Formation

Willy Leloutre-Got, Groupe Futur Composé : « Avec Dokki.app, nous favorisons le micro-learning »

Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning

Le récipiendaire du « Prix Parité & Equité Numérique » des récents Trophées EdTech de la formation professionnelle est présent sur le Salon Solutions RH qui a ouvert ses portes à Paris. Rencontre avec Willy Leloutre-Got, CEO du Groupe Futur Composé, qui explique la démarche.

Claire Grivot (Creative Formation) avec Willy Leloutre-Got (Groupe Futur Composé) pour Dokki.app - © igor Lubinetsky
Claire Grivot (Creative Formation) avec Willy Leloutre-Got (Groupe Futur Composé) pour Dokki.app - © igor Lubinetsky

C’est le prix « Prix Parité & Equité Numérique » des Trophées EdTech de la formation professionnelle : le binôme Dokki.app du nom d’une application de micro-learning associé à Créative Formation, un centre de formation aux métiers du digital.

Ces deux entités appartiennent au Groupe Futur Composé.

En marge de la remise du Prix, nous avions interviewé Willy Leloutre-Got, CEO de Groupe Futur Composé, qui explique la portée de cette combinaison de services entre formation et apprentissage à l’ère de la digitalisation de la fonction RH.

La société est présente avec Dokki.app, sa solution cloud learning exploitée en mode BtoB, au Salon Solutions Ressources Humaines - eLearning Expo qui vient de démarrer à Paris.

Comment présenter votre binôme d’activités ?

Dokki.app présent au Salon Solutions RH 2022 - © D.R.
Dokki.app présent au Salon Solutions RH 2022 - © D.R.

Je préside le Groupe Futur Composé orienté vers l’innovation qui dispose de deux filiales :

  • Créative, un centre de formation dédié à la transition numérique des emplois et à la construction des métiers de demain.
  • Agile Tech, une structure qui développe des innovations technologiques (chatbots, webapps) et des parcours pédagogiques.

Avec la combinaison de ces activités, nous avons développé Dokki.app du nom d’un écosystème autour de la formation en micro-learning c’est-à-dire des capsules d’apprentissage de 30 secondes à 5 minutes que nous produisons.

A l’origine, nous avons lancé en 2019 un programme d’innovation qui a fait l’objet d’une levée de fonds régionale de 750 000 euros avec Normandie Participations et des business angels. Un financement qui a permis de lancer notre plateforme Dokki en cloud learning dans la lignée du cloud gaming. Ce programme d’innovation constitue à la fois une technologie et une pédagogie. L’outil Dokki.app est disponible sur le Web sur les terminaux mobiles. Des expérimentations ont été également réalisées sur la réalité virtuelle.

En octobre 2021, dans un souci d’accélérer notre développement, nous avons procédé à une deuxième levée de fonds de 1,25 million d’euros auprès de la Banque des territoires (Caisse des Dépôts), Bpifrance, le groupe de formation Irfa (rattaché au Collège de Paris) et le groupe Sofimari du nom d’une ETI qui a fait le pari de l’économie normande.

En mars, une nouvelle organisation vient de reprendre les participations des business angels qui nous ont soutenus : la Caisse d’Epargne de Normandie Innovation vient d’entrer dans notre capital à travers un nouveau pacte d’actionnariat.

Comment exploitez-vous l’application Dokki ?

Notre axe de développement s’est confirmé sur le BtoB avec les entreprises (TPE, PME, grands comptes) et les organismes de formation afin qu’ils utilisent Dokki comme un levier d’apprentissage complémentaire.

D’un point de vue commercial, Dokki est exploité depuis peu. Le projet a bénéficié de deux années de R&D et a été expérimenté sur des milliers de collaborateurs progressivement. Puis nous avons concentré tous nos efforts stratégiques et commerciaux sur des marchés publics orientés formation et transition digitale à travers des appels d’offres sur des marchés publics au niveau régional et national. Nous allons probablement côtoyer les premiers marchés européens avant l’été. Ensuite, nous avons adressé les PME, les ETI et les organismes de formation.

