« Plus le sujet est ennuyeux, plus le serious game est adapté », Véronique Fontaine, Orange
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Le géant français des télécommunications a recours aux serious games depuis 2006 pour former ses collaborateurs. Dans le cadre d’un Forum sur le sujet organisé par l’éditeur Daesign courant avril, Véronique Fontaine, responsable formation chez Orange, témoigne pour nous de son expérience de ces outils de formation interactive
Vers des sujets transverses
Orange consacre pas moins de 6,8 % de sa masse salariale à la formation, ce qui correspond à 32 heures de formation par an et par collaborateur. En 7 ans, les 100 000 collaborateurs du groupe ont quasiment tous été tôt ou tard formés sur serious games. « Nous avons commencé avec un jeu baptisé Client Attitude pour former les chargés de relation client » explique Véronique Fontaine. « Contrairement à ce que l’on pouvait redouter, nous n’avons pas eu de réticence, et d’autant moins du personnel le plus âgé qui a d’emblée accroché » ajoute-t-elle. Depuis, le groupe a développé une quinzaine de jeux sur mesure avec des prestataires, dont 4 ont été déclinés en produits génériques au sein de la collection sur étagère de Daesign. Sur l’amiante, la concurrence déloyale ou les troubles musculo-squelettiques par exemple. « Plus le sujet semble a priori ennuyeux ou improbable, plus le serious game est adapté » constate la responsable.
La communication : facteur de réussite n° 1
« Il faut faire preuve d’humilité lorsqu’on lance un serious game ; c’est un outil qui ne vit pas seul » prévient Véronique Fontaine. Pour elle, 50 % du succès d’un projet de serious game passe par la capacité de l’entreprise à bien le « vendre » à l’interne. Teasers, vidéos, annonces sur les différents canaux internes : chaque lancement d’un nouveau jeu fait l’objet d’un solide plan de communication. « Le serious game permet d’apprendre autrement, de faire évoluer les consciences, de travailler à son rythme…mais c’est un outil complémentaire qui ne se substitue pas à d’autres ressources » souligne la responsable formation. Dans cette entreprise en effet, si certains jeux sont en libre accès sur l’intranet, d’autres sont encadrés dans des parcours accompagnés, en parallèle de sessions présentielles. Toutes les thématiques de formation peuvent-elles désormais faire l’objet d’un serious game ? « Non. Chez Orange par exemple, les risques psycho-sociaux ne sont pas un jeu » reconnaît Véronique Fontaine.
Quel ROI ?
Difficile à dire, si l’on en croit Orange. Si le retour sur investissement est potentiellement mesurable sur des formations liées à la vente par exemple, il est plus compliqué à évaluer pour des thématiques transverses, comme le bien-être au travail par exemple. « On sait en revanche combien cela nous coûte en moins quand il s’agit de comparer avec l’enveloppe nécessaire pour les sessions en salles » observe Véronique Fontaine. Selon elle, un serious game sur mesure de base coûterait environ 50 K€ : des niveaux de prix voués à baisser significativement avec le développement de jeux sur étagère, comme ceux proposés dans le serious game store de Daesign.
Gaëlle Fillion