Engagement et travail collaboratif : Klaxoon lève 15 millions d’euros, quitte à « tout repenser »
Par Philippe Guerrier | Le | Workspace
Matthieu Beucher, fondateur de Klaxoon, gère le développement commercial aux Etats-Unis tandis que le nouveau CEO Hervé Simonin a pour mission de rationaliser les activités globales, tout en étendant l’ancrage européen.
Klaxoon n’a guère le choix que de s’adapter au nouveau contexte économique moins favorable au financement des start-ups.
Parti début 2022 à la recherche d’un nouveau tour de financement à 100 millions d’euros, Matthieu Beucher, président et fondateur de la start-up française spécialisée dans les solutions digitales d’engagement des collaborateurs et d’animations de réunions interactives, joue la carte de la franchise dans une longue contribution sur LinkedIn datée du 19 février 2023 : « Fin janvier 2022, tout est au vert, on lance le roadshow. En parallèle, on démarre l’année sur les chapeaux de roues. Le budget de l’année 2022 est ambitieux, +100 recrutements à faire, toutes les équipes sont déjà sur le pont pour accompagner cette montée en puissance. Et la crise est arrivée. Et le monde a changé d’époque. Et il a fallu tout repenser… »
Klaxoon devra se contenter d'une levée de fonds de 15 millions d’euros avec l’appui de ses investisseurs historiques : Eurazeo, Sofiouest, Bpifrance. Rappelons qu’en juin 2018, la start-up avait bouclé un tour de table « record » de 50 millions de dollars.
Dans cette nouvelle configuration, Matthieu Beucher va se concentrer sur le développement commercial de Klaxoon aux Etats-Unis depuis Boston (Massachusetts) tandis qu’un nouveau CEO prend le relais depuis mi-janvier 2023 pour superviser l’activité globale depuis la France : Hervé Simonin au profil d’entrepreneur senior et de dirigeant du numérique qui a goûté à la fourniture d’accès Internet avec l’éphémère service Freesbee (1998-2000 rapidement acquis par son concurrent Tiscali) mais aussi à l’innovation liée au commerce digital à travers sa collaboration avec le groupe Carrefour (2019-2023).
La lettre de mission du nouveau CEO de Klaxoon
« Mes priorités portent sur trois axes :
- amener la société à l’équilibre financier,
- poursuivre le développement de la plateforme logicielle pour structurer, centraliser et partager efficacement l’information en entreprise,
- étendre la partie business sur l’ensemble de nos géographies », précise le nouveau dirigeant de Klaxoon.
Il confirme que l’environnement a évolué : « Un nouveau contexte de marché s’est opéré à partir du second trimestre 2022 et ce renversement de marché a été réalisé en 6 à 8 semaines. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, les fonds d’investissement ont fait savoir aux start-ups qu’il fallait désormais se concentrer sur la rentabilité aux dépens de la croissance et du cash-burn ».
Pour le cas de Klaxoon, l’heure est donc de « ralentir la croissance » et « d’être plus raisonnable sur l’ensemble des lignes de coûts en vue d’optimisation », évoque Hervé Simonin. Par exemple, cela passera par une migration technique vers une plateforme unique. Toujours en mode d’exploitation SaaS dans le cloud.
D’un point de vue perspective de business, Klaxoon table sur une croissance de 30 % en 2023 alors qu’en 2022, elle a dégagé des revenus de 20 millions d’euros (ARR), dont 3 à 4 millions réalisés à l’international.
« Nous espérons percer sur des géographies comme l’Allemagne et l’Angleterre et consolider nos positions sur la France. »
En terme de gestion RH, Hervé Simonin évoque « une première réduction de l’effectif de Klaxoon à partir de la fin de l’été 2022, en réduisant notamment nos équipes aux Etats-Unis ».
L’entreprise technologique, qui demeure dans l’édition 2023 du programme French Tech 120, conserve en l’état actuel un effectif de 250 personnes réparties entre Rennes, Lyon, et Paris.
« Après, des modifications dans l’organisation seront effectuées pour qu’elle soit plus efficiente, notamment au niveau international », indique Hervé Simonin.
Toutes les sociétés du CAC 40 clientes de Klaxoon
Le nouveau CEO décline trois principaux use cases de la plateforme Klaxoon :
- suivi des processus industriels comme c’est le cas chez Schneider Electric ou Airbus dans le sens de la planification,
- la formation continue et onboarding,
- pilotage des réunions.
Klaxoon dispose d’une base de données de 5000 organisations clientes : PME, ETI, TPE, universités, ONG et administrations publique.
« Toutes les sociétés du CAC 40 sont clientes de la solution Klaxoon avec des déploiements plus ou moins larges en fonction des business units. Mais nous sommes capables d’embarquer des centaines de milliers de collaborateurs. C’est le cas du Crédit Agricole qui a déployé Klaxoon pour toutes les agences du groupe », indique Hervé Simonin.
En termes de roadmap technologique, Klaxoon a développé une stratégie d’open platform à travers la mise à disposition d’API (connecteurs logiciels) pour favoriser la jonction avec d’autres logiciels d’entreprise comme Jira (Atlassian) autour du travail collaboratif. Une « très belle intégration » avait déjà été réalisée avec l’incontournable Microsoft Teams.