Les contenus proposés en micro-learning, développés en interne par nos équipes d’ingénieurs pédagogiques, ne sont pas forcément orientés apprentissage numérique. Sur fond de crise Covid-19, nous avons préféré concentrer nos efforts sur du développement de contenus plug and play comme la bureautique, le numérique collaboratif, la cybersécurité ou le bien-être au travail. Le kit parfait pour résister à la pandémie. Nous allons répondre à la demande des clients sur des questions de sécurité, de RSE, du climat (dans le sens : comment décarboner les industries ?).

Nous devons approcher le millier de capsules disponibles dans notre catalogue. Une centaine de formations sont disponibles à travers Dokki.app.

Au-delà des sujets transversaux, nous avançons sur des expertises métiers personnalisées : comment digitaliser une formation pour utiliser une machine-outil ou comment adopter un processus de fabrication maison par exemple. C’est notre force par rapport à la concurrence. Le processus de conception a été industrialisé mais nous restons artisans dans l’âme.

Nous avons une équipe de 22 personnes pour le développement de Dokki.app. Nous devrions atteindre la trentaine d’ici la rentrée de septembre 2022.

Sous quels angles avez-vous été distingués dans le cadre des Trophées EdTech de la formation professionnelle ?

Nous avons été distingués sur nos valeurs historiques d’égalité des chances, de parité et de mixité. Nous portons une attention particulière à notre développement économique associé à notre empreinte sociale depuis 8 ans. Nous le faisions à l’échelle régionale dans des quartiers prioritaires des villes. Grâce à Dokki, nous commençons à avoir des visées nationales et internationales - surtout dans les zones d’influence de la francophonie - dans ce sens. Nous sommes dans une étape de financement pour assurer cet essaimage de projets à un niveau international. Nous nous rapprochons de structures comme l’Agence française de développement (AFD).

Avec notre Prix remporté aux Trophées EdTech, un programme en particulier a été distingué sur la dimension de l’accompagnement des femmes dans leur autonomie. Cette idée d’empowerment a été pensée avec l’appui de Nicole Ameline, qui a occupé des fonctions ministérielles sous la présidence de Jacques Chirac, notamment en charge de la parité et de l’égalité professionnelle. Elle a également été élue en 2008 à la Convention sur l’élimination des formes de discrimination à l’égard des femme à l’ONU. C’est également une ancienne députée de la 4e circonscription du Calvados.

La dimension paritaire est forte au sein du du groupe Futur Composé. Nous avons plus de femmes que d’hommes en termes d’effectif dans une proportion 60 % - 40 %. Et ce sera bientôt le cas de notre comité de direction voire de notre board d’investisseurs.

Quelles perspectives percevez-vous avec Dokki.app ?

En termes de cibles, nous allons continuer à étendre les cibles avec les entreprises et les centres de formation. Nous allons monter des expérimentations sur l’Afrique et l’Europe du Nord en vue d’une accélération sous deux ans à l’échelle mondiale. Grâce à notre programme d’innovation, le groupe Futur Composé a doublé son chiffre d’affaires à 2 millions d’euros en 2021.

C’est un beau chemin parcouru en 8 ans. Nous avons démarré sous forme d’association, puis de coopérative puis en projet d’entreprise.

En termes de développement produit, l’application Dokki fonctionne en mode stand alone pour le moment mais elle a vocation à s’intégrer avec d’autres outils ou modules RH (compétences, formations, mesure ROI). Nous disposons d’API [ndlr : connecteur logiciel] qui permettent de nous interfacer avec des écosystèmes SIRH.

En termes de plateforme cloud, nous sommes en train d’effectuer une migration. Pour la protection des données de nos apprenants hébergées en Europe, nous ne choisirons pas un géant américain du numérique. Ce sera plutôt un acteur régional avec plusieurs écosystèmes cloud.