« Nous vivons un moment unique dans l’exercice de la fonction RH »
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Début septembre, Jérémy Lamri, co-fondateur du Lab RH, a cédé sa place de président à Yves Grandmontagne. Elu pour un mandat d’un an avec 71,4 % des voix par les membres du conseil d’administration, l’ancien DRH de Microsoft partage sa vision du digital RH et dévoile sa feuille de route pour l’année à venir
Entretien.
Quel est votre parcours ?
Après avoir dirigé des business units au sein de l’industrie pharmaceutique, je me suis tourné, il y a 18 ans, vers le secteur des ressources humaines. J’ai notamment été DRH France de Pfizer pendant 7 ans, puis DRH de Microsoft France pendant 5 ans. C’est au cours de cette dernière expérience que j’ai pris conscience de la montée en puissance de la transformation digitale. J’ai retenu deux sujets essentiels. Le premier, c’est que le numérique transforme nos modes de travail. Le deuxième c’est qu’il est source d’innovations pour la fonction RH. J’ai ensuite décidé de quitter Microsoft pour rejoindre la société Nextmodernity, spécialisée dans la transformation des modes de travail, tout en travaillant par ailleurs sur l’accompagnement des directions RH sur des projets d’innovation.
Comment avez-vous connu le Lab RH ?
J’ai rencontré Jérémy Lamri, co-fondateur du Lab RH, il y a trois ans. Au sein du Lab RH, j’ai participé à plusieurs événements, « mentoré » une quinzaine de start-up, animé des tables-rondes… Ce qui m’a plu, c’est que le Lab RH agit comme un catalyseur de l’innovation RH. Il a été créé à point nommé, à un moment où les entreprises, les écoles et les start-up concernées par l’innovation RH peinaient à se rencontrer. Aujourd’hui, le Lab RH est un lieu unique qui agrège différents acteurs dont environ 400 start-up RH, qui préfigurent l’innovation. C’est une force : lorsqu’on est DRH, il est difficile de voir les start-up lorsqu’elles sont en dessous d’un certain seuil.
Pourquoi êtes-vous devenu président ?
Lorsque les élections sont arrivées, j’ai décidé de m’y présenter. C’était le premier renouvellement du conseil d’administration depuis la création du Lab RH il y a trois ans. J’ai vu, dans cette opportunité, l’occasion de développer des axes dans la continuité de ceux de mon prédécesseur Jérémy Lamri. Il s’agira bien sûr de réajuster le modèle : mon ambition est de mettre davantage les start-up RH au cœur de notre dispositif, d’accélérer leur développement et de les rapprocher des entreprises. Cela passera par l’organisation d’évènements, de « learning expeditions », de rencontres… Je souhaite également renforcer les partenariats avec des acteurs institutionnels afin d’implanter davantage le Lab RH dans l’écosystème RH.
Quelles premières actions allez-vous mener ?
Nous devons mieux connaitre et mieux qualifier les start-up qui nous rejoignent, afin de gagner en pertinence et que chacun y trouve son compte. Nous travaillons actuellement sur l’élaboration d’un « annuaire » qui catégoriserait les start-up RH par activité, technologie, voire par degré de maturité. Cet outil permettra aux adhérents de mieux s’y retrouver dans le paysage des start-up RH, qui change vite, donc d’avoir une meilleure lecture du marché de l’innovation RH. En ce sens, je souhaite également développer et bien positionner notre activité de conseil auprès des entreprises.
Quelles innovations voyez-vous émerger dans la sphère RH ?
Il est difficile d’avoir des certitudes en matière d’innovations. Ce qui est toutefois sûr, c’est que nous vivons un moment unique dans l’exercice de la fonction RH. Avant, les tâches RH telles que le recrutement ou la gestion de la formation étaient relativement « normées » et homogènes. Aujourd’hui, les professionnels cherchent à sortir de ce cadre en explorant de nouvelles approches. Par conséquent, les entretiens annuels d’évaluation prennent de nouvelles formes, le recrutement gagne en agilité… Les sujets périphériques qu’étaient l’engagement des salariés, la motivation et la collaboration sont désormais des priorités.
Sur quels sujets les start-up RH se positionnent-elles le plus ?
Parmi les nombreuses thématiques abordées, le premier sujet me semble être celui de la gestion des compétences. De nombreuses start-up développent par exemple des outils d’aide à la décision qui permettent aux RH de rapprocher un profil d’un poste, en s’appuyant sur les données des entreprises. Cette approche impacte le recrutement, la mobilité interne mais aussi la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. L’autre sujet qui les inspire concerne l’engagement des collaborateurs. Beaucoup conçoivent notamment des questionnaires dynamiques qui mesurent l’état de mobilisation du collectif. De nombreuses start-up travaillent sur l’efficacité collective. Pour les organisations, il ne s’agit plus de travailler les uns à cotés des autres mais bien ensemble.
Aurélie Tachot