nous fallait jusqu’ici réserver un TGV afin qu’il reste à quai dans un technicentre. Le coût d’immobilisation d’un train étant important au regard du temps qu’on y reste - souvent une demi-journée - nous nous sommes tournés vers les solutions digitales, notamment la réalité virtuelle, qui nous semblait pouvoir répondre au besoin d‘immersion des apprenants et offrir un bon retour sur investissement », raconte Jérôme Lebaud, responsable de la transformation digitale au sein de l’ESV TGV Rhône-Alpes.
Une voiture entièrement modélisée en 3D
La SNCF a organisé la première session de formation en octobre 2018, dans une salle de l’ESV TGV Rhône Alpes de Lyon-Part Dieu. « L’expérience d’apprentissage se déroule en trois parties. D’abord, l’apprenant entre dans une room d’accueil et se familiarise avec la VR et les manettes. Puis, il suit une procédure guidée, différente selon les scénarios choisis. Il reçoit alors, dans le bon ordre, des indications : prévenir le contrôleur d’un départ de feu, sortir les voyageurs de la rame… Enfin, une procédure aléatoire lui est proposée : il n’a alors aucune indication, c’est à lui d’appliquer la procédure de manière autonome », décrit Sarah Mariotte, co-fondatrice de SmartVR Studio, qui a construit la formation. Tout est mis en œuvre pour que les apprenants soient dans une situation « réelle ». « Nous ne souhaitions pas plonger les utilisateurs dans un univers de cartoon. A partir de photos d’une rame de TGV et d’un travail autour de la structure et de la matière, nous avons donc entièrement modélisé une voiture en 3D. » Pour faciliter la mémorisation des savoirs, la SNCF a tenté de rendre l’expérience la plus réelle possible. « Nous avons mis de vrais extincteurs dans les mains de nos apprenants, qu’ils dégoupillent lorsqu’ils vivent la formation »,illustre Jérôme Lebaud.
Une efficacité difficile à évaluer
Une centaine de salariés de la SNCF a déjà été formée via ce module. L’entreprise organise trois à quatre sessions par semaine. « Nous ne disposons que d’un seul casque de réalité virtuelle. De fait, nous n’accueillons que 5 apprenants par session afin qu’ils ne soient pas spectateurs trop longtemps. C’est deux fois moins qu’avant », concède Jérôme Lebaud. Reste que pour le responsable de la transformation digitale, ce projet offre beaucoup d’avantages. « Cette formation nous permet d’être en salle, donc éloignés des voies de circulation sur lesquelles les TGV et les TER sont lancés à pleine vitesse. Nos apprenants ne sont par ailleurs plus exposés à la marche dans le balast. Nous avons donc écarté beaucoup de risques », explique-t-il. Si la formation a reçu un bon accueil en interne, son efficacité reste complexe à évaluer. « Il est difficile de mesurer le degré de pénétration du message via cette formation en réalité virtuelle dans la mesure où nous enseignons aux apprenants à mener des procédures qu’ils n’utiliseront peut-être jamais, les incendies dans les trains étant rares », indique-t-il.
Bientôt une « Fab » dédiée à la réalité virtuelle
Pour contrer l’effet de lassitude qui touche tout type de formation - même les plus innovantes - la SNCF prévoit de développer d’autres modules afin de renouveler l’expérience de ses utilisateurs. « Nous souhaitons aller plus loin dans l’immersion afin de mieux capter l’attention des apprenants. Nous réfléchissons à ajouter une dimension émotionnelle à l’expérience, intégrer des éléments de gamification, simuler des incendies plus impressionnants… », indique-t-il. La SNCF souhaite également multiplier les initiatives en matière de réalité virtuelle. « Nous nous structurons en interne pour mieux accélérer et industrialiser l’expérience à l’échelle du groupe, avec notamment la création d’une « Fab AR / VR, qui pourra par exemple nous aider à réaliser une bibliothèque de contenus sur étagère en 3D », conclut Jérôme Lebaud.
Aurélie Tachot